Le roi des fées
de Marc Cholodenko

critiqué par Pucksimberg, le 13 décembre 2015
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Euhhhh à ne pas mettre entre toutes les mains.
Voilà un livre étrange, à l'atmosphère onirique, avec des scènes évanescentes et une structure qui semble manquer de continuité. Du moins c'est l'impression première que l'on a, mais cela va évoluer ...

Dans un premier temps, l'auteur alterne des scènes médiévales avec des scènes plus contemporaines où il est question de sensualité et de rapprochement des corps. A mes yeux, c'est la meilleure partie. L'écriture peut déstabiliser, il faut donc lire lentement. Il s'agit de prose poétique. L'absence de ponctuation parfois invite le lecteur à trouver son rythme et l’enchaînement d'images permet de stimuler l'imagination du lecteur :
" Saisi aux aisselles, il est enlevé de sa chaise et porté parmi les salons de soleil, jaune et or dévastés, brûlant de viande, sucré de sang, en triomphe de verdure et de glaces, dans les hauts corridors froids résonnants de désastres, jusqu'à sa chambre, son lit où, les entrailles soulevées par un tonnerre d'armures, pris dans un ciel qui croule entre des nuages où ronflent des rouleaux de sang, il tombe percé, vengé."

Dans une deuxième partie, le lecteur se trouve confronté à de nombreuses pages totalement pornographiques, avec des femmes dominantes, des hommes assujettis, triturés, exploitant des zones sombres de la sexualité. Il faut rester accroché car certaines scènes sont tout simplement écœurantes.

Dans une troisième partie, nous retrouvons une atmosphère médiévale dans de courts textes, de brèves scènes décrites comme des instantanés.

Il ne faut donc pas s'attendre à un lire un roman traditionnel avec un début et une fin. On suit l'imagination de Marc Chodolenko, que je ne connaissais pas du tout, qui nous balade dans cet univers sensuel et inconfortable parfois. L'écrivain n'épargne pas son lecteur ... Le contenu peut heurter, mais le style aussi. Les premières pages nécessitent une lecture plus lente car la plume emprunte beaucoup à l'écriture poétique.

Que de fluides dans ce roman ! Tout y passe : sang, salives, sueur et autres liquides en adéquation avec ses thématiques. Il est certain que ce texte sort du commun et possède une grande force par ses évocations. L'horreur, la sensualité, la violence et la sexualité s'entremêlent dans des instances temporelles variées qui remuent le lecteur, un peu sonné par ce texte.