Un Papillon dans la tempête
de Walter Lucius

critiqué par Jfp, le 24 mars 2018
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
entre orient et occident
Un polar magistral, flirtant avec la géopolitique sans jamais tomber dans le complotisme cher à trop d’auteurs en quête de renommée internationale. L’action se déroule à Amsterdam, avec des incursions à Moscou, à la poursuite des commanditaires d’un double meurtre et d’un terrible accident causé à un jeune garçon afghan, retrouvé inanimé dans les bois et affublé d’habits rituels féminins. Une abominable tradition, qui perdure en Afghanistan, autorise les familles pauvres à vendre leurs garçons à de riches "seigneurs" de guerre, pour devenir la proie de leurs jeux sexuels. Mais que vient faire cette tradition au pays des tulipes et des moulins à vent ? Farah Hafez, une journaliste d’origine afghane et championne d’arts martiaux, s’est prise de pitié pour l’enfant lors de son arrivée à l’hôpital et va chercher à connaître son histoire. La piste qu’elle suit va croiser celle des enquêteurs officiels, en la personne de Joshua Calvino et Marouan Diba, respectivement d’origine italienne et marocaine, les deux inspecteurs en charge de l’enquête. On comprend très rapidement qu’immigration et racisme, et plus généralement ce qu’on peut appeler la dignité humaine, sont au centre du sujet abordé par Walter Lucius. Il y a de l’action, du suspense, mais aussi bien plus que cela. On navigue dans les milieux du journalisme, de la politique, du commerce international et du grand banditisme, et l’auteur met à jour, dans une démarche très courageuse, les liens étranges qui se tissent entre ces milieux. Il y a parfois des dérapages, ce qui doit rester caché parvient alors à la surface et l’édifice savamment construit s’abat alors comme un château de cartes…