Géopolitique des empires
de Gérard Chaliand, Jean-Pierre Rageau

critiqué par Colen8, le 30 mai 2016
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Coup de projecteur arrière pour éclairer le présent
Il y a des constantes de l’histoire mondiale depuis les Pharaons à avoir à l’esprit. Le continent asiatique est en train de retrouver la place centrale qui était la sienne. C’est là qu’ont émergé les plus grands empires sur les plus longues périodes, Gengis Khan, les Moghols. Ses vastes steppes peuplées d’éleveurs nomades ont favorisé la mobilité de cavaliers adroits et très aguerris dans toutes les directions tant vers l’ouest européen, que le sud indien et l’est chinois. Ils ont été sans cesse attirés par les richesses accumulées dans les zones des agriculteurs sédentarisés vivant dans les plaines fertiles de Mésopotamie, de l’Indus et des grands fleuves chinois. Puis il y a eu la Grèce antique, Rome, l’empire byzantin, les avancées foudroyantes de l’islam absorbé progressivement par l’empire ottoman. L’hégémonie de l’Europe s’est construite sur plusieurs révolutions concomitantes : le système copernicien, la Réforme protestante, l’imprimerie, les grandes découvertes, la Renaissance, la colonisation du continent américain et les afflux de richesse dont elle a été la source. La suite nous est plus familière.
Ecrit dans un style quasi télégraphique, ce condensé tente de donner les clés de la géopolitique actuelle. Les empires occidentaux des siècles derniers appuyés par leur puissance maritime se sont effondrés, l’Union Soviétique victime de sa bureaucratie aura tenu quelques décennies. A l’aune de ces durées longues et des violences antérieures les médias donnent une image exagérée du pouvoir de nuisance du terrorisme islamique. La grande menace vient de la démographie explosive du continent africain n’ayant le potentiel ni de nourrir ni d’occuper ses habitants. Face à celle-ci la fragilité politique se trouve dorénavant au cœur de l’Europe. Selon les auteurs après s’être quasiment suicidée lors des deux conflits mondiaux du siècle passé, le vieillissement de sa population l’empêche de renouer durablement avec la croissance.