Lavinia
de Ursula K. Le Guin

critiqué par Dirlandaise, le 8 novembre 2015
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
L'Énéide revisitée
Ursula le Guin est surtout connue pour ses romans de science-fiction, genre dans lequel elle excelle. Ce roman basé sur la légende de Virgile donne la parole à un très beau personnage de femme : Lavinia, la dernière épouse du roi légendaire Énée. Lavinia est la fille unique du roi Latinus régnant sur le royaume du Latium. En âge de se marier, la jeune femme se voit courtisée par une foule de prétendants mais un se démarque du lot : le beau Turnus son cousin. La mère de Lavinia désire ce mariage avec Turnus mais un oracle annonce la venue d’un étranger destiné à devenir l’époux de Lavinia : Énée. Le récit raconte l’histoire d’amour des deux amants et leur courte union avec pour toile de fond guerres, batailles, drames, trahisons et morts violentes. Lavinia mettra au monde Silvius, le deuxième fils d’Énée et les deux frères devront se partager le pouvoir à la mort de leur père.

L’écriture d’Ursula le Guin est toute en douceur et en raffinement. En donnant la parole à Lavinia, l’auteure met en avant le côté féminin de ce monde dominé par des hommes braves et héroïques tels que Latinus, Turnus et plus tard Silvius. Seul Ascanius l’aîné décevra son père par son caractère irascible et son absence de diplomatie, entraînant souvent son peuple dans des guerres qui auraient pu être évitées.

Un beau roman racontant une histoire d’amour admirable, touchante et triste en raison de sa courte durée. Pour ceux et celles qui affectionnent la légende de Virgile.

« Énée, quand nous nous sommes mariés, avait le double de mon âge. La première fois que j’ai vu son corps de près, tout en muscles, en tendons, en os et en cicatrices, j’ai songé à la maigreur splendide d’un loup qu’Almo et ses frères avaient gardé quelques temps en cage avant de l’offrir en sacrifice à Mars. Le corps d’Énée s’était forgé à la dure. Mais cet homme n’était pas un loup, et il n’était pas dur. Je savais qu’avant moi, il avait aimé deux femmes et qu’il les pleurait toutes deux. Si tout d’abord, je n’étais pour lui qu’une clause d’un traité, sa nature et son passé l’incitaient à me traiter en épouse, intimement liée à son être. »