L'homme de ma vie
de Yann Queffélec

critiqué par Anna Rose, le 17 mars 2016
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Une vie à tenter de se rencontrer
Yann Queffelec n'a jamais caché le conflit latent qui existait entre son père et lui. Lui, le fils du grand écrivain, marchant sur les pas de ce père et de surcroît réussissant... On imagine assez bien le choc des égos.
Yann Queffelec entreprend de raconter sa vie d'enfant, de jeune garçon et de jeune homme par le prisme de ses rapports avec son père. Le point de départ semble est un postulat: son père ne l'aime pas ou, du moins, moins que ses trois autres enfants. Il n'a pas été désiré - mais comme ne l'a pas été non plus le quatrième. Il a toujours été opposé à l'aîné, enfant exemplaire pour la fratrie - mais comme sa sœur et son petit frère.
Au fil des pages et du récit, on se demande si Yann Queffelec n'a pas cherché, dès son plus jeune âge, à se distinguer au sein de cette famille unie et s'il le fallait par une forte opposition au père.
Que lui reproche-t-il finalement; des mots maladroits, une froideur qui se voulait peut-être affection, une incompréhension permanente? Mais ces traits relèvent assez naturellement des relations parents-enfants, surtout au 20ème siècle.
L'amour est présent dans ce livre: entre le père et le fils, au sein de la famille. Aussi on en vient presque à trouver le fils, Yann, dur avec son père. Car il y a eu de la part de ce dernier, des cadeaux précieux (les dents de poisson), des voyages époustouflants (les aurores boréales): autant de marque d'amour et de respect.
Mais Yann semble avoir besoin de toujours plus: mais quoi d'autre? En devenant l'écrivain reconnu, il a lui-même tué le père.
L'écriture est magnifique: ce livre est un bonheur à lire. Yan Queffelec rend un hommage magnifique à son père et on ne peut que regretter que lui et son père n'aient jamais réussi à réellement se rencontrer.