La couleur de la peau
de Ramón Díaz Eterovic

critiqué par Ludmilla, le 14 mars 2016
(Chaville - 69 ans)


La note:  étoiles
Le problème des immigrés…
…péruviens au Chili.

Ramon Diaz Eterovic a écrit une série de romans policiers où l’on retrouve les mêmes personnages, le personnage principal étant le détective privé Heredia.

Un des livres de cette série ayant été retenu pour le prix CL 2016, j’ai lu « La couleur de la peau » pour découvrir l’univers de Heredia :
- Heredia, « classique » détective privé, célibataire, fauché, passant une grande partie de son temps dans les bars
- Son chat, Simenon, avec qui il a de longues conversations
- Son ami Anselmo, kiosquier

Le plus important n’est pas vraiment l’enquête mais plutôt le Chili. Le sujet de « La couleur de la peau », ce sont les immigrés péruviens. L’enquête de Heredia porte sur la disparition du frère d’un péruvien, les deux frères étant entrés illégalement au Chili.


« En revenant vers mon bureau je me suis arrêté devant un mur sur lequel quelqu’un avait écrit : “Dehors, les Péruviens.”
J’avais déjà lu ce genre de graffiti, ils accusaient les Péruviens de faire entrer la tuberculose au Chili, d’augmenter la délinquance ou de priver les Chiliens de leur travail.
Certains étaient anonymes, d’autres signés par des groupes néonazis qui exprimaient tous les jours leur nationalisme odieux sur les murs du quartier dans l’indifférence générale.
Rien de nouveau sinon la stupidité vieille comme le monde de croire qu’un nom, la grosseur d’un porte feuille ou la race fait de vous un être supérieur. »


« L’hysope, qu’est-ce que ça peut bien être ? me suis-je demandé et je suis allé consulter le glossaire inclus à la fin du livre. “Plante très aromatique de la famille des labiacées.” Je n’étais pas beaucoup plus avancé et, pour en avoir le cœur net, j’ai eu recours au Petit Larousse posé sur mon bureau. Les labiacées étaient une “famille de plantes dicotylédones dont la corolle présente deux pétales en forme de lèvres”. J’ai pensé refermer le dictionnaire mais, au dernier moment, j’ai décidé de lui donner une deuxième chance. J’ai donc appris qu’on appelait dicotylédones les plantes “dont les graines possèdent deux cotylédons” et qu’un cotylédon est “le lobe séminal entourant l’embryon”. Des mots, encore et toujours des mots. Arriver à savoir ce qu’était l’hysope pouvait se révéler aussi compliqué qu’essayer de découvrir l’assassin de Coiro. J’ai éprouvé une soudaine allergie aux mots et jeté le dictionnaire au pied du bureau. »