Vernon Subutex, 2
de Virginie Despentes

critiqué par Monocle, le 16 mai 2016
(tournai - 64 ans)


La note:  étoiles
Vernon is back again.
Vernon, après avoir vogué chez l'un et l'autre, découvre le monde des SDF.
Une lutte pour un banc, une guerre pour un carton ou un squat, le manque de sommeil, les corps puent et les âmes aussi.
Le parc des Buttes-Chaumont semble offrir un aspect accueillant et quelques amis d'infortune se joindront à sa souffrance. Vernon en fera son quartier général. Mais autour de lui tout bouge trop vite : il ne comprend toujours pas toute cette agitation autour de l'enregistrement posthume d'Alex.
Un groupe se constituera pour effectuer de véritables battues afin de retrouver Subutex.

Virginie Despentes ne change pas sa formule. Elle s'attarde longuement sur chacun des protagonistes. Son but est-il de faire un portrait de chacun ? La technique semble réussir mais alourdit fortement la fluidité du texte.
J'ai ressenti parfois une certaine confusion.
Sans vouloir dévoiler l'intrigue, je suppose que d'autres lecteurs seront, comme moi, interpellés par quelques pages qui ont de très curieuses ressemblances avec la scène du tatouage de "Millénium de Stieg Larsson".
Subutex reste pareil à son image. Il décline toutes les invitations. Il ne supporte plus physiquement ni les murs, ni les plafonds. Les objets l'agressent. Une vibration nocive le harcèle. Le pire, c'est encore la présence des autres autour de lui car il sent leur misère, leur peur panique, leurs douleurs. Il a l'impression que c'est comme un pollen qui s'infiltre à chaque respiration.

L'auteure n'est pas tendre avec le monde qu'elle décrit. Elle n'est pas tendre non plus avec son roman qui n'est pas facile à digérer.
ouais mais bon 5 étoiles

J'ai trouvé ce second opus plutôt lassant. L'histoire prend une tournure répétitive et n'a pas la prégnance du premier. Peut-être trop intrigué et surpris par cette espèce d'utopie dans laquelle les personnages évoluent, m'a donné moins envie de lire la suite. çà et là quelques fulgurance dans son écriture comme dans les rebondissements mais pour le reste ça tombe un peu à plat tellement on ne sait pas où elle veut en venir. Probablement voulu vu la fin dans le tome suivant. Enfin les péripéties ne sont pas trop exagérées et j'ai été tenu sans difficulté, mais avec mollesse.

Magicite - Sud-Est - 46 ans - 18 septembre 2018


Même pas mort ! 8 étoiles

Au final ce 2e volet des aventures de Vernon Subutex est une belle réussite avec comme seul bémol le démarrage de l'ouvrage. J'ai en effet trouvé que les 70 premières pages tournaient un peu en rond, avaient du mal à retrouver un rythme, une direction. La suite est dans la lignée du 1er livre et captive jusqu'à la fin sans temps mort.

Botchman - - 52 ans - 16 septembre 2018


Une réalité si cruelle et parfois drôle ! 8 étoiles

La pente aussi descendante qu'inévitable conduit bien le protagoniste vers la clochardisation, et squatter devient de plus en en plus dur pour cet ex-disquaire devenu idole d'une génération. Virginie Despentes continue son analyse sociale, sans concession, mais non sans humour, de son habituel ton décapant. Son analyse sonne juste, si bien que la lectrice et le lecteur ne sont jamais lassés, malgré la rudesse du propos. Cette épopée de la misère contemporaine décrit bien une époque et son état d'esprit. Elle pourrait faire date.

Veneziano - Paris - 47 ans - 21 juillet 2017


Vernon Subutex est de retour! 8 étoiles

Dans le premier tome, l’auteure nous présentait une galerie d’individus hétéroclites que l’on rencontrait au fur et à mesure sur le chemin de la décrépitude de Vernon. Dans le deuxième, elle fait avancer le mystère de la vidéo et les protagonistes deviennent un peu plus acteurs. Sans vraiment le vouloir et sans réelles raisons, une communauté se crée autour de Vernon dans le parc des Buttes-Chaumont. Chacun a sa vie personnelle et chacun apporte sa pierre à l’édifice de cette collectivité, où tout semble si mélancolique.

Ce qui faisait la grande qualité du volume 1 est encore présent dans la suite. La plume de Virginie Despentes fait une nouvelle fois merveille. Elle est toujours aussi incisive, toujours sans aucun filtre. Elle donne l’impression de lire dans l’esprit de ses personnages pour en tirer des réflexions du quotidien et qui nous concernent tous. Là où elle s’appliquait dans le premier livre à nous décrire la diversité de la société, elle oriente cette fois son récit sur un plan un peu plus politique. On sent qu’elle veut faire passer un message. En accentuant le trait de certains intervenants et en n’ayant jamais peur de choquer, elle laisse des traces et fait réfléchir le lecteur sur sa condition… et surtout sur la condition des autres.

Je ne me suis jamais ennuyé tant le texte regorge de réflexions intéressantes mais à un certain moment, j’ai trouvé que l’histoire tournait un peu en rond et que l’intrigue ne progressait plus vers la fin. Je suis ravi d’avoir continué cette fresque sociale et je mets beaucoup d’espoir dans le prochain roman qui va clôturer la trilogie. J’ai seulement une petite crainte que tout soit déjà dit. Mais je fais confiance à Virginie Despentes pour mettre de nouveau son écriture mordante au service de son imagination et bien sûr de ses idées, afin de me séduire comme elle a su le faire jusqu’à présent.

Killing79 - Chamalieres - 45 ans - 20 août 2016


Thérapie de groupe 6 étoiles

Après sa lente mais inéluctable clochardisation, Vernon squatte le parc des Buttes-Chaumont. Son détachement quasi pathologique sidère et questionne ceux qui l'ont cherché. Et malgré lui, comme tout ce qui lui arrive, il devient l'amer d'un groupe en perdition, le baume de personnalités abîmées.
Le style n'a pas changé, toujours aussi percutant, mais la pente mystique du second tome m'a déplu. De Despentes je préfère l'ombre à la lumière.

Elko - Niort - 48 ans - 21 mai 2016