La fosse aux ours
de Esteban Bedoya

critiqué par Pucksimberg, le 8 mars 2016
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Des histoires sud-américaines sensuelles et envoûtantes
Ce recueil de nouvelles est totalement envoûtant. Le lecteur a le sentiment de lire des mythes sud-américains qui entremêlent le monde des hommes à celui des animaux. A ces deux univers qui s'entrelacent s'ajoutent le fantastique et la sensualité. Le lecteur est donc confronté à des histoires au fort tempérament qui se lisent avec délice. Esteban Bedoya manie très bien la plume et nous emporte dans ses histoires qui n'ont aucune limite. En lisant ces textes, on a le sentiment que tout est possible.

"La Fosse aux ours", nouvelle qui a donné son titre au recueil, reste la plus réussie et la plus déroutante. Ce qui pourrait sembler monstrueux est évoqué avec simplicité et naturel. C'est peut-être ce qui met mal à l'aise le lecteur européen, mais c'est aussi ce qui définit le réalisme magique cher aux auteurs sud-américains. La sexualité est décrite avec de nombreuses images, parfois même amusantes : "ses seins énormes aux mamelons noirs comme l'ébène ressemblaient à deux bombes larguées sur Varsovie lors de la Seconde Guerre Mondiale." Quand les hommes franchissent la frontière ténue qui les sépare des animaux, on en vient à être très embarrassé et en même temps vu le traitement qu'en fait l'auteur, l'on a le sentiment ferme que ces nouvelles sont conçues comme les mythes célèbres grecs où certains excès étaient tolérés, surtout quand on pense aux multiples transformations de Zeus.

L'écriture est belle et possède un rythme qui lui est propre. On ne s'ennuie jamais dans ces courts textes et l'on ressent régulièrement le besoin pressant de connaître la suite. Les nouvelles sont bien structurées et les effets de surprise réussis.