Topaze, tome 1
de Serge Scotto (Scénario), Éric Stoffel (Scénario), Eric Hübsch (Dessin)

critiqué par Shelton, le 18 avril 2016
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
De qualité, tout simplement !
Si je vous parle de Topaze, chacun d’entre vous, du moins ceux qui sont cinéphiles ou d’un certain âge – je n’ai pas dit vieux ! – aura en tête des images d’un film de 1951 avec un certain Fernandel dans le rôle éponyme et une belle Jacqueline Pagnol pour lui tenir compagnie… Topaze est tellement connu par ce film et cet acteur principal que l’on finit par oublier deux choses. D’une part qu’il s’agit d’un texte de Marcel Pagnol, une pièce de théâtre pour être précis qui fut jouée pour la première fois en 1928 et d’autre part que ce film de 1951 ne fut pas la première adaptation cinématographique car il y en eut plusieurs mais qui n’avaient pas satisfait l’auteur d’où cette réalisation qu’il dirige lui-même avec Fernandel…

Mais il était temps que la bande dessinée s’empare de ce personnage de cette histoire et qu’elle retourne au ton de départ qui me semble bien d’actualité. En effet, Topaze est un instituteur intègre, pur et d’une honnêteté à toute épreuve… Enfin presque ! Son intégrité et sa fidélité le font chasser d’une école où il se donnait à corps perdu aux enfants sans réaliser le double jeu de certaines personnes… une fois en dehors, il va se laisser piéger… Attendez, j’ai l’impression que je suis en train de vous raconter cette histoire. Il ne faudrait pas que je vous en dise trop car cela pourrait vous donner envie de passer votre chemin alors que cette adaptation en bande dessinée est de très bonne qualité et qu’elle vient prendre sa place tout naturellement dans cette collection menée par les éditions Bamboo avec le contrôle ou la bénédiction de Nicolas Pagnol, le travail scénaristique de qualité de Serge Scotto et Eric Stoffel. Cette fois-ci, le dessinateur est Eric Hübsch et on ne le regrette pas car il est parfait dans son rôle avec une narration graphique qui fait oublier en trois case le théâtre et le cinéma à moins de croire comme certain que la bédé n’est qu’un théâtre ou cinéma de papier, c’est-à-dire un art narratif où tout est possible mais avec un prix acceptable pour le réalisateur…

Quant au fond de cette bande dessinée, le lien des citoyens avec la corruption, j’avoue que c’est totalement d’actualité puisque l’on vient d’apprendre que celui qui faisait la guerre aux fraudeurs du RSA – je ne dis pas qu’il n’en existe pas – avait lui-même un compte bancaire en Suisse pour mettre ses économies à l’abri du fisc français… A qui se fier ? A Topaze, modeste instituteur rejeté par son institution ? Peut-être pas quand même… Non ?

Cette lecture, au-delà des questions politico-financières, est aussi l’occasion de revivre dans une autre version la fameuse dictée avec les moutons qui étaient en sûreté dans un parc… j’ai dit des moutonssssss…

Quant au pauvre cœur de Topaze, quand les femmes autour de lui sont si belles, comment rester de marbre ? Impossible ! Ah, cette mademoiselle Muche et cette Suzy Courtois… De quoi tourner la tête du pauvre instit ! Et l’argent ne serait-il pas encore plus attrayant que les femmes à moins que ce ne soit le pouvoir lui-même…

Pour ceux qui ne connaitraient pas l’histoire, il faudra attendre le second volume de ce Topaze pour répondre aux questions… Pour tous les lecteurs ce sera un bon moment de plaisir et la preuve si besoin était que la bande dessinée peut s’emparer, doit s’emparer, de tous les classiques pour leur redonner une seconde ou une troisième jeunesse sans les dénaturer. Et pour les plus courageux, qui sait, ce sera l’occasion de replonger votre nez et vos yeux dans les textes d’origine…