La Montagne magique
de Thomas Mann

critiqué par Duncan, le 22 février 2004
(Liège - 43 ans)


La note:  étoiles
Un chef d'oeuvre !
Je suis d'ailleurs étonné, après une brève recherche, de ne voir aucune fiche sur ce monument de la littérature allemande et plus largement mondiale !

Et la montagne magique est certainement le roman que je préfère ! ( Le Docteur Faustus m'ayant nettement moins passionné... La mort à Venise est évidemment archi-connu... Et "les buddenbrook" est passionnant mais assez aride... )

L'histoire de Hans Castorp "hospitalisé" dans un sanatorium à Davos ( déjà ! ) pour cause de tuberculose... Il y séjournera 7 ans avant d'être appelé dans ce qu'on appellera plus tard " La grande guerre "...

Un roman comme je les aime avec des personnages complexes, à la personnalité torturée... Un roman "psychologique" où la montagne joue le rôle de catalyseur et de purificateur... Toute cette blancheur éblouissante ( et inquiétante... un peu comme dans le film Shining de Kubrick... même si le rapport s'arrête là ;-) ).

Et en plus de cela, une réflexion sur les grands thèmes du XXème siècle dont bien sûr la guerre qui sera sans doute ce qui restera quand on résumera ce siècle...

Bref, que demande le peuple: une réflexion profonde sur les grandes questions de notre époque et des personnages à la psychologie finement décrite... le tout occupe pas mal de pages mais on en redemande ! J'étais triste que cela s'arrête ! ( comme chaque fois que je lis un excellent livre ! )

Encore, pour moi, un de ces livres indispensable dans une bibliothèque !
On marche | sans jamais rentrer | d'une telle promenade 9 étoiles

Je me suis engagée dans La Montagne magique par amour pour la chanson éponyme de Mansfield TYA, dont les paroles figurent en titre de cette critique. Bon, je l'ai surtout ouvert pour me confronter de nouveau à ce que je percevais comme un pavé exigeant, que je n'allais pas pouvoir engloutir et oublier aussi sec. En outre, gravir La Montagne magique, ça me permettait de côtoyer autrement les montagnes suisses qui sont mon horizon actuel.
Si ma lecture a été faite de précipices, de monotonie ronflante et de montées exaltantes sur les crêtes de cette histoire à la fois plate et profonde, ce livre me laisse une impression durable, une envie d'écouter des personnes en parler. Depuis, je tombe régulièrement sur des clins d’œil qui convoquent ce roman, comme récemment dans le récit Dérives de Kate Zambreno, où attendait cette phrase : "Je prends conscience que les miens sont sales et abîmés, leurs cuticules négligées, desséchées - c'est ainsi, avec horreur, que Hans Castorp regarde sa chérie russe."
C'est aussi l'un des rares livres qui en 2024 a suscité une interaction dans le train que je prends matin et soir : un homme m'a félicitée d'être allée aussi loin dans la lecture — j'en étais pourtant à quelque chose comme un cinquième. Lui n'avait jamais pu le terminer. Si je le croisais de nouveau, je lui dirais de réessayer, pour le tourbillon de quelques scènes qui impriment le cœur.

Lobe - Vaud - 30 ans - 11 décembre 2024


Magique 10 étoiles

Ce grandiose roman est baigné dans l’atmosphère morbide de la tuberculose. La maladie du bacille de Koch ne se soigne que pour les fortunés dans des sanatoriums huppés, comme celui de Davos, surplombant cette magique montagne qui est le cadre de l'histoire.
Les pauvres meurent péniblement et en grand nombre sans traitement, les nantis bénéficient de l'air plus sec des montagnes et des débuts de traitements comme le pneumothorax ou l'écartement des côtes. Les antibiotiques n'existent pas encore. Pour rappel cette maladie tue encore dans les pays les plus pauvres et compte de nos jours plus de victimes à l'échelle mondiale que le sida.

