La succession
de Jean-Paul Dubois

critiqué par Hcdahlem, le 20 septembre 2016
( - 65 ans)


La note:  étoiles
La succession
Ils ne sont finalement pas très nombreux ces romanciers dont on attend avec impatience le nouvel opus, avec la certitude que l’on prendra à chaque fois beaucoup de plaisir à les lire. Jean-Paul Dubois fait partie de cette catégorie et «La succession» ne déroge pas à la règle. Après «Le cas Sneijder», voici donc le cas Katrakilis, qui comme dans presque tous les romans de l’auteur se prénomme Paul.
Depuis plusieurs générations, la famille Katrakilis s’adonne à un passe-temps peu joyeux, le suicide. Quand Paul, le narrateur de ce délicieux roman, reçoit un courrier sibyllin de son père, composé d’une photo de sa voiture américaine et du compteur kilométrique marquant 77777, il ne sait pas encore qu’il est le dernier survivant de la dynastie. Car Paul vit en Floride et n’a quasiment plus aucun contact avec son géniteur.
Après des études – réussies – de médecine, ce Toulousain a en effet choisi de s’exiler aux Etats-Unis pour y pratiquer une variante de la pelote basque au Jaï-alaï de Miami. De 1983 à 1987, il passera les plus belles années de sa vie, sorte de parenthèse enchantée jusqu’à l’annonce du suicide paternel et son retour en France pour s’occuper des obsèques et de la succession.
Un voyage qu’il effectuera en compagnie de Watson, le chien qu’il a sauvé de la noyade entre Miami et Miami Beach, nageant au milieu de nulle part.
À Toulouse, il hérite de la grande maison familiale, dont on ne saura jamais vraiment avec quel argent elle aura été payée par le grand-père Spyridon, fuyant la purge post-stalinienne après avoir été l’un des médecins du leader communiste. Une maison bien trop grande pour un homme seul, d’autant qu’elle est «chargée» de l’histoire familiale et de tant de drames. Après le grand-père, c’est l’oncle qui, au volant d’une moto Ariel 1000 centimètres cubes, choisira de foncer contre un mur le 9 mai 1981, veille de l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir. Il avait 50 ans et vivait aux côtés de sa sœur, la mère de Paul, dans la grande demeure. Cette dernière ne supportera pas cette absence et choisira de la rejoindre dans la mort deux mois plus tard.
On comprendra dès lors que Paul n’a qu’une envie, c’est de repartir en Floride pour oublier ce poids du passé, même si le portrait que l’on dresse alors de son père est autrement plus sympathique que l’image qu’il en avait conservé.
Seulement voilà, à Miami, les joueurs de pelote revendiquent de meilleurs salaires, créent un syndicat et se mettent en grève. Paul doit rapidement trouver du travail pour subvenir à ses besoins, fussent-ils modestes.
Engagé au Wolfie’s, il va faire tomber amoureuse de la patronne, une norvégienne de 25 ans son aînée qui répond au doux nom de Ingvild Lunde. Mais leur liaison s’arrêtera presque aussi vite qu’elle a commencé et il se retrouvera alors sans autre alternative que de retourner en France et reprendre le cabinet de son père.
«Il ne faut jamais son tromper de vie. Il n’y a pas de marche arrière.» lui avait enseigné son oncle. Si cette phrase l’a sans doute envoyé à Miami, elle continuera à le hanter. Echappera-t-il à la fatalité ? Réussira-t-il à briser la malédiction des Katrakilis ? A vous de le découvrir…
La Succession est pour moi l’un des plus beaux romans de Jean-Paul Dubois, celui dont la petite musique résonne le plus à mon oreille. Pourquoi ne serait-il pas celui de la consécration pour cette plume aussi attachante qu’érudite, parvenant avec tant de délicatesse à mettre du loufoque dans le tragique et de la mélancolie dans la gaieté.
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Drame familial 7 étoiles

