Dexter fait son cinéma
de Jeffry P. Lindsay

critiqué par AmauryWatremez, le 12 janvier 2016
(Evreux - 55 ans)


La note:  étoiles
Dexter revient
Ami lecteur, cela ne te surprendra pas de par son ambiance sarcastique mais j'aime bien la série des « Dexter » de Jeff Lindsay. Je parle des livres et non de la série, ou plutôt du feuilleton (je dirai série quand les poules auront des dents), la série se distingue des romans à partir de la deuxième saison. Dans celle-ci Dexter devient un brave type tout ce qu'il y a de plus normal, plein de culpabilité très télégénique et finalement à la télévision son histoire finit très moralement, littéralement dans un océan de guimauve à l'exception de la fin ouverte.

Dans les romans, le personnage demeure un tueur sans aucun remords même si justicier, observateur toujours étonné, moqueur et ironique du comportement des êtes humains dont il estime ne pas faire partie.

Car Dexter est un tueur en série, un psychopathe apparemment froid doté d'un « passager noir » le poussant à commettre des crimes abominables, bien que dans son cas, il ne tue que d'autres criminels ayant échappé à la justice ordinaire. De par son travail d'expert de la police scientifique, il a beaucoup de sources d'informations indispensables afin de nourrir son « passager noir ».

Il a été encouragé dans cette voie par son père adoptif, Harry Morgan, s'étant aperçu de son appétence pour le meurtre qui l'a aidé à canaliser ses pulsions afin de débarrasser la société de ses déchets. Il lui a également légué un « code » moral auquel Dexter se tient :

Prouver les crimes de ceux qu'il assassine et ne pas laisser de traces.

Bien qu'écrite avec un style sans trop de génie, bien que les péripéties sont souvent les mêmes : Dexter est sur la piste d'un ennemi plus dangereux que les autres, il se lance sur une fausse piste, se trompe, l'histoire se terminant sur un final grandiloquent et dramatique.

Ce n'est pas cela qui importe mais l’atmosphère des récits.

Et surtout les considérations du « héros » sur les paradigmes sociaux souvent hypocrites guidant notre existence et dont il est l'observateur avisé et très critique. Dexter joue la comédie sociale, s'est marié, a des enfants se révélant ayant les mêmes tendances que leur nouveau Papa.

C'est un collègue toujours souriant et disponible, l'archétype du brave gars démasqué cependant par quelques personnes plus perspicaces que les autres, à commencer par sa sœur Deborah qui finit par accepter son étrange conduite et le sergent Doakes, son supérieur qui ne pourra cependant le punir car Dexter s'en tire toujours...

Dans cet opus, Il devient le garde du corps d'une actrice de télévision à la carrière en perte de vitesse, Jackie Forrest. Elle est menacée par un tueur qu'il trouve « sauvage et brouillon ». Il doit également aider un acteur, Robert Chase, vedette du nouveau feuilleton, à adopter les gestes d'un policier scientifique ainsi que les us et coutumes d'un commissariat. Il rencontre incidemment le comédien devant jouer l'acolyte du précédent et décèle chez ce dernier un « passager noir » tout aussi dangereux que le sien...