Hans Castorp va donc rendre visite à son cousin hospitalisé là haut. Il avait prévu trois semaines mais peu à peu sa santé se dégrade. Les médecins tournoient autour de leur proie et découvre un léger souffle au poumon, prémices pour l'installation du bacille. Hans perd alors son statut de vacancier pour devenir un vrai malade. Ici des amitiés se lient, des détestations aussi... parfois les amours aussi !
Les tables aux abondants repas sont savamment composées, les salons réservés selon les langues et la classe sociale. La vie du sanatorium est exceptionnelle, le temps a perdu son ampleur et l’auteur consigne l'ensemble de la vie de l'endroit. Les arrivées, les opérés, les mourants, les morts les quelques guérisons, les départs par manque d'argent pour continuer à payer les soins, les départs de villégiature de ceux qui reviendront.

Je pense que ce livre est le plus abouti de la littérature allemande du début d’un vingtième siècle. Il est long, très long. Bien loin des styles plus accessibles (pour ne pas dire faciles) actuels. Il comporte des traitements obsolètes et des expressions dépassées... mais qu'importe. Le lecteur qui va parvenir à s'introduire dans la clinique, avec ses codes, ses bizarreries, ces longues descriptions sera récompensé par la joie de pénétrer dans un monde magique. Bien sûr les longs discours entre Settembrini et Naphta donnent des langueurs interminables, mais il se dit des choses de hautes pensées

La fin du roman est douloureuse et j'y ai ressenti une grande tristesse après la gaieté de la vie des premières années. Quand un livre se referme avec regret, il est souvent inoubliable. Hans a fréquenté les sept tables, aidé les mourants, fréquentés le clan des "demis poumons", aimé secrètement la belle aux yeux kirghizes. Mais tout a une fin et l'horreur de la guerre ruinera sa vie comme celle de millions d'autres,
Trois semaines de lecture intense, une émotion qui frise l'extase bref ,,, un roman époustouflant,

LES PERSONNAGES PRINCIPAUX DU ROMAN

HANS CASTORP
Il veut rapidement faire partie du microcosme des « gens d’en haut » dont il va alors copier les usages – la caractéristique principale du snobisme étant le désir d’appartenir à « ces lieux clos, protégés et homogènes » dans lesquels on reconnaît le monde du Berghof. Être admis dans un cercle fermé jugé a priori supérieur est « un des éléments stratégiques du snobisme mondain.
Son arrivée là-haut a lieu en 1907 et durera jusqu'au début de la guerre. Malgré tout, il reste l'enfant sage. Celui qui sait écouter et qui peut aussi répondre en gardant son sang froid.

SETTEMBRINI
Penseur invétéré, orateur infatigable, il se sent le guide spirituel de Hans. En situation financière précaire, il doit quitter le sanatorium pour habiter chez l'habitant.

NAPHTA
Un esprit jésuite dont la principale occupation est de contredire Settembrini. Sa fin dramatique signera le déclin de la période dorée

CLAUWDIA CHAUCHAT
Elle est la note de sensualité du roman. Femme mariée mais seule. Elle s'amuse de l'amour que Hans Castorp lui porte. Elle est décrite comme ayant des yeux kirghizes, et son nom de famille évoque les mots "chaud chat" en français, langue qu'elle parle couramment.
Qui est elle ? Une aventurière ? Une femme rejetée par son mari ou sa famille, condamnée à l'errance dans les nids d'aigles d'Europe ?


MYNHEER PEEPERKORN
Amené par Clauwdia à rejoindre le Berghof Il fera vivre des bacchanales hallucinantes. Riche, possessif et autoritaire, il a choisi DAVOS pour quitter ce monde à sa façon.

JOACHIM ZIEMSSEN
Le cousin malchanceux, qui rêvait de la vie militaire mais dont les poumons ne supportaient que l'air sec des hauteurs. Devait-il réaliser son rêve ou rester chaudement emmitouflé dans ses couvertures ?
Il n'a d'avis que sur peu de chose, un être neutre pétri d'une éducation codifiée qui l'empêche de s’épancher.

