La venue d'Isaïe de László Krasznahorkai

La venue d'Isaïe de László Krasznahorkai
(Megjöt Ézsaiás)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Septularisen, le 8 janvier 2016 (Inscrit le 7 août 2004, - ans)
La note : 8 étoiles
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«Cher lecteur solitaire, fatigué, sensible»...

Le 3 mars 1992 vers quatre heures du matin, Korim, un petit archiviste travaillant au fin fond de la province hongroise, débarque dans le buffet non-stop d’une gare routière.
C’est un bâtiment miteux, violemment éclairé par des néons. Il n'y a personne pour servir au comptoir et seules trois personnes sont présentes à cette heure tardive. Un couple de vieux clochards assis sur une des banquettes du fond, et un homme seul, en train de boire un verre et fumer une cigarette accoudé au comptoir.

Korim, qui est passablement éméché et erre depuis plusieurs jours en voiture, se dirige droit vers celui-ci, qu’il pense être « l’émissaire» qu’il cherche désespérément, pour enfin entrer en contact, à travers lui, avec le "pouvoir céleste"…

Korim commence alors à lui raconter une histoire, d’après lui, les « autres » ont gagné…

László KRASZNAHORKAI, (*1954) présente lui-même « La venue d’Isaïe », comme le préambule à son livre « Guerre & guerre », sans toutefois nous dire plus. On retrouve ici Korim, le personnage principal de « Guerre & guerre ». Ce récit se déroulant cinq années avant l'action du livre, le futur héros décrit les racines, l’origine et l’esprit du roman dont « La venue d’Isaïe » annonce d'ailleurs la publication.
C’est une longue nouvelle d’une trentaine de pages, sur un ton monocorde, sans doute parce-que presque tout le texte est constitué par le récit de Korim. Il y a très peu de descriptions, et quasiment pas d’action ni de rebondissements, toute l’histoire se déroulant à l'intérieur du buffet de la gare routière.
Il est difficile de comprendre de quoi veut nous parler exactement l’écrivain hongrois. C’est un texte très dense, très touffu mais très bien écrit. Il faut (malgré le petit nombre de pages), une concentration de tous les instants pour ne pas perdre le fil de la lecture. La traduction de Mme. Joëlle DUFEUILLY force l’admiration, surtout quand on sait combien est difficile la langue hongroise.

Personnellement j’ai interprété ce texte comme une sorte de fable métaphysique. Un long discours d’un grand pessimisme, d’un grand désespoir tout au long du récit, du fait qu’il est basé uniquement sur le constat de départ du « tout était bien mieux avant » !
L’auteur dénonce ici, pêle-mêle, une époque qui ne croit plus en rien et a perdu tous ses repères, l’inversion du sens des valeurs, le combat du bien et du mal, la perte des repères, la corruption, l’infamie, la disparition de toute forme de noblesse, de grandeur, d’excellence, etc...

En conclusion, je dirais un très bon texte en définitive, très intéressant, surtout si on le fait suivre de la lecture du livre « Guerre & guerre ».

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