De l'art d'accommoder un prosateur cocu à la sauce poétique
de Éric Dejaeger

critiqué par Débézed, le 26 août 2016
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Cuisine surréaliste
Eric Dejaeger est peut-être l’auteur le plus prolifique des lettres wallonnes, j’ai eu l’occasion de lire presque toutes ses dernières publications, je pousse même le zèle et le plaisir jusqu’à dénicher des œuvres plus anciennes pour apprécier l’évolution de son style et de son talent. Je connaissais le poète, le romancier, le nouvelliste, "l’aphoriste", l’auteur de textes courts et même ultracourts mais je n’avais pas encore eu l’occasion de croiser le dramaturge, c’est chose désormais faite avec ces deux saynètes écrites « à l’occasion de trois jours de rencontre d’écriture très agités intitulés « Le Bocal agité » réunissant auteur, comédiens metteurs en scène… produits par Gare au Théâtre ».

Eric n’a pas attendu d’avoir écrit des milliers de lignes avant de devenir un fidèle disciple des Sternberg, Scutenaire ou autres surréalistes encore, le surréalisme est l’encre dans laquelle il aime à tremper sa plume et ces deux saynètes ne font pas exception à ce penchant littéraire.

La première saynète se déroule dans une salle à manger, à l’heure du dîner, quand commence une émission de radio consacrée à la cuisine, mais une cuisine particulière qui consiste à accommoder un auteur à la sauce poétique. La scène ne manque pas de sel, si j’ose dire, la recette proposée est une cuisine très littéraire et tout aussi lapidaire. L’auteur coupable devra répondre de ses actes dans la seconde saynète, « Règlement de compte à O.K. Poetry », où la conception et l’écriture du texte sont les moyens utilisés pour commettre le forfait.

Une histoire bien surréaliste écrite dans des conditions de temps et de lieu bien déterminées, un exercice de création littéraire comme Eric Dejaeger les aime bien.