Maus : un survivant raconte. 1, Mon père saigne l'histoire de Art Spiegelman

Maus : un survivant raconte. 1, Mon père saigne l'histoire de Art Spiegelman

Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire

Critiqué par Leura, le 8 février 2001 (--, Inscrit le 29 janvier 2001, 73 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 11 avis)
Cote pondérée : 8 étoiles (371ème position).
Visites : 11 551  (depuis Novembre 2007)

Le devoir de mémoire

Dans les années 1970, Vladek Spiegelman raconte à son fils Art sa vie entre le milieu des années 30 et 1944, en Pologne et dans l'Allemagne hitlérienne.
Il a tout connu, Vladek : les persécutions, la fuite, la peur, la déportation, et les camps d’extermination. Rescapé d'Auschwitz, il voudrait pouvoir arriver à oublier l’indicible.
Art, lui, pousse au contraire son père à tout lui raconter, car ils ont, l’un un devoir de mémoire, l'autre le devoir de restituer le témoignage paternel. Le livre oscille donc entre le témoignage de Vladek, et les efforts de son fils pour vaincre ses résistances et le forcer à se conformer à l'obligation de souvenir, par respect pour les victimes. Anja, la femme de Vladek, s’est suicidée en 1968. Elle ne supportait plus de vivre avec les fantômes du passé.
Art,étant dessinateur, nous restitue celui-ci à sa manière, en bandes dessinées. Pour restituer cette horreur, il choisit de le faire sous forme de BD animalière : les Juifs sont des souris et les Allemands des chats. Ces souris sont d'une humanité extraordinaire, rien à voir avec Mickey Mouse.
Cette très belle BD a été applaudie par la critique, appréciée par Marek Halter et Umberto Eco. Elle a valu à son auteur une bourse Guggenheim et le prix Pulitzer en 1992.

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Les éditions

  • Maus [Texte imprimé], un survivant raconte Art Spiegelman trad. de l'anglais par Judith Ertel
    de Spiegelman, Art (Scénariste)
    Flammarion
    ISBN : 9782080660299 ; 16,22 € ; 04/01/1994 ; 159 p. ; Relié
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QUELLE BD!

8 étoiles

Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 26 décembre 2011

Je n’ai rien à ajouter de plus sur l’histoire de cette BD, déjà très amplement et très bien décrite dans les critiques précédentes…
Je m’attarderai juste pour dire que c’est une des plus belles BD que j’ai eu l’occasion de lire…
Bien sûr les traits sont grossiers, les personnages difficiles à reconnaître, les dessins pas franchement détaillés et pas franchement beaux !... le tout en noir et blanc, même parfois en très noir !..
Bien sûr l’histoire n’est celle que des juifs polonais, et bien sûr, le fait de transformer les différents personnages et nationalités en animaux est simple et simpliste… Était t-il vraiment justifié de représenter les Polonais en cochons ? Je n’ai pas de réponse à cela.

Tout ce que je peux dire, c’est le choc ressenti à la lecture de cette BD, la vérité qui transpire de chacune de ces pages, les sentiments parfois contradictoires qui vous envahissent à la lecture de ce qui arrive aux différents personnages, la haine d’un peuple pour un autre qui suinte à travers ces dessins, l’envie de vivre, de survivre de tout un peuple qui exsude à chaque phylactère… Voilà c’est tout cela Maus… tout cela, et beaucoup, beaucoup plus... mais cela je vous le laisse découvrir à la lecture de la BD…

Alors oublions tout le reste, et à l’heure ou tout le monde dit que les jeunes ne lisent plus, donnons leur donc à lire cette BD… ne fut-ce que pour faire notre devoir de mémoire et ne jamais oublier !...
Une grande, très grande BD !... Un seul mot : bravo M. SPIEGELMAN !

Quand le chat montre les dents.

