Ada ou l'ardeur, chronique familiale de Vladimir Nabokov

Ada ou l'ardeur, chronique familiale de Vladimir Nabokov
( Ada or Ardor : a family chronicle)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Ada, le 9 mars 2004 (Inscrite le 9 mars 2004, 48 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 579ème position).
Visites : 13 840  (depuis Novembre 2007)

Un excellent roman

Ce roman retrace l'histoire d'amour de Van et d'Ada. Ce sont eux qui écrivent leur histoire, histoire quelque peu particulière puisqu'ils sont frère et soeur, élévés comme cousins germains. Mais ce n'est pas ce qui importe, ce que Nabokov met surtout en exergue, c'est la passion de ces deux êtres, passion qui dura toute leur vie.
Les premiers chapitres sont un peu longs, mais ensuite, c'est un vrai plaisir de lecture. Le style littéraire est exceptionnel, on oscille entre des allusions aux passés des héros, des flash back, des allusions littéraires, poétiques, on y trouve des expressions russes, anglaises etc. Tout concorde à nous faire entrer dans l'intimité des héros, dans le labyrinthe de leurs vies.
A noter que Nabokov a collaboré à la traduction française.
Nabokov disait: "Ada est probablement l'oeuvre pour laquelle j'aimerais qu'on se souvienne de moi". J'ajouterai que Ada est l'oeuvre qui a fait entrer Nabokov dans mon top 5. A lire absolument pendant les grosses chaleurs de l'été ou les longs soirs d'hiver.

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Un roman particulièrement lassant

3 étoiles

Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 2 octobre 2017

Ada ou l’Ardeur est considéré par les amateurs de Nabokov comme étant un de ses meilleurs romans. Les critiques sur le site témoignent d’ailleurs de cela dans leur ensemble. C’est pour cette raison précise que je me le gardais au chaud depuis plusieurs années, le laissant vieillir et s’affiner comme un bon vin, même si cela ne sert à rien.
Cependant il était temps de le saisir et d’enfin le lire! Une mise en place lente mais un style qui rattrape le tout m’ont longtemps retenu de ce profond désir d’abandonner cette lecture qui s’est rapidement emparé de moi. Les autres critiques m’ont aussi renforcé dans ce choix de persévérer. Cent pages, deux cent et ainsi de suite jusqu’au point de rupture que fut les environ de la cinq centième page constituent donc cette drôle d’expérience de lecture que fut Ada ou l’ardeur.
Il se passe si peu de choses que résumer tout cela est très simple : Van et Ada s’aiment et entretiennent une liaison incestueuse. Quelques personnages gravitent tout de même autour d’eux. Voilà ! Bien entendu j'exagère un peu!
Après bien entendu l’histoire ne fait pas tout, les amateurs de Proust ne diront pas le contraire. Et le style Nabokov tout de même ! Oui mais… pollué par l’emploi intempestif de parenthèses longues, mais longues… Du moins dans la version Poche que je possède. Au bout d’un moment je ne les lisais plus ce qui m’a permis de prolonger la lecture jusqu’à atteindre le stade de la lassitude extrême.
Je me suis dit « lis un autre roman à côté pour apaiser ce sentiment ». Que nenni, le roman « d’à côté » s’est vite transformé en lecture principale. Une fois achevé, retour à Ada, 10 pages et overdose…
La littérature est si riche que j’ai ce sentiment d’avoir perdu 2 mois de lecture à m’être acharné sur ce roman. Vous l’aurez compris je ne garde pas un grand souvenir de ce roman, si ce n’est d’une lecture lassante, d’un roman où il ne se passe pas grand-chose, bref d’une grande déception.

La chronique, étourdissante et joyeuse, d'un amour intense et charnel entre deux êtres exceptionnellement brillants

9 étoiles

Critique de Eric Eliès (, Inscrit le 22 décembre 2011, 50 ans) - 21 mars 2017

« Ada ou l’ardeur », en partie éclipsé par le succès de scandale de « Lolita », est souvent présenté comme le chef d’oeuvre de Vladimir Nabokov. Il y reprend le thème de la nymphette, presque obsessionnel dans son œuvre (à tel point qu’il éprouvait sans doute lui-même cette fascination, comme il semble l’avouer dans sa préface à « La confession sexuelle d’un anonyme russe ») mais les aspects sordides qui empoissaient les relations de Lolita et de Humbert Humbert sont ici transcendés par une allégresse libertaire affranchie de tout tabou (comme le souligne Patrick Froyssart dans sa critique). Le roman est le récit joyeux, ponctué de scènes tragi-comiques, d’une histoire d’amour, sensuelle et incestueuse, entre deux êtres exceptionnels qui s’aiment, intensément et charnellement, dès leur première rencontre.

