Gilda Stambouli souffre et se plaint...
de Paula Jacques

critiqué par Jfp, le 12 juin 2016
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
les fables de la fontaine
Avec une ironie mordante, Paula Jacques brosse le portrait d'une femme juive, très belle, ayant dû fuir l'Égypte nassérienne au moment de la "Crise de Suez" (1956-1957), en compagnie de ses deux enfants. Juliette, l'aînée, va être confiée aux "bons soins" d'un kibboutz israélien situé non loin de la frontière syrienne, pendant que sa mère se réfugie à Paris en compagnie de son jeune fils. Partie sans un sou vaillant ou presque, vivant chichement à l'hôtel grâce aux subsides d'un organisme charitable, elle espère toujours recevoir la somme d'argent assez coquette exigée par le kibboutz en échange du rapatriement en France de sa fille. La quête d'un emploi, pour elle qui n'a jamais fait que commander des domestiques, est un parcours du combattant, repoussant sans cesse la perspective de voir enfin se reconstituer un foyer. Loin d'être la "Mère Courage" à quoi un tel destin semble la prédisposer, Gilda Stambouli s'avère un être calculateur, utilisant son charme et ses pleurs pour arriver à ses fins, et repousser sans cesse et sans cesse la venue de cette adolescente au caractère bien trempé, avec qui elle a peur de se confronter. Une fine analyse psychologique, où l'humour en demi-teinte ne masque guère la critique acerbe, sans doute non dénuée d'une rancune toute personnelle, d'un certain type de personnalité, mélange de séduction et de perversité, à l'origine de bien des drames familiaux…