The Wrenchies de Farel Dalrymple

The Wrenchies de Farel Dalrymple

Catégorie(s) : Bande dessinée => Comics , Bande dessinée => Sci-fi & fantastique

Critiqué par Blue Boy, le 16 avril 2016 (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans)
La note : 4 étoiles
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Original mais nébuleux

Orson et Sherwood n’auraient jamais dû entrer dans cette grotte... Car ce jour-là, une porte entre notre monde et une sinistre réalité s’est ouverte. Et le destin de la Terre s’en trouva à jamais changé… Dans ce futur insensé, ce qu’il reste de vie est oppressé par les diaboliques Shadowsmen. Seul un groupe d’enfants, impitoyables et puissants, les Wrenchies, peut espérer s’y opposer.

Le simple fait de feuilleter « The Wrenchies », pavé de 300 pages, met l’eau à la bouche, ne serait-ce que par le graphisme engageant, puissant et fouillé, la mise en page vivante et la colorisation soignée aux tonalités bien choisies. C’est bien l’atout premier de ce comics hors normes, qui semble avoir été conçu sous l’effet d’hallucinogènes. Résultat : cette description d’un monde post-apocalyptique est véritablement saisissante, digne d’un enfer dantesque aux frontières du surréalisme.

Pourtant, je pourrais être difficilement du même avis que Mike Mignola, créateur d’ « Hellboy » cité en dos de couverture. Celui-ci prétend qu’ « il y a là à peu près tout ce qu’ [il pourrait] attendre d’un roman graphique ». Simplissime, la trame se résume à une lutte entre le bien et le mal dans un contexte SF, ce qui permet au lecteur de ne jamais perdre le fil de cette BD, présentée par l’éditeur comme un conte de science-fiction « superbe et tentaculaire ». Tentaculaire, elle l’est sans nul doute, et c’est bien là que le bât blesse. Le début commence plutôt bien. En regardant ces deux garçonnets pénétrer dans une grotte où sont tapis d’horribles monstres, nos peurs enfantines les plus sombres sont réactivées de façon délicieuse. Mais au bout d’une trentaine de pages, le doute s’installe. L’histoire va glisser très vite vers des nébulosités desquelles le lecteur, bien que fort intrigué, risque de se soustraire. Des boursouflures sans intérêt envahissent le récit, à l’image des phylactères qui semblent se multiplier à la façon d’un dérèglement cellulaire, comme si ce que chaque personnage exprimait avait un intérêt quelconque, ce qui est loin d’être le cas. Bien au contraire, cela ne fait qu’installer la confusion dans un récit à la structure déjà brouillonne. Si la fascination demeure au fil des pages, on se sent presque exclu de ces digressions interminables et indigestes, et pour finir peu concernés par le sort de ces enfants punks, à l’exception peut-être du jeune Hollis, boloss parmi les durs parvenant à provoquer quelques fou-rires sur plusieurs pages.

Globalement, la déception est à la hauteur des attentes, et c’est bien dommage car incontestablement Il y a du fond et du potentiel dans cette BD. Mais Farel Dalrymple semble avoir été dépassé par son projet sophistiqué, dont hélas il est impossible de saisir la teneur. La force du contenu et son esprit subversif sont comme brouillés par le polymorphisme de la structure. Et on se désole devant tant de gâchis. Alors à une prochaine peut-être, mister Dalrymple ?

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