Le roman se présente comme le récit autobiographique écrit par Van Veen, un vieillard presque centenaire dont le caractère impétueux, jamais entravé par des soucis matériels (né noble et riche, il n’a jamais eu besoin de travailler pour vivre), lui a assuré une vie mouvementée et aventureuse emplie de voyages, de duels et d’amours de passage. Il se souvient et célèbre son amour pour Ada, sa cousine rencontrée lors d’un séjour au château d’Ardis alors qu’elle avait douze ans et lui quatorze. Elle fut son premier et seul amour véritable même si les vicissitudes de la vie et les conventions sociales les sépareront car Van obéira à son père, un homme riche, excentrique et séducteur, qui lui enjoint de s’éloigner d’Ada après qu’il a découvert leurs jeux amoureux…

Ada et Van forment un couple extraordinairement brillant : leur beauté, leur intelligence, leur sensualité et leur culture n’ont d’égales que leur joie et leur allégresse. Les jeux, amoureux et intellectuels, de ces deux êtres d’exception sont prétextes à de nombreuses digressions et fantasmagories sur la langue, l’art, le souvenir, le temps, etc. où Nabokov, avec une grande virtuosité d’écriture, mélange les registres et multiplie les clins d’œil et les jeux de mots. Le roman contient quelques scènes tragiques, notamment le suicide de Lucette, la sœur cadette d’Ada introduite très jeune dans les jeux érotiques de Van et d’Ada, qui aime profondément sa sœur et rêve de former un couple à trois. Amoureuse de Van, qui repousse ses avances après sa séparation avec Ada, elle se jettera, ivre morte, du pont d’un paquebot dans une scène rendue presque hilarante par la narration subjective de Nabokov… L’art littéraire de Nabokov réside dans son inventivité foisonnante et dans sa capacité à transcender tout ce qui serait sordide et glauque sous la plume de tout autre auteur les moments ; même dans les scènes dramatiques, le ton du roman reste constamment joyeux et plein de verve fantaisiste. D’ailleurs, les personnages évoluent dans un monde romanesque, qui est une distorsion légère de notre monde « historique » présenté comme une sorte d’émanation poétique et maudite, nommée Terra, que seuls quelques cinglés tiennent pour être le monde réel. Les noms de lieux et de personnes, la géographie physique et politique font référence au monde réel mais avec des décalages et des variations qui mêlent inextricablement les USA et la Russie, peut-être pour reconstituer la véritable patrie spirituelle de Nabokov, dont la famille, issue de l’aristocratie russe, émigra, à la révolution, en Europe et aux Etats-Unis.

Après bien des péripéties, Van et Ada, qui a épousé un vieux bourgeois terne et médiocre, se retrouveront sur les berges d’un lac suisse et vieilliront ensemble. Dans les derniers chapitres, le récit, parsemé d’annotations d’Ada, se transforme en réflexion sur la texture du temps subjectif. Van, vieillard au corps usé mais devenu un écrivain reconnu, dénonce l’illusion du temps qui passe (qui est une métaphore spatiale) et l’existence d’un temps objectif et scientifiquement mesurable. Il n’y a que le Présent, et des souvenirs qui sont le Passé. Cette conclusion, qui mélange arbitrairement plusieurs concepts pseudo-scientifiques et pseudo-philosophiques, n'a pas la profondeur de la réflexion de Proust sur le temps retrouvé et sonne même un peu creux par moments ; néanmoins, elle permet de souligner la vraie nature du roman : une chronique étourdissante et chatoyante, soyeuse et changeante comme le souvenir, qui mêle et emmêle plusieurs vies et plusieurs niveaux de réalité (folie, cinéma imaginaire, monde historique et monde rêvé, fantasmes, etc.).

Un catalogue "lassant" des vices humains

4 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 11 juillet 2012

Je suis navré d'avoir à apporter une note discordante, dans ce concert de louanges, mais je n'ai pas adhéré à cet univers. S'il initie bien des réflexions intéressantes, ce roman file, sur d'interminables longueurs, l'analyse des comportements marginaux ou à la limite de la morale. S'il y a bien des passages amusants, l'effet de provocation sous-jacente finit par - me - lasser, et perd de sa force, pour finir par - m' - irriter. La force de ce livre finit par devenir vaine, à mon sens, voire contre-productive.

