Ahlam
de Marc Trévidic

critiqué par Hamilcar, le 2 février 2016
(PARIS - 69 ans)


La note:  étoiles
Rêvons d'un autre monde
Paul, un peintre français de grande notoriété s'installe sur une ile de Tunisie, Kerkennah. Ben Ali impose encore son dictat sur le pays. La vie insulaire, loin de Paris, loin de toutes préoccupations, convient à l'artiste qui se fait rapidement admettre par les habitants de l’île.
Il rencontre Farhat et sa jolie femme Nora. Ils deviennent amis et Paul apprend la peinture à leur fils, Issam, et le piano à leur fille, Ahlam. Les deux enfants se révèlent talentueux et leur vie future semble toute tracée.
Mais rien ne se passe comme prévu. La révolution de jasmin bouscule les choses et le roman prend une tournure dramatique avec une apothéose des plus noires.
C'est Marc Trévidic, auteur de trois essais préalables, qui se lance ainsi dans l'écriture de roman. C'est aussi un ancien juge antiterroriste, certainement l'un des plus célèbres, qui sait donc de quoi il parle quand il s'agit d'expliquer les raisons du radicalisme religieux et les affres du terrorisme.
Il a choisi la fiction pour décrire ce fléau. Coup de maître, peut-être bien plus efficace qu'un essai. Car donner corps à celle et à ceux qui finissent par s'opposer, c'est donner de l'empathie pour celles et ceux qui souffrent de l'obscurantisme.
L'auteur est aussi spécialiste des arts et nous accorde de bien belles pages sur la culture.
Ce livre, très bien écrit, raconte un duel; celui du soleil et de la clairvoyance contre l'obscurité et la folie des hommes.
Issam et Ahlam ne suivront pas le même chemin.
Mais l'auteur nous le dit; en arabe, Ahlam signifie les rêves. Alors rêvons très fort.
Ouvrons les yeux ! 9 étoiles

Le roman est une forme bien adaptée pour aborder l'islam, une religion ancienne et respectable mais un fléau pour les sociétés occidentales. Les parcours des trois protagonistes : Paul, l'hédoniste, Ahlam, la jeune fille curieuse de tout, Issam, le garçon fier mais faible et influençable.

Le plus intéressant, à mon avis, réside dans la description minutieuse du processus de "radicalisation" (un terme incorrect utilisé à tort par les commentateurs qui se cachent la tête sous le sable...) de ces nombreux jeunes recrutés par les organisations islamiques politiques conquérantes. La chute de Ben Ali en Tunisie sert d'arrière-plan au roman et accrédite les explications de Marc Trévidic qui a eu à connaître de nombreux parcours de ce genre. Nombre des personnages secondaires auraient pu passer un jour ou l'autre dans son cabinet de juge d'instruction.

L'intrigue est parfois peu crédible et le style n'est pas celui d'un "grand roman", mais quel plaisir de lecture !

Tanneguy - Paris - 85 ans - 12 décembre 2016