Berlin 2.0 de Mathilde Ramadier (Scénario), Alberto Madrigal (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Adultes

Critiqué par Pucksimberg, le 27 août 2016 (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (42 051ème position).
Visites : 4 222 

Vivre à Berlin quand on est français

Margot a 23 ans et décide d'aller vivre à Berlin, ville libre connue pour ses soirées et pour sa richesse culturelle. Elle parle allemand donc son intégration devrait se faire facilement. Sur place, elle recherche un job et parvient à se faire rapidement des contacts. Par un réseau de connaissances elle parvient à passer des entretiens. Elle se rend vite compte que le statut du travailleur n'est pas le même qu'en France. Les employeurs lui proposent une misère et elle a intérêt d'être contente parce qu'elle débute.

Cette bande dessinée permet aux auteurs de parler de Berlin, des habitudes des habitants, des traits caractéristiques de la capitale et des différences avec la France. Le lecteur aurait presque l'impression que l'histoire est un prétexte à parler de cette ville. Le scénario n'est pas bien épais et l'ennui pointe son nez parfois.
L'intérêt principal réside dans ce que l'on apprend sur la ville car le quotidien de Margot n'est pas bien intéressant ni trépidant. Le fonctionnement des soirées, les lieux secrets où faire la fête, le festival du film pornographique, l'attitude peu humaine des employeurs, les parcs, tout ce qui définit la ville reste plaisant. On sent la caractère autobiographique et le besoin de décrire ce qui a été vécu, ou du moins cette ville, au détriment du scénario sans nul doute.

Les dessins restent plaisants et permettent de se plonger dans l'atmosphère de cette ville. Les visages ne sont pas forcément très travaillés et pourtant ils sont d'une grande expressivité. On parvient très vite à voir à quelle catégorie appartient chaque personnage.

Une bande dessinée que je risque d'oublier rapidement ...

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A Berlin, mieux vaut être jeune et en bonne santé…

8 étoiles

Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 18 février 2017

A l’échelle internationale, Berlin jouit d’une excellente image. Pour beaucoup, elle reste une ville de culture, cosmopolite, bohème et créative. A Berlin, tout le monde est cool, « jeune » et motivé. On peut s’y faire plein d’amis, les loyers ne sont pas chers et les opportunités d’emploi dans les start-ups abondent via les réseaux sociaux. Avec ce récit doux-amer et via le personnage de Margaux, Mathilde Ramadier évoque sa propre expérience, lorsqu’au début des années 2010, elle avait quitté Paris, trop étouffante, pour rejoindre la capitale allemande où elle espérait faire fructifier ses compétences dans le domaine culturel. Mais la jeune femme va très vite déchanter en découvrant l’envers du décor. Sous cette coolitude des apparences, la réalité du libéralisme le plus impitoyable se fait jour, avec notamment ses minijobs précaires à 400 €, et l’absence de couverture maladie… Et pourtant, malgré elle, elle finit par l’apprécier cette vie de bohème au jour le jour, où la peur du lendemain semble atténuée par le flegme bienveillant des Berlinois. Peut-être parce que comme l’avait si bien dit un maire social-démocrate, « Berlin est pauvre mais sexy »…

Le trait apaisé et nonchalant d’Alberto Madrigal, associé à la clarté de ses couleurs pastels, colle parfaitement à l’ambiance berlinoise. Et comme « Berlin 2.0 » se rapproche parfois du carnet de route, le dessinateur utilise à bon escient le cadrage pour souligner les spécificités architecturales, culinaires ou sociales (par exemple, se déchausser dans le logement de son hôte) de la capitale allemande.

« Berlin 2.0 » constitue une excellente peinture de l’Allemagne à l’heure de l’économie numérique, même si Berlin n’est pas forcément représentative de l’ensemble du pays. Mais l’ouvrage fait voler en éclat les clichés sur le fameux modèle social allemand que l’on a longtemps considéré comme la référence absolue de ce côté-ci du Rhin. Il faut dire que la chute du mur est passée par là, suivie des très libéraux gouvernements Schröder et Merkel. Depuis, la pression de la gauche et des Verts a permis d’instaurer un salaire minimum à 8,50 € avec des sanctions pour les employeurs qui ne respecteraient pas la loi. Tout cela est très bien détaillé dans l’annexe à la fin du livre. L’ouvrage est conseillé à tous ceux qui s’intéressent à la manière dont nos voisins vivent les mutations économiques en cours, et particulièrement aux plus jeunes tentés par l’aventure berlinoise.

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