Julius Corentin Acquefacques, tome 5 : La 2,333ème dimension
de Marc-Antoine Mathieu

critiqué par B1p, le 26 mars 2004
( - 51 ans)


La note:  étoiles
des ennuis en perspective
Perspective n.f. (Lat. méd. Perspectiva, perspicere, voir à travers). Art de la représentation en deux dimensions, sur une surface plane, des objets en trois dimensions. L'illusion du volume y est structurée par les lignes de fuite, qui prennent leur source aux points de fuite, généralement situés sur la ligne d'horizon.

Imaginez le drame : Julius Corentin Acquefacques n'a pu s'empêcher d'être entraîné par ses rêves toujours plus extravagants, et, comme d'habitude, il ne peut s'empêcher de semer la zizanie, fût-ce malgré lui. Dans un moment d'égarement il ne peut s'empêcher de perdre un point de fuite, et c'est de suite immanquablement la catastrophe : son monde perd la notion du volume et les hommes sont contraints d'évoluer en 2,333 dimensions.

MAMathieu signe ici une bédé bien digne de ses ressorts habituels : évolutions entre rêve et réalité, collision entre le monde de la planche et celui du dessinateur, fuite dans les mondes parallèles aux propriétés physiques et mathématiques corrompues.
Comme d'hab', il réserve une trouvaille maousse costaud au lecteur. Cette fois, inutile de la dissimuler puiqu'elle est fournie directement avec l'album : une belle paire de lunettes avec un oeil rouge et un oeil vert, destinée à donner accès à la 2,333e dimension. C'est sympa, très ludique, un brin intellectuel. Tout ce qui fait le charme des albums de MAMathieu, et, peut-être, leur limite...

Le mot de la fin par une guest-star de bonne volonté qui voit par accident son travail réduit à néant : "Et un point de fuite mal réglé, ce sont des ennuis... en perspective."
Mieux que la quatrième dimension 8 étoiles

J’ai découvert cet album par hasard dans les rayons de ma médiathèque. Les beaux dessins m’ont attiré et je ne regrette absolument pas mon choix. Julius Corentin Acquefacques est un dormeur impénitent et ses rêves modifient directement le monde qui l’entoure. Un album bourré de non-sens et plein de trouvailles géniales aussi bien en matière de graphisme que de scénario. On a même droit à un passage en 3d très convaincant. J’adore ce genre de Bd qui casse complètement les codes et qui joue avec la structure même des cases. Le noir et blanc très tranché ajoute à l’ambiance et on nage littéralement en plein rêve dans une dimension très étrange où rien n’est impossible et où chaque planche délivre son lot de surprises. Une chance, c’est le tome cinq ! il existe donc encore d’autres épisodes que je vais m’empresser de lire.

Kabuto - Craponne - 64 ans - 23 décembre 2017


Une série qui se termine en apothéose ! 10 étoiles

Dans ce dernier épisode, l’histoire ne débute pas comme d’habitude par la chute de Julius à son réveil. Cette fois, ce sont des chasseurs de rêves qui vont le surprendre dans son sommeil, décelant chez lui cette aptitude à l’onirisme grâce à leurs appareils sophistiqués. Comme dans une chasse aux papillons, les chasseurs tenteront de capturer les rêves de Julius dans leur filet… ce qui va une fois de plus entraîner celui-ci (avec le lecteur) dans un incroyable voyage aux multiples dimensions…

Avec toute la poésie dont il est capable, Mathieu expérimente et joue avec les formes, avec le papier qui devient lui-même un personnage ou un paysage, construit des ponts entre les différentes réalités, entre le dessin et la photo, entre la science et la philosophie, recourt à des mises en abyme vertigineuses, provoque des chocs visuels et mentaux, on va de surprise en surprise, c’est tout simplement bluffant. Le titre « la 2,333e dimension » suffirait à résumer la série. Cela faisait pas mal de temps que je voulais la découvrir et je peux affirmer haut et fort qu’elle est largement à la hauteur de mes attentes. Un univers d’une telle richesse que je relirai sans aucun doute ce chef d’œuvre, certain du fait que pas mal de choses m’ont échappé en première lecture.

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 10 mars 2012


Je n'ose plus rêver... 9 étoiles

Excellent album, que je viens de relire et qui semble indispensable à tous ceux qui veulent apprendre de façon ludique les bases de la bande dessinée : raconter par le texte et le dessin...
Le texte parce que Marc-Antoine Mathieu, même si d'aucun le considère comme un peu intellectuel, est avant tout un raconteur d'histoire. On a envie de le suivre, de se laisser bercer par ses mots... Mais aussi quel dessin ! Si c'est un jeu pour lui de parler de perspective, de fuite, de volume... c'est aussi une façon de dessiner de façon presque parfaite, avec une maîtrise étonnante du noir et blanc...
J'aime beaucoup cet album comme toute l'oeuvre de Mathieu. C'est, dans son genre un génie, et je ne peux que vous proposer aussi de la découvrir et de l'apprécier comme nous...

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 20 juillet 2005


Le retour de MAM 8 étoiles

Non, non.. pas Michèle Alliot-Marie ! Entendez Marc-Antoine Mathieu !

Ca faisait combien, 8 ans ? 9 ans ? longtemps, en tout cas qu'il n'avait pas fait vivre Julius Corentin Acquefacques, dans cet univers surréaliste à mi-chemin entre 1984 d'Orwell et Kafka (d'ailleurs Acquefacques n'est autre que Kafka lu à l'envers ; marrant, non ?)


Ce 5ème opus est encore une fois une petite perle d'humour et de créativité.
Notons au passage que le tome 1 "l'origine" et le tome 3 "le processus" sont aussi tout à fait brillants.

Ah oui, une dernière chose : les différents épisodes sont indépendants et peuvent se lire dans n'importe quel ordre.

Trisopathe - - 45 ans - 5 juin 2004