Le grand vestiaire de Romain Gary

Le grand vestiaire de Romain Gary

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Killeur.extreme, le 15 mars 2016 (Genève, Inscrit le 17 février 2003, 43 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 612ème position).
Visites : 4 440 

Le grand vestiaire de Vanderputte

Note de l'éditeur, quatrième de couverture : Luc, dont le père a été tué dans le maquis, est recueilli par le vieux Vanderputte qui héberge déjà chez lui deux autres adolescents, Léonce et Josette. Sous la direction de ce vieux sage sceptique et torturé par d'obscurs remords, tout le monde se livre au marché noir et mène une vie extravagante. Luc s'éprend de Josette. Ils se font voleurs, comme dans les films. Finalement, pour Luc, le monde devient «un immense vestiaire plein de défroques aux manches vides, d'où aucune main fraternelle ne se tendait.»

Ce troisième roman (chronologique, j'en ai lu plus que trois) de Romain Gary publié en 1949 a pour cadre l'Après Guerre 1939-1945 et les année qui suivent vue par le regard d'un adolescent, influencé par le cinéma américain et se rêvant gangster comme ils sont dépeints par les films. Le récit est aussi initiatique, on assiste à l'évolution de cet adolescent naïf qui se rend peu à peu compte que la vie n'est pas aussi simple que dans les films et les différentes tragédies qu'il vivra le feront grandir pour devenir un homme.

Ce roman, par certains aspects, rappelle "Uranus" de Marcel Aymé qui lui aussi met en scène cette même période où la France doit se reconstruire non seulement physiquement mais aussi moralement. Ce roman rappelle aussi "La vie devant soi" dans le lien qui unit Luc et Vanderputte.

Quand Romain Gary obtient son (premier) Prix Goncourt pour les "Racines du ciel" il répond dans une interview en citant à deux reprises "le Grand Vestiaire" où le héros dit "Mortellement tuées" et plus loin "je lui lisait le livre pour aveugle en écriture de braille" ces citations ont été reprises par les critiques accusant Romain Gary d´"écrire mal", celui-ci répond que ces exemples sont la manière dont le personnage s'exprime et que les critiques qui l'attaquent prennent le langage du personnage comme si c'était celui de l'auteur.

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Les éditions

  • Le Grand vestiaire [Texte imprimé] Romain Gary
    de Gary, Romain
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070376780 ; 8,60 € ; 14/10/1985 ; 304 p. ; Poche
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Le vent l'emportera

8 étoiles

Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 28 février 2023

A la fin de cette lecture surgissent plusieurs sentiments. Le prédominant est celui d'avoir vécu une expérience comme seul cet auteur en procure, un sentiment difficile à définir. Il se dégage de ce roman, à cheval entre les œuvres de Romain Gary et de son double littéraire, Émile Ajar, une grande humanité, une humanité tour à tour lumineuse ou désenchantée.

J’ai aimé errer avec Luc, alias Lucky et ses complices, Léon et Josette, personnages auxquels il est difficile de ne pas s’attacher, dans ce Paris marqué par la seconde guerre mondiale, une capitale en reconstruction où la débrouille et la roublardise sont de mise.

Clairement les personnages sont un point fort de ce grand vestiaire, tout comme la relation unissant Luc à Vanderputte, l’adulte référent de ce roman, si l’on peut dire cela… Cette relation m’a maintes fois fait penser au duo Momo/Mme Rose de la vie devant soi ou encore à la relation entre Jean et M. Salomon dans l’excellent l'Angoisse du roi Salomon. Gary joue sur l’empathie et cela fonctionne.

Clairement le grand vestiaire est un roman qui laissera des traces.

faites vos jeux rien ne va plus

8 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 8 janvier 2023

Une tragi-comédie, écrite et située au tout lendemain de la seconde guerre mondiale, dans un Paris voué aux profiteurs de tout poil. La démerde, dans une France en ruines où même la plus vile des marchandises se vend à prix d’or, est devenue un art de vivre. Le héros de l’histoire est un adolescent dont le père, résistant, a été tué dans le maquis. Recueilli par un certain Mr Jean, "Marquis" de son nom de guerre, surveillé de près par les autorités militaires qui l’ont enjoint de déposer ses armes, Luc Martin décide de tenter sa chance dans la capitale. Il va se retrouver entraîné dans une suite d’aventures aussi désopilantes que tragiques, en compagnie d’individus voués, comme lui, à la débine et la quête désespérée d’un peu de bonheur au milieu de la décrépitude ambiante. La morale n’est pas au programme dans ce roman doux-amer qui n’est pas sans rappeler, par son écriture libre et son côté provocateur, les œuvres d’un certain Louis-Ferdinand Céline, alors en prison puis en résidence surveillée au Danemark, en attente de son procès pour faits de collaboration. Romain Gary, le résistant de la première heure, aurait-il eu une pensée pour son aîné en écrivant ce pamphlet au vitriol, décrivant une France où "tout fout l’camp" ? Ou bien un désenchantement profond devant la difficile reconstruction d’un pays laminé par des années de guerre ?

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