Monocle - tournai - 64 ans - 22 mai 2022


Changement de société 5 étoiles

Un jeune homme, Hans Castorp, rend visite à son cousin à Davos dans un sanatorium mais finit par demeurer lui aussi de manière prolongée dans ce lieu qui semble hors du temps. Il ne sert à rien de développer un peu plus le résumé de l'intrigue car celle-ci reste mince et finalement pas essentielle au roman. Thomas Mann se sert du récit pour réfléchir avec bonheur sur le Temps et nous gratifier de considérations intéressantes sur ce dernier, sur notre perception de son écoulement. La Montagne magique prend parfois des allures d’œuvre proustienne mais cela reste trop furtif à chaque fois pour que l'on ait le temps de savourer cette similitude.

C'est le premier regret qui constitue notre impression après la lecture de ce long roman : les pensées développées par Hans Castorp ainsi que les échanges entre Settembrini et ce dernier ou entre Settembrini et Naphta sont beaucoup trop courts et l'on a le sentiment qu'à chaque fois que le récit prend une ampleur intellectuelle assez jouissive, l'auteur vient y couper court en relatant un passage ordinaire de la vie du sanatorium, au hasard une scène de repas ou de repos.
Bien entendu la répétition, la lancinante succession des même gestes et séquences vient appuyer l'effet de routine réconfortante, qui englobe les pensionnaires pour mieux les "emprisonner" et les inciter à rester. Mais ici cela s'étire sur près de 1000 pages et finit par repousser le lecteur qui trouvera de trop rares moments de s'extasier.

L'autre regret viendra d'une impression bizarre de ne pas savoir où l'auteur a voulu aller avec ce roman même après l'avoir lu en entier. Entre les chapitres obscurs (celui dans la tempête de neige), le rapport à la guerre mondiale en toute fin qui n'apporte pas grand chose à notre sentiment final et à notre rapport au personnage, et surtout la constitution d'une société à laquelle va s'intégrer notre personnage principal sans que lui-même n'arrive à garder une identité propre, le rendant lisse et ennuyeux par instant ; tout cela fait que Thomas Mann semble laisser avec ce récit une tranche de vie d'un monde à part, mais sur lequel il ne semble pas apporter de réflexion globale ni d'analyse réelle.
La Montagne magique, c'est le récit d'un homme qui arrive dans une société nouvelle, différente de celle qu'il connaissait, qui finit par s'en approprier les codes, ou plutôt qui finit par être assimilé par elle au point de ne plus pouvoir retourner à son ancienne vie, son précédent groupe social. Cela est-il suffisant pour développer un récit de cette envergure, qui n'étend guère plus qu'à travers une petite somme de réflexions sociales et politiques, voire religieuses ?

Cela dépendra sans doute du lecteur, de sa patience, de son appréciation d'un style malgré tout réussi, et de ses attentes aussi, sans doute. Sur ce point la quatrième de couverture fera très mal à beaucoup de gens tant elle semble à côté de la plaque.

Ngc111 - - 38 ans - 30 mars 2015


Magique ! 9 étoiles

Ceux qui ont fait de l'allemand au lycée ont tous entendu parler de Thomas Mann. Il m'a fallu attendre bien longtemps pour m'attaquer, par hasard, à son chef d'oeuvre. Je ne l'ai pas regretté, même si j'ai transpiré : ce n'est pas un livre facile et je conseillerai de le poser parfois pour le reprendre quelques jours plus tard.

La vie dans un sanatorium au début du siècle, à la veille de la guerre mondiale de 14-18 est le prétexte pour l'auteur d'aborder nombre de sujets d'actualité (en 1920) ou philosophiques. Les descriptions sont exceptionnelles ( paysages suisses...) les évènements évoqués également ( spiritisme, un duel...) les discussions philosophiques parfois ardues. Qu'en pensons-nous qui n'avons pas connu la tuberculose éradiquée par la streptomycine en 1945 ( le progrès a du bon !).

Ne rejetez pas le livre après les cent premières pages.

