Merlusse (BD)
de Serge Scotto (Scénario), Éric Stoffel (Scénario), A.Dan (Dessin)

critiqué par Shelton, le 20 février 2016
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Une belle adaptation en bédé...
Ma maman était Nîmoise, c’est un fait et il faut peut-être considérer que cette filiation y est pour quelque chose dans ma passion pour la littérature de Marcel Pagnol et celle de Jean Giono. Connaissant mon amour pour la bande dessinée vous ne serez pas surpris de me voir arriver pour vous parler des nouvelles adaptations de Pagnol en bandes dessinées parues aux éditions Bamboo sous le label Grand Angle.

C’est lors du festival d’Angoulême que ce travail a été présenté au grand jour et je voudrais vous présenter aujourd’hui Merlusse de Serge Scotto, Eric Stoffel et A Dan. Pour commencer, en paraphrasant Nicolas Pagnol, descendant de Marcel et parrainant cette collection, je dirais que Merlusse a retenu mon attention car je n’avais jamais entendu parler de cette œuvre de Pagnol. Il semblerait qu’il s’agisse du premier scénario pour le cinéma de Pagnol et quoi de mieux pour une bédé qu’un scénario de cinéma : la bédé n’est-elle pas un cinéma de papier ?

En fait, dès les premières cases on est plongé dans l’ambiance Pagnol partagé entre l’envie de sourire et celle de pleurer. Oui, il y a ces enfants dans ce pensionnat, ces enfants qui vont rentrer chez eux pour fêter Noël, et il y a aussi ceux qui resteront ici car personne n’a pu ou voulu les récupérer. Il y a ces enfants qui sont espiègles, drôles et plein d’allant, et ceux qui se sentent abandonnés, perdus, désespérés ou presque… Et ce sont ces enfants qui restent ensemble en ce soir de Noël que l’on va suivre…

Mais pour que tout soit bien cohérent, il faut bien qu’un adulte les surveille, s’occupe d’eux… ce sera celui qui ne sent pas capable de dire non, celui que l’on a envie de condamner à toutes les tâches les moins nobles, celui dont la réputation est la plus mauvaise… « Les enfants ne l’aiment pas, il est laid »… Oui, c’est ce que le Censeur finit par dire au proviseur pour éventuellement donner l’avancement à un autre enseignant… Il faut dire que tout était très organisé et hiérarchisé à cette époque, celle où Marcel Pagnol fréquentait le lycée…Marseille 1913, année du baccalauréat de Pagnol, époque où il était pensionnaire lui-même au lycée Thiers…

Dans cet album de très belle tenue avec un graphisme prenant laissant une place considérable à l’humanité des personnages, on a le sentiment de vivre minute après minute avec ces jeunes qui attendent d’être sortis pour le réveillon de Noël et ceux qui n’attendent pas ou plus. On sent la solitude, la dureté relative de ce pensionnat et la bonne volonté de certains enseignants qui souhaiteraient apporter un peu de bonheur à ces enfants oubliés en ce soir de fête… Merlusse, lui, le fameux Monsieur Blanchard, est plein de mystère. On ne sait pas exactement ce qu’il a vécu dans le passé pour porter une telle cicatrice sur le visage… Un ancien militaire, un baroudeur, un alcoolique, un truand… Les choses ne seront pas dites clairement mais petit à petit sa personnalité se découvre… Mais je ne vous en dirai pas plus car il faut vous garder la surprise…

Cette adaptation m’a complètement convaincu et je n’ai qu’une seule envie, celle de lire maintenant le travail des mêmes scénaristes, Serge Scotto et Eric Stoffel. Je sais que certains pourront avoir des doutes sur un tel travail car au premier abord on a envie de dire que tout a été dit sur Pagnol mais je reste persuadé que ces adaptations en bandes dessinées devraient satisfaire un grand nombre de lecteurs de tous les âges… une très belle bande dessinée à lire, offrir et faire lire. Qui sait, cela pourrait donner des envies de (re)découvrir les œuvres originales… on ne sait jamais, rêvons un peu !