Appelez-moi Lorca Horowitz
de Anne Plantagenet

critiqué par Killing79, le 24 janvier 2016
(Chamalieres - 45 ans)


La note:  étoiles
Escroquerie et usurpation
« Je voulais comprendre comment Lorca Horowitz avait mis en place son plan d’anéantissement sans éveiller le moindre soupçon, et avait osé monter une à une, sans jamais reculer ni même hésiter, les marches qui la menaient droit à son crime. Je voulais comprendre pourquoi elle l’avait fait. Mais surtout en quoi cela me concernait, me touchait. Qu’avais-je à voir là-dedans ? »


Anne Plantagenet tombe par hasard sur un fait divers qui s’est déroulé dans une région d’Espagne qu’elle connaît très bien pour y avoir vécu quelques années. Elle décide alors de se l’approprier. Pour se faire, elle revendique le fait d’aborder son sujet à la manière d’Emmanuel Carrère. Elle le met donc en parallèle avec sa propre vie, afin d’expliquer les raisons personnelles qui l’ont poussée à s’intéresser à cette histoire.

Un chapitre, elle nous narre les évènements de son existence et les différents états émotionnels qu’elle a traversés. Le chapitre suivant, elle entre dans la tête de Lorca Horowitz et nous fait partager les réflexions de cette femme malfaisante.
J’ai beaucoup aimé le style de l’auteur. Elle utilise une belle écriture, très fluide. J’ai vraiment été emporté dans l’esprit de Lorca. J’ai été d’abord déstabilisé par sa santé mentale qui semble vaciller tout au long de l’histoire, puis intrigué par sa détermination à mener à bien sa manipulation. Lorca Horowitz devient alors un personnage indéfinissable, dégageant une grande part de mystère. Le drame se déroule sous nos yeux sans qu’on n’en comprenne le véritable but.

Malheureusement ce roman traine un défaut qui a pénalisé mon plaisir de lecture. En effet, j’ai été gêné par la forme de narration. En alternant entre deux récits distincts, l’implication dans l’univers des protagonistes se retrouve hachée. Dès que je commençais à entrer en empathie, le point de vue changeait et me stoppait net dans mon élan. De plus le livre étant très court, je n’ai pas eu le temps de m’imprégner des personnages et de l’atmosphère.

Globalement j’ai passé un bon moment pris dans les filets de l’escroquerie et de l’usurpation mais je suis un peu resté sur ma faim, faute de n’être jamais rentré complètement dans l’aventure.
lorca et moi 10 étoiles

Lorca Horowitz, grosse et laide, arrive chez les Perales, qui sont à la tête d’un cabinet d’architecture, pour leur servir de secrétaire. Elle va se transformer au fil des années, devenant mince et belle au point de faire de l’ombre à sa patronne, à laquelle elle va finir par s’identifier. Sur cette trame, digne d’un roman-photo assez bas-de-gamme, se tresse l’histoire de la narratrice. Celle-ci enquête sur la vie de Lorca et met en parallèle ses propres tourments avec ceux qu’elle devine chez cette jeune femme, désireuse de braver un destin qui ne la prédisposait pas à la gloire et à la fortune. Une réflexion sur une société devenue plus inégalitaire qu’elle ne l’a jamais été, mais aussi sur le désir d’amour et la quête de la confiance en soi. Un roman intimiste, fort touchant et bien ancré dans la réalité d’aujourd’hui.

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 21 février 2016