Tanneguy - Paris - 85 ans - 23 septembre 2012


Trop de digressions 6 étoiles

La découverte de la vie dans le sanatorium est le point fort du livre. Thomas Mann rend compte de toute l’ambiguïté du lieu, lieu de soin, de villégiature, de retraite, une société à part avec ses propres convenances. A vivre « en haut », on perd peu à peu le contact avec le monde d’en bas, on devient peu à peu inapte au retour au monde civil. Les symptômes des malades semblent assez flous, une légère fièvre peut vous faire prolonger votre séjour de plusieurs mois, l’interprétation des premières radiographies semble elle aussi très aléatoire, tout comme le traitement apporté (rester par tout temps allongé dans une chaise longue sur son balcon). La description psychologique du personnage est elle aussi très fine.
Seulement, Thomas Mann semble aussi avoir voulu faire de son livre, un livre encyclopédique. Le teint de peau d’un portrait donne lieu à une énumération des connaissances médicales de l’époque, la vue d’un ciel étoilé à celles d’astrophysiques. Les très longs échanges sur le matérialisme et la spiritualité alourdissent aussi grandement le récit. Toutes ses digressions sont fortement datées et perdent une grande part de leur intérêt de nos jours. Elles m’ont rendu la lecture du livre particulièrement fastidieuse.
Un ami (allemand) m’avait conseillé de commencer l’œuvre de Thomas Mann par Les Buddenbrook et je crois que j’aurais mieux fait de suivre son conseil.

Grégoire M - Grenoble - 49 ans - 3 mai 2012


Un chef d'oeuvre paradoxal 9 étoiles

La montagne magique est un roman à la fois ennuyeux et passionnant. Ce qui est logique pour un roman qui a comme sujet principal, le temps et la perception variable que nous nous en avons.

Au début du XXème siècle, Hans Castorp rend visite à son cousin dans un sanatorium en Suisse. Il vient passer trois semaines. Mais subjugué par l'ambiance du sanatorium et par la personnalité de certains des patients, il décide de rester un peu. Cet un peu durera 7 ans, jusqu'au début de la 1ère guerre mondiale. 7 ans « en haut » dans une bulle en dehors du temps et presque de l’espace, loin du tumulte du monde. 7 ans passés essentiellement à manger, faire des cures de repos, lire, réfléchir et discuter.

Hans au début un jeune idiot matérialiste, fera de nombreuse rencontres, trouvera des professeurs, tombera amoureux et s'abimera dans des réflexions sans fin jusqu'à devenir quelqu’un d’autre. Telle est la magie de l'écriture que nous aussi sommes comme Hans rapidement pris par l'atmosphère de ce sanatorium et l'on se retrouve prisonnier de ce roman qui joue à satiété avec le temps et sa perception. Le narrateur n'hésite d'ailleurs pas à prendre à partie le lecteur pour faire valoir que beaucoup de temps du roman est contenu sur peu de pages ou l'inverse, un très courte période s'étendant sur de nombreuse pages.

L’écriture est formidable, les descriptions magnifiques participent grandement au charme du livre. Le ton détaché du narrateur par rapport aux protagonistes et l'ironie de l'auteur sur ses personnages donne au roman un ton particulier et très moderne.

J’ai été parfois complètement absorbé par le livre, incapable de le lâcher alors que l’action y est pour le moins limitée. Trop heureux de passer un moment en compagnie de Hans, sur une chaise longue extrêmement confortable à regarder la vallée enneigée.

Le ton détaché du narrateur par rapport aux protagonistes et l'ironie de l'auteur sur ses personnages donne au roman un ton particulier et assez amusant.

Je n’aborde pas ici les différentes thèmes traités dans le roman (le temps, l’opposition entre matérialisme et spiritualité….) mais La Montagne magique est un roman très riche qui accompagnera longtemps ceux qui arriveront au bout. Car si le livre est magnifique des longueurs et un total manque d’action en décourageront surement certains.
J’ai commencé ce roman un peu au hasard, juste quelques pages sans aucune conviction (je n’étais pas vraiment emballé par l’histoire) mais j’ai été absorbé et je l’ai lu avec beaucoup de plaisir (mais pas d’une traite quand même). Au final un livre très marquant et un grand bonheur de lecture. C’est un livre dont je ne peux recommander chaleureusement la lecture (je ne voudrais pas que vous me reprochiez votre ennui) mais j’espère que certains se laisseront tenter et happer par la montagne magique et que comme Hans ils n’en redescendront pas.

