Les Outils
de Leslie Kaplan

critiqué par Donatien, le 26 décembre 2015
(vilvorde - 81 ans)


La note:  étoiles
A garder près de soi.
LES OUTILS LESLIE KAPLAN ISBN 9 782867 449291



Ce livre est un recueil d’articles et de textes et même de transcriptions d’entretiens avec Marguerite Duras à propos du livre «Excès-l’usine» et de l’émission «Du jour au lendemain» d’Alain Veinstein sur France-Culture le 9/9/2012 relative à son livre «Les amants de Marie».

Mais ce sont surtout ses articles consacrés aux OUTILS qui permettent de PENSER, soit la littérature et donc les écrivains mais aussi les cinéastes qui m’ont intéressé principalement.

Leslie Kaplan nous fait partager sa passion pour la littérature et le langage.
Penser avec les oeuvres ouverts aux autres procure des ravissements , des surprises,des résistances qui sont des ponts, où l’on peut passer ou «sauter».

La littérature fait lien entre les hommes, donnerait des outils pour penser, pour faire partager.

Avec quels OUTILS? Quels sont ces OUTILS,

1) La fiction. Importance des commencements, du nouveau , des recommencements à chaque nouvelle histoire, nouvelle oeuvre.

2) Avec les écrivains. Faulkner, Kafka, Maurice Blanchot, Serge Daney.
Penser la mort avec Robert Antelme, penser ce qui doit être pensé, le maintenir à la bonne distance pour le penser sans le rejeter, sans se détourner.

3) Avec les cinéastes, Nick Cassavetes, Jacques Rivette, Luis Bunuel par l’analyse de «Meurtre d’un bookmaker chinois», «Paris nous appartient», «Los olvidados».
Ces artistes de par leur style, les formes qu’ils choisissent, nous donnent leur version de la réalité, de l’humain.

Ils laissent toujours ou aménagent une part au lecteur ou au spectateur afin de l’inviter à participer aux découvertes de ces facettes d’autres réalités.
Leslie Kaplan nous offre une très belle analyse du film «Johnny Guitar» comme participation à une rencontre autour du thème «Les hommes et les femmes au cinéma», en opposant le personnage d’Emma Bovary et Vienna, femmes malheureuses mais choisissant des réponses radicalement différentes à ces situations.

J’avais noté ce livre dans ma LAL parce qu’une écrivain, dont j’ai oublié le nom l’avait évoqué lors d’un entretien radiophonique pour en souligner l’importance pour les amoureux de la littérature.
Leslie Kaplan reprend souvent une phrase de Kafka invitant à créer pour «sauter en dehors de la rangée des assassins»!! Que je comprends comme l’effort de penser le réel, l’humain en s’y confrontant, en communiquant via les mots et donc le langage.


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Que peut la fiction?

Ce livre est une tentative de réponse .

Je voudrais , pour finir, citer ce texte clôturant l’article sur Serge Daney, à propos du plaisir de penser favorisé par la fiction.

«Mais en même temps que la possibilité et le plaisir de penser, ces allers et retours entre fiction et réalité créent une extraordinaire émotion.
D’où vient cette émotion? Elle vient de ce que nous avons saisi par ces mouvements d’aller et de retour , par ces textes, que nous sommes tous dans le même monde, nous humains et nos oeuvres, dans le même monde. Il n’y en a pas d’autre.
Voir un film, lire un livre, est une expérience, elle est précaire et nécessaire, et unique, et urgente, nous sommes tous mortels.»

Il m’a souvent été rétorqué que les livres et les films étaient des échappatoires, des moyens d’éviter la confrontation avec la réalité. Je répondais qu’ils permettaient d’explorer le monde et les autres à travers leurs oeuvres et donc de sortir de soi pour mieux rencontrer l’autre, le différent.
Je crois que livre peut aider ceux et celles qui voudraient «sauter hors du rang».

A+