A la table des hommes de Sylvie Germain

A la table des hommes de Sylvie Germain

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pascale Ew., le 3 avril 2016 (Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 303ème position).
Visites : 4 204 

Qui de l'homme ou de l'animal est le plus bête ?

Un jour de guerre, un porcelet se retrouve orphelin parmi les décombres d'une habitation, avec une femme qui l'allaite et meurt quelques jours plus tard. Il erre, se crée des amitiés avec une daine (abattue par des hommes), un lapin (fusillé). Il est le témoin d'un massacre et se réveille un matin homme, nu, en compagnie d'une amie corneille. Il est recueilli par une vieille femme qui le vêtit, le nourrit, le loge et lui apprend la vie civilisée. Il s'éveille petit-à-petit à son humanité, en commençant par le langage, mais les enfants, ayant hérité de la violence des adultes, le martyrisent. La haine le poursuit. Celui qu'on appelle Babel, puis que son premier amour renomme Abel, va découvrir son humanité en rêvant, en pleurant, en riant, en pensant et en imaginant un au-delà. Ne lui manquent que des origines et des souvenirs.
Sylvie Germain distille tout au long du roman son ras-le-bol de la bêtise humaine qui se traduit principalement par la guerre, incessante, toujours prête à renaître quelque part ("La haine est entrée en eux, elle y couve à feu vif, et quand bien même elle déclinerait au fil des jours, elle ne s'éteindrait pas, elle serait comme ces graines séchées qui peuvent rester des mois, des années, voire des siècles en dormance dans l'attente de conditions climatiques favorables pour se réveiller, lancer des pousses."). Elle réussit à exprimer son dégoût pour la méchanceté et l'égoïsme tout en professant la nécessité de continuer à s'émerveiller de la nature et de l'amitié. Elle confesse son amour des mots tout en le traduisant dans un style toujours aussi travaillé, suggestif et magnifique.

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Conte intemporel

9 étoiles

Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 9 août 2020

Sylvie Germain avec un style unique nous embarque dans un conte où nous retrouvons ses thèmes de prédilection, le sens de la vie, le bien et le mal, la nature de l’homme, ..
A travers le personnage principal passant de l’animalité à l’humanité, elle aborde ces deux mondes, leur proximité, leurs différences, l’apprentissage du langage, un très beau roman.

(Encore) une fable sur les horreurs de la guerre

6 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 27 octobre 2016

La bêtise absolue des hommes est décrite dans une histoire fantastique et allégorique.

Un jeune porcelet est le seul rescapé d’un massacre dans une ferme. Il parvient à survivre en échappant à plusieurs prédateurs essentiellement humains et, après avoir sympathisé avec une mystérieuse corneille, il se réveille un jour dans la peau d’un jeune garçon, enfant sauvage, recueilli par des villageoises et en particulier Ghirzal, la vieille sage.

On lui donne le nom de Babel, un peu par dérision, lui qui ne parle pas et on tente de l’intégrer malgré ses instincts surdéveloppés. Le village n’est habité que de femmes, d’enfants et de vieillards ; les hommes ont été raflés pour aller au combat et on ne les a pas encore revus bien que le conflit semble s’éteindre.

Les adolescents sont pourtant sans pitié pour Babel qui devient leur souffre-douleur, jusqu’à fomenter son assassinat. Il est alors évacué par le seul homme adulte du village. C’est alors que l’histoire s’essouffle complètement et le lecteur risque de laisser tomber avant la fin.

Heureusement l’écriture recherchée de Sylvie Germain fait le reste pour obtenir presque une belle histoire qui est destinée à la réflexion sur un thème souvent abordé des conséquences liées à la guerre.

Faire passer les idées

8 étoiles

Critique de Eoliah (, Inscrite le 27 septembre 2010, 73 ans) - 20 juin 2016

Voilà un roman pour faire passer des idées! "ras le bol de la violence et de la cruauté des hommes entre eux et envers les animaux", position qui m'est infiniment sympathique. Cela dit la construction est un peu déconcertante, un peu deux romans en un tant les deux parties sont différentes. Tout d'abord une approche un peu fantastique intemporelle et non localisable, ensuite un peu phalanstère avec une vie retour à la sagesse style "années 50" avec bienveillance et solidarité.

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