CptNemo - Paris - 50 ans - 14 décembre 2009


époustouflant!!!! 10 étoiles

Lorsqu'il y a plusieurs années,j'ai découvert Thomas Mann et,en particulier "La montagne magique",j'ai été "pétrifiée" par ce chef d'oeuvre!!!!!!
La relation au temps est "décrite"(si l'on peut dire....) d'une manière époustouflante!!!
Je l'ai offert à plusieurs amies mais,à vrai dire,je suis la seule à l'avoir apprécié à sa juste valeur.....
Ce livre fait partie de la dizaine de livres que j'aime passionnément et que je relis toujours avec délectation,en laissant passer plusieurs années pour en "réapprécier" toute la "saveur"!!!!!

Kikiliberte - - 70 ans - 6 juin 2008


Très déçue 5 étoiles

J'ai été très déçue de ce grand classique que je voulais lire avec impatience, malgré ses 800 pages à l'écriture serrée. Je me suis vite rendue compte que c'était plutôt redondant. Il y a des bons moments, c'est très bien écrit, mais on finit par en avoir marre.

Janiejones - Montmagny - 39 ans - 14 mai 2007


A demi-convaincu, A demi-dépassé.... 6 étoiles

D'entrée de jeu, je suis d'accord avec la critique de Chapolisa... bordel ce que c'était ennuyant ce bouquin. C'est un bon bouquin... mais un très piètre roman. En fait, c'est à peine un roman. C'est surtout de l'essayisme déguisé. Le texte est, a mon avis, 60% de sous-narrations essayistes et de labyrinthes narratifs.

C'est mon principal reproche à ce roman. Les longs chapitres, ça va, le style empesé à l'allemande, ça va également. Mais cette lourdeur théorique me donnait des manques d'intérêt flagrants, parfois, je me surpris à lire sans vraiment comprendre, à passer dix pages sans rien retenir de ma lecture.

Peut-être que lorsque j'aurai soixante ans, des journées de ma vie et mon attention à accorder a ce livre... peut-être qu'alors là j'en serai digne.

FightingIntellectual - Montréal - 42 ans - 5 avril 2007


Le moins bon Thomas Mann 6 étoiles

Vous qui n'avez rien lu de lui, ne commencez pas par la "Montagne"- d'ennui. Combien lui ai-je ramené de lecteurs, dissuadés par cette première épreuve, en les forçant manu militari à attaquer "La mort à Venise" ou ses nouvelles! Mann est irrégulier, mais il sait mieux faire court. Dans la concision il est bouleversant.

Julie D - Paris - 63 ans - 29 juin 2005


UN GRAND LIVRE! 10 étoiles

Un grand livre trop peu souvent lu, trop peu souvent considéré à sa juste valeur, trop peu souvent cité parmi les meilleurs livres de tous les temps... Je n'ose penser que les plus de mille pages d'une écriture fine et serrée y soient pour quelque chose...

Par le plus grand écrivain allemand du XX Siècle (Prix Nobel de Littérature 1929).

Un roman sur l'attente, un roman d'attente, où le temps passe au rythme des saisons en montagne, et où malgré tout on ne s'ennuie pas un instant en le lisant, car justement même les évènements les plus insignifiants deviennent très intéressants, de la façon dont ils sont écrits et racontés... (a rapprocher du "Désert des Tartares" de BUZATTI ou du "Rivages des Syrtes" de GRACQ).

Les descriptions et notamment les paysages sont superbes, de plus on suit un chemin initiatique, sans même s'en rendre compte la plupart du temps, et on s'initie à la philosophie...

Enfin les personnages sont très attachants, Hans CASTORP le héros du livre (mais n'est ce pas plutôt la montagne, le véritable héros du livre...) en particulier, et son histoire d'amour, malheureuse, avec une patiente du sanatorium est une véritable splendeur et constitue d'ailleurs le fil conducteur de la deuxième moitié du livre...

