Sur le chemin des vacances, Marc, Sylvie et leur fillette Marie s’arrêtent sur une aire de repos pour déjeuner au restoroute, Après le repas, les parents demandent à la fillette de s’éloigner un moment pour les laisser discuter entre adultes. Ils ont en effet un sérieux problème d’infidélité à régler. Marie sort faire un tour à l’extérieur. Quand ils veulent la récupérer un moment plus tard, impossible de la retrouver. Quelques temps auparavant une autre fillette, Lucie, avait déjà disparu sur une aire de repos de la même autoroute. Depuis, Pierre Castan, son père, sillonne l’autoroute, observe, interroge, cherche des indices qui pourraient le mettre sur la voie. Désir de savoir et de se venger, davantage qu’espoir de retrouver l’enfant car les statistiques montrent qu’après un délai assez bref, les chances de retrouver vivante la personne enlevée sont infimes. Quant à Ingrid, sa femme, rongée de culpabilité, elle s’abîme dans des séances de sexe sinistres, dans le seul but de s’humilier pour se punir.
Avec la disparition de Marie, la police relance l’enquête. Pour le lecteur, la question n’est pas l’identité du coupable, que l’auteur lui donne très rapidement, mais de savoir s’il va être découvert et comment. Et surtout d’observer la faune de l’autoroute. Au début du roman, Pierre Castan observe les mouches à travers le pare brise de sa voiture. C’est aussi un regard d’entomologiste, ou de sociologue, que porte l’auteur sur le microcosme autoroutier : vacanciers, prof de Fac en escapade adultère avec une étudiante, prostituées, petit voleur, gérant de restoroute au bout du rouleau et de ses magouilles, flics, et bien sûr tueur. Tous, y compris ce dernier, personnalité au demeurant très opaque, sont vus avec une grande empathie.
Les parents, anéantis par la disparition de leur enfant, en proie au désir de vengeance comme Pierre ou à des pulsions destructrices comme Ingrid, suscitent moins la sympathie que la compassion. Les personnages les plus attachants sont les deux flics chargés de l’enquête, touchants par leur obstination et leurs faiblesses, et les deux prostitué(e)s, la vielle reconvertie en diseuse de bonne aventure et la jeune, un trans.
Le roman se déroule pratiquement intégralement sur l’autoroute et ses dépendances, parkings et surtout aires de repos. C’est cette unité de lieu très particulière qui donne sa force et sa cohérence à l’histoire.
Le style est souvent cinématographique. Parfois les phrases non verbales envahissent la page. Et c'est parfois très cru dans les situations et le langage.
Du même auteur, j’avais apprécié « 220 volts », "Derrière les panneaux il y a des hommes" est très différent, mais à mon avis encore meilleur (bien qu’antérieur)
Malic - - 83 ans - 10 octobre 2018 |