10 étoiles

Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 22 février 2010

Toutes les critiques précédentes sont justes. Je rajoute simplement que oui le trait de crayon est particulier. D'une noirceur qui met en relief le récit. Les personnages malgré leur ressemblance sont attachants et anthropomorphiques dans leurs attitudes, ce qui est plus que touchant. C'est une des réussites de cette bédé, avoir utilisé les animaux pour révéler l'injustice. Malgré le trait d'apparence austère, la moindre émotion se lit sur les visages. C'est palpitant, émouvant, rythmiquement irréprochable, un coup de maître. S'il me fallait mettre un bémol à ce premier tome, cela concernerait le fait que l'histoire est très familialement centrée et que l'histoire des juifs d'Europe passe par celle d'un juif américain, parfois cet aspect efface le but initial. Mais attention cette remarque est le fait d'un pinailleur. J'avais lu cette bédé il y a une dizaine d'années, et bien ma surprise et mon émotion ont encore été au rendez-vous. INDISPENSABLE dans toute bonne bédéthèque.

Attention, oeuvre majeure!

9 étoiles

Critique de Soldatdeplomb4 (Nancy, Inscrit le 28 février 2008, 35 ans) - 4 décembre 2008

Touchant, juste, pudique, merveilleux, envoûtant, fascinant, émouvant et magnifique. Une merveille de bande dessinée.

D'où vient le demi-point en moins? Un peu dommage que les personnages soient peu différentiables à cause du fait que ce sont des souris... Je sais, c'est très terre-à-terre comme remarque à côté de la merveille d'intelligence qu'est Maus...

Pour ne jamais oublier

10 étoiles

Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 4 juin 2005

C'est en effet mission impossible d'ajouter quoi que ce soit après vos critiques, très justes et très complètes. J'avais beaucoup entendu parler de cette BD, mais ne soupçonnais pas le temps que ça me prendrait pour la lire (du moins le tome 1 pour l'instant). Car en effet c'est paradoxal, on ne peut s'empêcher de scruter chaque image, tout est important et ça ne se dévore pas à tout vitesse.
En plus du contexte historique, de l'innovation totale qu'est ce récit sous forme de bande dessinée, et de la transposition en animaux, Art Spiegelman réussit aussi à laisser transparaître le maelström de ses sentiments envers son père, son exaspération, sa tendresse, sa colère...
C'est à la fois passionnant et révoltant. Fort en tout cas !

authentique chef-d'oeuvre

10 étoiles

Critique de Jemangeleslivres (, Inscrite le 25 mai 2004, 51 ans) - 26 mars 2005

Que dire, si ce n'est que cette bande-dessinée est un véritable chef-d'oeuvre...je viens de refermer le deuxième tome et l'émotion est trop forte, j'ai du mal à trouver les mots... d'un réalisme et d'une précision absolument hallucinantes, "Maus" nous plonge dans l'horreur de l'Histoire, à laquelle se mêle la petite histoire, celle de la famille Spiegelman, traquée par les allemands. On est bouleversé, ému, terrorisé...et les larmes se mêlent au rire, parfois...personne ne doit passer à côté de "Maus", c'est une oeuvre absolument indispensable, essentielle au devoir de Mémoire. Lire "Maus" est un devoir.

