Tant de chiens
de Boris Quercia

critiqué par RayUnion, le 2 août 2016
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Un flic un peu spécial
Le cadre du roman est la ville de Santiago du Chili présentée comme une ville grise et polluée. L’histoire est racontée à la première personne du singulier par le personnage principal, Santiago Quiñones. C’est un flic sensible qui s’émeut de la souffrance des femmes mais ce n’est pas un bon policier. Il cumule les vices et c’est un vrai junky : les clopes pour mieux réfléchir, l’alcool pour se détendre, la cocaïne pour se stimuler, les cocktails de médicaments pour se remettre d’aplomb. Il ne maîtrise pas pas grand chose dans son enquête, d’ailleurs il n’enquête pas vraiment, il est pris dans un flot d’événements qui le mettent en danger, il essaie de rester en vie. Et c’est difficile ! Il est attachant par certains côtés : un brin désenchanté, il est lucide à jeun sur le monde qui l’entoure, il éprouve de la compassion pour les gens qui souffrent et pour les femmes maltraitées. Il reste amoureux de sa femme bien que leur entente batte de l’aile. Ce qui ne l’empêche de se faire sucer par des nanas encore plus toxicos que lui avec qui il partage quelques bons rails de coke. Pas vraiment le policier modèle ! La veuve et l’orphelin ne doivent pas compter sur lui. Pas plus que sur la police en général car elle est corrompue dans sa grande majorité, mis à part deux flics intègres : Jiménez qui s’est fait descendre, et l’increvable Marcelo qui survit toujours.

Dans la dernière partie du roman, l’action s’intensifie et on bascule dans le thriller. La conclusion est à la fois douce et amère. Tout n’est pas perdu pour Santiago Quiñones mais les méchants, quand ils détiennent le pouvoir, s’en sortent bien. Comme toujours, ici et ailleurs.

Tant de chiens est un roman noir dont la noirceur et la cruauté sont atténuées par la personnalité à la fois agaçante et touchante d’un flic hors normes.