Diamant littéraire

10 étoiles

Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 12 novembre 2010

Lumineux et limpide. Tous les autres écrivains paraissent bien pâles à côté ! Nous aimons le monde enchanteur d'Ardis. Merci au magicien ! Note : 12/10 !

Le commentaire de Patryck Froissart

10 étoiles

Critique de FROISSART (St Paul, Inscrit le 20 février 2006, 77 ans) - 26 septembre 2008

Titre : Ada, ou l’ardeur
Auteur : Vladimir Nabokov
Edition : Arthème Fayard, 1975
Titre original : Ada or Ardor
Traduction : Gilles Chahine et Jean-Bernard Blandenier (traduction revue par l’auteur)
ISBN : 2-245-00334-9
490 pages

Ce roman, paru initialement en anglais en 1969, est un diamant littéraire.

Le thème essentiel, récurrent chez Nabokov, en est l’inceste.

Mais contrairement au René de Chateaubriand, qui se morfond, en même temps que sa sœur et loin d’elle, dans la torture morale et le remords chrétien, ou au personnage, plus actuel, de Aue dans Les Bienveillantes de Littel, qui nourrit pour sa sœur une passion morbide et dévastatrice, Van Veen et Ada, sa cousine et demi-sœur, assument, consomment et revendiquent un amour flamboyant, heureux, sensuel, qu’ils conservent intact et mènent, malgré les vicissitudes et les séparations, parfois très longues, imposées par les conventions sociales, terriblement bourgeoises, jusqu’à la fin du roman, qui décrit la vieillesse paisible qu’ils vivent enfin réunis.

Pas de dénouement tragique, donc, puisque notre lecture s’achève sur les réflexions existentielles d’un Van de quatre-vingt-dix sept ans, narrateur et personnage principal, en train d’apporter, aidé d’Ada, les dernières corrections au chapitre qui clôt le récit de ce magnifique amour, toujours vivace, qui n’a jamais faibli depuis les premières étreintes, immédiatement et furieusement charnelles, entre l’adolescent averti de quatorze ans qu’il était et l’ardente jeune fille de douze ans qu’était sa sœur.

Avant de réaliser leur rêve de vivre une vraie vie de couple à plus de cinquante ans, leur amour connaît maintes contrariétés, la plus douloureuse étant le suicide, à l’âge de vingt-cinq ans, de la délicieuse Lucette, sœur cadette d’Ada et cousine de Van, follement amoureuse de ce dernier, qui résiste à ses avances et à la proposition d’Ada de construire un « couple à trois » (car Ada adore sa sœur à qui l’unit une passion lesbienne parallèle.


De nombreuses autres péripéties créent un suspens romanesque qui entraîne le lecteur dans une vie mondaine animée de personnages extravagants, dont Marina, la mère d’Ada, actrice excentrique, et le père de Van, Dementii, surnommé Démon, amant et beau-frère de Marina, et, accidentellement, père biologique d’Ada, voyageur riche et oisif collectionneur de lolitas (autre thème cher à Nabokov).

Attention ! Aucune fausse pudeur dans ce très beau roman, que tout lecteur coincé dans l’étroitesse de ses préjugés moraux doit s’abstenir de lire.

Outre la sensualité réjouissante et jouissive qui déborde des lignes d’Ada, l’élégance de l’écriture (la traduction en français, revue par l’auteur, est une réussite), l’inventivité romanesque (avec ses glissements équivoques entre deux univers parallèles, sa cartographie fantaisiste et sa folle toponymie), le foisonnement des parenthèses scientifiques (Ada est passionnée par les fleurs et les insectes et Van se passionne pour la philosophie et la psychologie), la multiplication des jeux de mots, les intrusions, dans le cours de la narration, de Van et d’Ada nonagénaires sous la forme de notes, de remarques ou de contestations, font de ce livre, à mon sens, un de ces chefs-d’œuvre qu’on garde précieusement chez soi pour pouvoir y revenir, et en refaire une lecture heureuse, au minimum deux fois l’an.

Patryck Froissart, Boucan Canot, le 19 septembre 2008

excellent je suis d'accord

10 étoiles

Critique de Sallygap (, Inscrite le 18 mai 2004, 47 ans) - 18 mai 2004

Inconditionnelle de Nabokov, n'ayons pas peur des mots, je trouve aussi qu'Ada est un de ses meilleurs romans. Moins connu que Lolita, mais qui mérite vraiment qu'on s'y penche et qu'on dépasse les premiers chapitres, un peu longs je trouve aussi, mais ensuite on est plus vraiment emportés par l'histoire et le style de cet auteur. Laissez vous porter.

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