L'ange noir
de Antonio Tabucchi

critiqué par Kinbote, le 14 février 2004
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Histoires fuyantes
Nouvelles d’un spécialiste du genre qui rehaussent par l’imaginaire d’un observateur extérieur une courte séquence de vie souvent dramatique, plutôt sombre, de son passé, et qui lorgnent du côté de la nostalgie voire de la plus noire mélancolie. La dernière nouvelle du recueil dépeint une enfance heureuse - qui a pu être celle de Tabucchi - d’une manière extrêmement sensible.
Par ce traitement de ces séquences de vie, Tabucchi rend bien l’idée d’une existence sur laquelle on n’a pas prise, et qu’on doit revisiter ou écrire pour lui donner sa pleine mesure; vie fuyante qu’il faut rêver pour la maintenir en mémoire, la rappeler au souvenir. Fuyante comme cette truite qui fait partie du titre d’une nouvelle (empruntée à un vers du poète Montale) : « La truite qui se faufile entre les pierres me rappelle ma vie »...
Cella Minart de La Croix écrit en quatrième de couverture : « On aura beau décortiquer les mots ; ils ne dévoileront rien d’autre que ce que l’on y avait perçu : une succession de fissures qui portent vers l’incertitude. »

Ces nouvelles réclament une lecture attentive voire méritent une seconde lecture tant, dans un premier temps, leur sens nous échappe.
Tabucchi en ceci est cohérent avec la conception du monde qu’il veut faire partager.
Nostalgie des moments sombres 7 étoiles

Ces nouvelles semblent nous montrer que même les instants les plus sombres, les plus anodins et contingents, les plus glauques ou les plus sombres peuvent être porteurs de nostalgie, de souvenirs enrichissants. Ces moments de fuite ou de déprime doivent être analysés pour mieux se comprendre et se construire. Ce serait un peu la morale sous-jacente de ces histoires courtes, franchement désabusées et non dénuées d'intérêt. Il faut avouer que ce n'est pas très agréable à lire.

Veneziano - Paris - 47 ans - 3 juin 2012