Shangri-la
de Mathieu Bablet

critiqué par Hervé28, le 14 septembre 2016
(Chartres - 55 ans)


La note:  étoiles
Un space-opéra fantastique
J'ai mis pas mal de temps à lire ce pavé.
C'est vrai que les visages se ressemblent un peu dans cette bande dessinée, mais je me suis beaucoup attardé sur la beauté des planches surtout celles qui se déroulent dans l'espace (les couleurs sont superbes !).
Le chapitre introductif est remarquable et nous donne une autre vision de cette aventure; une fois l'ouvrage lu.
Le scénario offre de multiples rebondissements, certes avec parfois certaines redondances, notamment sur le lancement à peine voilé d'un iphone qui ressemble étrangement au battage médiatique que l'on connait actuellement.
Il faut souligner la qualité de l'édition qui, à presque 20 € malgré plus de 200 pages, est tout à fait remarquable. Un rapport qualité prix qui devrait faire réfléchir d'autres éditeurs.
Je remercie mon libraire de m'avoir fait découvrir cette œuvre de SF, qui n'est pas trop habituellement, mon domaine de prédilection.

En tout cas , une très belle lecture pour cette rentrée.
Et je n'hésiterai pas à me replonger dans la lecture de cet ouvrage.
Bref, à lire et à relire
surligner son propos ne le rend pas indélébile 6 étoiles

La Terre étant devenue inhabitable de par leur folie, les Hommes vivent dans une station orbitale. La multinationale Tianzhu, qui s’est substituée à tout gouvernement démocratique, veille sur la bonne marche de la vie quotidienne ainsi que sur les ventes de ses produits.
Dans ce meilleur des mondes possibles, peu savent que des explosions inexpliquées se produisent dans des stations d’étude scientifique plus ou moins éloignées. Ce que chacun sait, c’est que l’Homme se rêve Dieu et espère créer une nouvelle espèce humaine à partir de rien pour l’implanter dans une plaine de Titan, le satellite de Jupiter. La plaine porte le doux nom de Shangri-La.

Mathieu Bablet surligne son propos. C’est peut-être utile pour les lecteurs qui n’ont a priori aucun regard critique sur la société consumériste d’aujourd’hui, mais ça l’est beaucoup moins pour les autres, particulièrement pour ceux qui aiment la finesse.
Racisme, consumérisme, instrumentalisation, manipulation, exploitation animale, et j’en passe. L’auteur chausse ses gros sabots et dénonce à tout va en articulant parfois artificiellement les divers propos.
Il finit par lasser le lecteur averti que je suis. Les 2 premiers tiers de l’ouvrage se résument en grande partie à de longues séquences où des adolescents un peu attardés et sans véritable épaisseur psychologique se promènent dans une station orbitale qui ressemble à un grand centre commercial tout en partageant quelques pensées sur leur aliénation.

Et puis, finalement, l’histoire décolle dans le dernier tiers. Ce qui ressemblait jusque-là à une collection un peu branlante et pesamment surlignée de constatations alarmantes sur notre époque débouche sur quelque chose de plus radical par des accès de violence de plus en plus incontrôlés, dans des épisodes où l’espèce humaine montre clairement les limites de sa grandeur, de sa raison et… de son intérêt. Les considérations de l’auteur sur les mouvements de masse et leur exploitation se révèlent plus pointus et donc plus intéressants. Mathieu Bablet nous réserve aussi quelques twists étonnants et mène naturellement à un vide abyssal (à la mesure de l’espace) qui, au final, fait impression.

Mathieu Bablet se révèle assez bluffant dans le dessin des décors et dans la maîtrise des couleurs, surtout quand il s’immisce dans des paysages naturels, mais cela ne réussit pas à dissiper notre impression très mitigée.
A lire pour le dernier tiers du récit ou si le mot "aliénation" n’a jamais rien évoqué de personnel chez vous. Dans ce cas vous pourriez prendre conscience de quelque chose...

B1p - - 51 ans - 1 mars 2017