Horreur vécue par les Juifs polonais

8 étoiles

Critique de Benoit (Rouen, Inscrit le 10 mai 2004, 43 ans) - 31 janvier 2005

Il s’agit d’une coïncidence que je lise et finisse cette B.D. dont le sujet est l’extermination des Juifs polonais, en même temps que les commémorations de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz. Lors de mon achat en décembre, je n’en avais aucune idée. Mais, justement, avec l’avalanche actuelle des images d’Auschwitz, la lecture de cette B.D. est indispensable car elle permet de voir qu’Auschwitz, contrairement à ce que peut laisser penser ce raz-de-marée médiatique, n’est qu’une facette (certes, la plus horrible) du calvaire des Juifs polonais.
On peut noter ici une des limitations de cette B.D. En effet, il n’est question ici que des Juifs polonais. Rien ne sera dit des privations des Juifs allemands qui débutent très tôt, ni du sort des autres Juifs européens (à l’exception des Hongrois dont le sort est rapidement évoqué), en particulier celui des Juifs vivant en U.R.S.S. qui, eux, n’auront pas d’instant de grâce et seront exécutés sur place (pour ceux intéressés par une étude plus complète du sort des Juifs, je vous conseille la lecture, très détaillée, de “La destruction des Juifs d’Europe” de Raul Hilberg).
On suit donc les péripéties du père du dessinateur, Vladek Spiegelman, de sa vie avant la Guerre de 39 et de son mariage avec Anja jusqu’à la fin de leurs déboires en 1945 et leur réunion miraculeuse dans leur ville polonaise, en passant par les différentes étapes de la mise à l’écart des Juifs (confiscation des biens (heureux sont ceux qui reçoivent en échange quelques kopeks), regroupement dans des ghettos de plus en plus surpeuplés, jusqu’à la Solution finale).
Parallèlement à ce récit, on voit évoluer la relation père-fils entre le dessinateur qui interviewe régulièrement son père et ce dernier. Ceci (peut-être la partie la plus intéressante) permet de montrer comment ces événements d’il y a trente ans (les interviews ont eu lieu dans les années 70) résonnent encore fortement dans la vie du survivant et, peut-être tout aussi fortement, dans celle du fils, né après ces événements mais atteint d’un sentiment de culpabilité et hanté par les personnages fantômatiques du frère inconnu, mort durant la guerre, et de sa mère qui s’est suicidée dans les années 60 (sûrement que le fardeau des souvenirs des disparus et de ce qu’elle a vécu était trop lourd à porter).
Mais ce qui ressort de la B.D. est le personnage du père, véritable héros hollywoodien qui, plusieurs fois, est passé tout près de la mort mais s’en est sorti soit grâce à sa débrouillardise soit grâce à la chance (si le quart de la moitié de cela était dans un film hollywoodien, on crierait vite fait à l’invraisemblance et on sortirait de la salle en murmurant : “C’est bien Hollywood, ça!”). Justement, ce qui lui a permis de survivre en ce temps-là (économiser la nourriture qui sert de monnaie d’échange, recycler et garder au maximum, le fait qu’il a pratiqué plusieurs métiers,...) nous paraît comme des qualités dans ces circonstances et provoque de l’admiration pour lui, mais, transféré dans notre société occidentale d’aujourd’hui (ou des années 70 qui ne diffère en rien), nous apparaît comme de l’avarice et, loin de provoquer notre admiration, aurait plutôt tendance à provoquer quelques railleries. Cela montre deux choses : premièrement, nous ne pourrons jamais comprendre le calvaire subi par les Juifs ; et, deuxièmement, une même personne, située dans des conditions différentes, nous apparaît tantôt sympathique, tantôt antipathique, au gré des circonstances. Bref, pour développer un peu plus ce dernier point, il est facile (et juste) de condamner 60 ans après les agissements passées de telle ou telle personne (ou même de nos jours) mais nous-mêmes, aurions-nous été meilleurs ? La réponse restera insoluble, hélas.
Enfin, en refermant cette B.D., nous regretterons une chose, c’est qu’il est dommage que nous n’ayons pas le point de vue de la mère, comment a-t-elle survécu à Auschwitz et, surtout, comment a-t-elle vécu l’après-guerre. Mais là, je pense que l’auteur le regrette encore plus...

BRAVO!

9 étoiles

Critique de Egnatia (Aix-en-provence, Inscrit le 17 janvier 2004, 37 ans) - 24 janvier 2004

Ce livre ouvre les yeux sur la réalité vécue de l'intérieur des camps de la mort.
Bravo Art Spiegleman!

Survit-on à la guerre?

0 étoiles

Critique de Spin Gourmet (BRUXELLES, Inscrite le 12 septembre 2000, 49 ans) - 26 février 2001

Le récit simple d'un destin extraordinaire, comme tant d'autres à la même époque. Pour ceux qui ont survécu, la question de la vie "après" a été cruciale. De plus, ce passé est un lourd fardeau pour les générations qui suivent. Tout cela est traité avec brio par Art Spiegelman. La bande dessinée ajoute une dimension à cet acte de mémoire et la symbolique de l'animal met en lumière de manière troublante la déshumanisation que " subit " l'être humain lors des guerres.

Essentiel

0 étoiles

Critique de Swann (Rhode-Saint-Genèse, Inscrit le 21 décembre 2000, 57 ans) - 18 février 2001

Maus est l'une des BD les plus émouvantes que je n'ai jamais lu. C'est un chef d'oeuvre absolu. L'histoire possède deux niveaux tout à fait passionnants: l'holocauste en lui-même et les relations du père et du fils. Cette lecture devrait être imposée dans les écoles.

Bravo

0 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 10 février 2001

Bravo pour ce choix et pour cette critique ! Je ne manquerai pas de le commander.

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