Androclès et le lion
de Bernard Shaw

critiqué par Septularisen, le 4 novembre 2016
( - - ans)


La note:  étoiles
Qu’est-ce que Dieu ? Quand nous saurons cela, nous serons nous-mêmes des dieux.
Nous sommes après l’année 96. Au début de l’histoire nous découvrons Androclès, un frêle tailleur de pierre grec aux cheveux roux, âgé d’une trentaine d’années. Converti au christianisme, il fuit les persécutions romaines avec sa femme Megaera.
Un jour, sur un sentier au milieu de la jungle, ils tombent nez à nez avec un lion… Androclès soigne alors celui-ci en lui retirant une épine plantée dans sa patte.

Des années plus tard on retrouve Androclès à Rome. Il a été capturé par les soldats romains, et doit être, en compagnie d’autres chrétiens, exécuté le lendemain au Colisée aux cours d’un spectacle de gladiateurs. Il y a là, avec lui, la jeune et belle Lavinia à la foi vive et forte, Ferrovius l’ancien armurier au caractère impétueux et à la force herculéenne, Spintho qui aime la boisson par-dessus tout et qui est chrétien par opportunisme…

Tous s’interrogent sur leur foi, et sur le fait de savoir s’ils vont endurer le martyre avec courage et dignité, selon la volonté de leur Dieu…

"Androclès et le lion" est une très courte pièce, de mois de 80 pages - comme souvent avec George Bernard SHAW -, datée de 1912 avec un court prologue et deux actes. Elle a été représentée pour la première fois au « St. James’ Theatre » à Londres en 1913.
Bien entendu, il faut compter sur « l’esprit tortueux » et volontairement provocateur de l’auteur Irlandais, ici les chrétiens sont des hurluberlus finis, les Romains des abrutis sans limites, et l’empereur joint l’utile à l’agréable en regardant les gladiateurs – pas plus courageux et téméraires que cela -, tuer les hommes chrétiens et les lions dévorer les femmes membres de cette même religion subversive!
Le texte est simple et facile, la pièce se lit très vite. Malgré le contexte qui ne s’y prête pas vraiment, Il y a dans l’histoire beaucoup d’humour, souvent très noir et très grinçant d’ailleurs. C’est avant tout, - sous couvert d’une histoire historique -, une sorte de réflexion philosophique.
Une réflexion poussée sur la religion, à l’aune du nouveau testament. La pensée sous-jacente de l’auteur étant d’exposer et aussi d’essayer de comprendre, les véritables raisons qu'a une société humaine pour continuer de poursuivre une pensée, (ici une pensée religieuse d’ailleurs) à laquelle plus personne n’a d’intérêt et à laquelle personne ne croit plus vraiment... Et aussi, bien sûr, par quoi la remplacer ?...

Si cette pièce n’est pas aussi connue que le fameux « Pygmalion » (1912) et les « Écrits sur la musique » (1994) du même auteur, (elle n’est d’ailleurs pas sans rappeler d’autres romans traitant du même sujet, comme p.ex. « Barabbas » (1950) de Pär LAGERKVIST et sa trame ressemble étrangement au roman « Quo Vadis ?» (1896) de Henryk SIENKIEWICZ, tous les deux déjà commentés sur CL) elle constitue une très bonne initiation à l’œuvre de l’auteur.

Rappelons que George Bernard SHAW a été le lauréat du Prix Nobel de Littérature 1925.
Cette pièce de théâtre a été adaptée au cinéma par Chester ERSKINE et Nicholas RAY en 1952, avec Alan YOUNG dans le rôle d’Androclès, Robert NEWTON dans celui de Ferrovius, Noel WILLMAN dans celui de Spintho et Jean SIMMONS dans le rôle de Lavinia.