L'heure des lames
de Rob Davis

critiqué par Shelton, le 22 avril 2016
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Inclassable ou suréaliste ? A vous de choisir !!!
Je sais bien que vous n’aimez pas tous la bande dessinée. C’est comme ça, je m’y fais. Par contre, je pense que vous devriez partir à la découverte de certains univers contemporains de la bédé qui n’ont rien à voir avec ce que vous avez connu il y a quelques années, quand vous étiez jeunes, quand on vous faisait croire que la BD était réservée aux enfants, à ceux qui ne savaient pas lire, aux imbéciles…

Rob Davis devient, album après album, un grand auteur contemporain. Son travail – oui la bédé peut être aussi un travail – sur Don Quichotte a été salué par de nombreux critiques et ce Britannique démontre que l’on peut être un auteur à part entière même quand on dessine… Sa nouvelle bande dessinée, premier album d’un triptyque est tout simplement géniale !

Pourtant, tout aurait pu nous éloigner de cet ouvrage. Pensez-vous, il est question, une fois de plus – encore et encore chanterait Cabrel – de ce délicat passage de l’âge de l’enfance à l’âge d’adulte. Oui, on va encore côtoyer des adolescents en mal de vivre, en difficulté avec le monde des adultes, à la découverte d’eux-mêmes et des autres… Oui, mais…

Cette fois-ci, vous allez plonger, immédiatement, dans un monde étonnant. Le premier mot qui m’est venu aux lèvres est « surréaliste ». Cela peut sembler galvaudé, un peu rapide et simplificateur, mais à la deuxième lecture, je suis obligé de confirmer l’impression de départ. Oui, nous sommes immergés dans le surréalisme de Rob Davies.

Un surréalisme plein de tendresse et d’humour. Je ne voudrais pas dénaturer les propos et images de l’auteur ni vous vous donner des illusions mais c’est rare de se trouver devant une bande dessinée si profonde, si poétique, si déjantée, si humaine, si violente, si crédible, si impossible, si détonante, si révolutionnaire, si classique, si cruelle, si forte, si innocente… Oui, elle tout et son contraire et c’est aussi pour cela que je me suis laissé prendre par cette narration graphique, fortement autobiographique, de Rob Davis…

Est-ce que cela peut plaire à tous les lecteurs ? Non, bien sûr ! Si vous êtes trop rationalistes, trop raisonnables, trop conventionnels, trop tristes… passez votre chemin et trouvez ailleurs un autre album à votre goût ! Il en existe !!!

Si vous êtes curieux, si vous n’avez peur de rien, même pas des lames qui tombent du ciel et du cadavre de la mère de Peter Cake qui traine dans la cour de récréation, si vous croyez avoir tout lu et pensez ne plus pouvoir être surpris par une lecture… Alors, prenez votre table de jardin, laissez votre mère sous l’escalier et allez prendre un peu l’air…

J’ai adoré et j’espère qu’il en sera de même pour beaucoup d’entre vous ! Oui, en bédé, aujourd’hui, tout est possible, tout peut être exploré, tenté, offert aux lecteurs !