Un grand livre à (re)lire...

Septularisen - - - ans - 28 juin 2005


Roman initiatique? 10 étoiles

Ce livre est un de mes meilleurs moments de lecture. Et un moment qui a un peu duré vu que ce livre est non seulement long mais qu'il demande régulièrement à être posé sur la table histoire d'y réfléchir un peu.
Grand talent donc, de Thomas Mann, qui nous amène par cette superbe histoire où Hans Castorp va apprendre "à diriger" ses pensées, à aussi réfléchir sur la façon de diriger les nôtres. Les références littéraires, philosophiques et mythologiques sont nombreuses et demandent quelques incursions dans l'encyclopédie... Je me suis même demandée si le plus grand talent de Mann n'était pas la pédagogie?

Agathe - - 62 ans - 2 mai 2005


quelques vraies étincelles 8 étoiles

Le rythme de la vie réelle est beaucoup plus lent que celui de bien des romans. Les choses banales, sur lesquelles le regard passe sans s'arrêter, mais dont il faut attendre la fin, y sont beaucoup plus courantes. Bref le temps de la vie n'est pas celui des romans.
La vie d'un homme moderne comme vous et moi, civilisé et seul, n'est pas celle d'un héros : il a souvent des contacts formatés avec des gens comme lui, il passe beaucoup de temps à rêvasser de métaphysique, ou à regarder des paysages.
J'ai mis un an à lire ce roman très long et presque sans intrigue : d'un printemps au suivant, en passant par l'été, l'automne, et l'hiver.
L'auteur le définit comme un roman du temps, du temps tel qu'on le vit, et cela est très bien reproduit : le temps long et court de la nouveauté, celui court et long de l'habitude...
Il raconte la naissance, puis l'accoutumance, d'un jeune homme ordinaire dans un monde nouveau pour lui, privé du rythme de la vie moderne.
Le temps de ce roman est le reflet de notre vie, et comme dans la vie, s'y allument parfois des étincelles extraordinaires, magiques, inoubliables, le temps d'un moment, d'un rêve, ou d'une rencontre. Magie d'autant plus forts et authentique qu'elle brûle de toute la longueur des temps monotones.

Sami-mi - - 42 ans - 9 mai 2004


un prodigieux ennui 10 étoiles

Est-ce un grand livre ? oui
Est-il ennuyeux ? oui

En fait, je n'oserais pas affirmer que ce livre est mon préféré.
C'est seulement un livre qui m'a beaucoup enseigné. Un maître-livre en somme.
Tout d'abord, si son style et son thème sont typiquement allemands (écriture pesante certes, omniprésence de la philosophie, roman de formation), il transcende clairement les genres (notamment celui du roman encyclopédique dans lequel on a trop souvent voulu l'enfermer).
En effet, il s'agit d'un roman avec lequel l'on doit cheminer: Castorp est d'abord un imbécile matérialiste dont la pensée est aussi légère que la fumée de ses cigares. Puis l'auteur-démiurge conduit son héros dans les cercles de la pensée et comme l'enfer c'est les autres il rencontrera un scientiste, un théoricien social (et socialiste), un théoricien mystique (et donc aux marges), un entrepreneur symbole de l'énergie vitale, un amour incertain.
Au moment où, comme le pèlerin de borrobudur, il atteint le sommet de sa montagne spirituelle, l'auteur l'en fait descendre (aux sens propre et figuré) en une conclusion impitoyable.
Ce livre désenchanté est moins magique qu'initiatique.
Mais cette initiation n'a pas pour but un "après". Elle remet seulement en question "l'avant" et ses certitudes.
En ce sens, ce livre est le sommet de l'oeuvre de Mann: il s'inscrit dans l'universel et le particulier tout à la fois. Oeuvre éternelle (bien au-delà des débats intellectuels circonstanciés qui se déroulent dans ses pages).

Oeuvre d'art dont on sort sinon plus grand du moins plus humain.

Chapolisa - - 54 ans - 1 avril 2004