Paul Katrakilis a suivi des études de médecine, menées à terme, sans conviction ou passion particulière, peut-être pour faire comme son père qui exerce à Toulouse. Mais il a choisi il y a quatre ans, à l’issue de ses études, de s’exiler à Miami – Floride, afin non pas d’exercer l’art de la médecine mais de s’abandonner à sa passion ; la pelote basque (!), au point de devenir professionnel là-bas.
En fait il a fui sa famille, passablement excentrique et qui a érigé en art familial le suicide ! Ca semble en effet une issue inéluctable pour tous ceux qui ont précédé Paul (grand-père, oncle, mère, …). Une originalité pas tout à fait comme une autre ! Et c’est la mise en conformité de son père à la tradition familiale qui va le ramener, à son corps défendant en France, et à Toulouse plus précisément.
Celui-ci s’est en effet jeté d’un huitième étage.
Retour à la maison, pour régler les problèmes de succession – il ne restait plus personne de la famille hormis lui-même. Retour au passé, honni, et une seule envie ; repartir en Floride. Mais voilà, le monde bouge et on ne le retrouve pas toujours là où on le croyait ; son moyen de subsistance, la pelote basque, va s’évaporer quand une grève dure va être déclenchée par le syndicat des joueurs. Il va connaître une déception amoureuse et des difficultés à retrouver ses marques et assurer sa subsistance … Bref il va n’avoir d’autres alternative que de revenir en France. A Toulouse. Dans la maison familiale héritée qui est restée en l’état telle une mise au formol. Et le cabinet médical laissé par son père …
Indéniablement Paul, le héros imaginé par Jean-Paul Dubois, n’est pas doué pour le bonheur. Il le prouvera …

Tistou - - 68 ans - 23 juin 2021


un médecin qui fait sa pelote… 8 étoiles

Paul est médecin malgré lui, pour faire plaisir à son père et ne pas déroger à une tradition familiale. Pourtant, sa passion est la pelote basque, qu’il va aller pratiquer, et dont il va vivre, en se rendant de Hendaye à Miami, où ce sport rare est devenu la coqueluche de la "jet set" et l’objet de paris pharaoniques. Et ce jusqu’au jour où le papa décède, en se jetant du neuvième étage de son immeuble toulousain. Ce père abhorré devient alors une sorte de miroir dans lequel Paul va se contempler et se demander quel héritage il a bien pu lui léguer, sachant que le suicide, aussi, est une tradition familiale. Un roman étrange, tout en demi-teinte, où l’on suit les pérégrinations et les états d’âme d’un personnage complexe, fuyant, auquel il est bien difficile de s’identifier. On y parle de quête d’identité, bien sûr, d’amour, mais aussi d’un sujet grave sur lequel la profession médicale a bien du mal à être en phase avec la société : l’aide médicale à mourir. Jean-Paul Dubois signe là un roman attachant, fort troublant par moments, qu’il est déconseillé toutefois de lire en période de "déprime".

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 26 août 2018


La génétique pour tous ;) 9 étoiles

La succession - Jean-Paul Dubois - Ed. Olivier - 234 p.

Depuis de nombreuses années, le Toulousain Jean-Paul Dubois nous régale avec des livres doucement mélancoliques, et bourrés d’humour.
Il a fait attendre ses lecteurs fidèles pendant 5 ans, et le cru 2016 se montre digne de ses oeuvres précédentes.

Paul, prénommé comme la majorité des personnages de Dubois, est le fils d’un médecin peu conventionnel, et le petit-fils du médecin de Staline. Tous deux sont morts par suicide.
Paul a trouvé sa façon à lui d’échapper à cette malédiction: il est champion de cesta punta (pelote basque), et joue à Miami dans le circuit professionnel. Son diplôme de médecin lui semble parfaitement superflu.

Quand il doit retourner en France pour régler la succession de son père, il sera rattrapé par ses gènes, et il reprendra le cabinet de son père à son corps défendant. Avec toutes les conséquences que l’on devine.

Un livre qui sonne juste, et qui m’a pris aux tripes.
Peut-on échapper à son destin?
Sous un écran de fumée ironique, on trouve une série de questions existentielles.

Dans une interview récente, l’auteur réclame le droit à la dépression.
C’est probablement l’explication de son silence pendant 5 ans.
J’espère qu’il est bien soigné.

Guy.

GuyC1 - - 84 ans - 1 avril 2017


Une succession lourde. 5 étoiles

Je me souviens d'avoir dévoré "une vie française" il y a quelques années. J'avais donc un a priori positif sur l'auteur. Pourtant, j'avoue avoir eu du mal à finir ce roman. Autant la partie "française" du roman m'a emballé, autant celle se déroulant à Miami m'a laissé de marbre. Dommage car la description des ascendants de Paul , le héros, l'histoire de la famille "russe", est savoureuse et m'a d'ailleurs fait songer parfois à la famille qu'Alexandre Jardin nous raconte dans ses romans autobiographiques.
Ce roman est assez sombre tout de même, et les ellipses géographiques ou temporelles y sont nombreuses .
Bref, je suis assez partagé sur ce dernier roman de Jean-Paul Dubois.

Hervé28 - Chartres - 55 ans - 16 mars 2017


Jean-Paul Dubois nous revient après cinq longues années… 9 étoiles

….et cela fait certainement le bonheur de ses affidés dont je fais partie.

Par contre, si on use du mode de la détraction, on dira que dans « La succession », contrairement à ses autres romans, l’auteur surajoute, déclame et enguirlande en voulant soigner à l'excès la forme.

Dommage que ce style parfois ampoulé, parfois trop médicotechnique freine la compréhension. C’est aussi un signe qui ne trompe pas et on peut légitimement soupçonner l’auteur d’avoir voulu par ce truchement décrocher un prix ; sa nomination au Goncourt démontre manifestement qu’il visait probablement une telle consécration.

Bien sûr, l’auteur raconte toujours un peu les mêmes histoires de drames familiaux qui se déroulent systématiquement entre le continent nord-américain et le sud de la France, bien sûr on retrouve les mêmes obsessions ou clins d’œil, mais aussi et avant tout on appréciera les effets drolatiques et décalés, ceux-ci étant associés à un caractère tragique et à une délectable absurdité narrative.

On pourra aussi lui reprocher de s’égarer sur divers sujets pour finalement atterrir vers l’épilogue dans une profondeur qui m’a semblé un peu bancale au regard du reste.

Mais tout est pardonné, et je reste donc sur une note très positive car il faut admettre que ce roman, certes plus porté par son style que par l’originalité de son scénario, peut être qualifié de réussite littéraire qui ravira les lecteurs habituels de l’auteur, mais aussi les amateurs de romans de qualité…. On en redemande

Pacmann - Tamise - 59 ans - 10 janvier 2017


Un héritage pesant 7 étoiles

Paul Katrakilis est joueur professionnel de chistera à Miami. Métier déjà en lui-même très original, surtout quand on apprend qu'il est aussi docteur en médecine.
Et c'est loin d'être la seule originalité de sa vie.
De son grand-père Spyridon Katrakilis, prétendu médecin de Staline, obligé de fuir l'union soviétique avec une lamelle de cerveau dans ses bagages, son père Adrian Katrakilis, exerçant la médecine à Toulouse en short, sa mère Anna Gallieni, plus proche de son frère Jules que de son mari, l'originalité et l'absence de règles conventionnelles semblent la règle de ces membres qui vivent sous le même toit sans former le moins du monde une famille.
Un seul point commun à tous cependant, la mise en scène de leur suicide.
C'est d'ailleurs celui de son père, qui fera revenir Paul en France, après 4 ans de liberté et de bonheur au Jaï-alaï, entre son métier, son ami, son bateau et son rescapé de chien. Un séjour qu'il espère le plus court possible tant il craint de retrouver cette ambiance mortifère.
"Je ne voulais pas de cette famille ni du légiste moscovite, ni de l'ange exterminateur ni de la paire d'horlogers compliqués. Je refusais de prendre la succession de leur entreprise. Je savais parfaitement où ils voulaient me mener."

Un peu trop d'originalité dans cette ascendance à mon goût et surtout un approfondissement des détails ou des biographies secondaires qui m'ont très vite lassée. Je m'attendais à la découverte du père, mais chaque personnage évoqué donne lieu à des pages de digressions.
J'ai préféré les passages racontant son histoire d'amour impossible avec la belle norvégienne, son amitié avec son co-équipier Joey et ses "échanges" avec Wilson, son fidèle compagnon.
Comme souvent avec cet auteur, je reste mitigée après la lecture de ce cinquième titre. Une fin prévisible, un humour subtil et distant, des petites histoires dans la grande Histoire, un curieux cocktail agréable mais troublant.

Marvic - Normandie - 66 ans - 18 novembre 2016