Hozuki
de Aki Shimazaki

critiqué par Malic, le 9 décembre 2016
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Secrets de femmes
Mitsuko tient une librairie d’occasion spécialisée dans les ouvrages de philosophie. Elle vit avec son fils Tarô, sept ans, un enfant tranquille et éveillé, sa mère, et son chat Socrate. Une existence sage et sans histoire. Pourtant le vendredi soir elle se rend dans un hôtel pour se maquiller soigneusement et s’habiller d’une robe sexy, après quoi elle rejoint le bar où elle travaille comme entraîneuse. Elle le fait pour le complément de revenu qui lui permet d’élever correctement son fils, mais aussi pour les discussions intellectuelles qu’elle a avec de riches clients cultivés du bar. Une seconde vie qu’elle cache tant à sa mère qu’à son fils.

Un jour Mme Sato, une femme élégante, entre dans la librairie, accompagnée de sa fille Hanako, cinq ans. S’apercevant que cette dernière s’entend à merveille avec Tarô, elle invite Mitsuko et son fils à lui rendre visite. Mitsuko commence par refuser car Mme Sato, épouse d’un diplomate, aimable mais sans doute superficielle, n’est pas le genre de femme avec qui elle souhaiterait se lier. D’ailleurs elle ne cherche pas à se lier durablement avec quiconque. Raison principale de ces réticences, Mitsuko a d’autres secrets à cacher. Toutefois, par amour pour son fils, elle finit par accepter la proposition de Mme Sato, même si cela risque de menacer son bonheur paisible.

Deux femmes, deux secrets de famille, deux destins qui vont se rejoindre. Sur une trame qui aurait pu se révéler celle d’un drame, voire d’un mélodrame, « Hôzuki » est un très court roman, beau, sobre et pudique. Des phrases courtes, où l’émotion est souvent sous-jacente et qui laisse une impression de bonheur et de sérénité. Une belle découverte.

Hôzuki est le nom japonais du physalis, plante étonnante appelée aussi « lanterne japonaise » ou « amour en cage» : une fois la fleur desséchée, sa résille de nervures laisse apparaitre une graine ronde d’un orange brillant.

Aki Shimazaki est une romancière québécoise d’origine japonaise qui écrit en français, caractéristique intéressante puisqu’elle permet au lecteur de s’immerger dans la sensibilité japonaise sans passer par le filtre plus au moins exact de la traduction. Elle a à son actif deux cycles de cinq romans chacun. « Hôzuki » est le second d’une nouvelle pentalogie entamée avec « Azimi » (Azimi = chardon ; c’est ainsi qu’un des anciens amants de Mitsuko l’a surnommée parce que « tu es belle, mais d’un abord difficile ». )

Ce roman peut parfaitement se lire indépendamment du reste de la série.
chaîne 10 étoiles

La chaîne, qui relie les êtres humains, entre eux mais aussi avec les plantes et les animaux, tel est le thème traité dans ce second volume de la série "L’ombre du chardon". Un roman plein de tendresse et de sensibilité, loin de l’atmosphère pesante du premier tome. La belle et mystérieuse Mitsuko, érudite et amatrice de livres rares, que l’on avait découverte dans "Azami" en serveuse de bar et entraîneuse à ses heures, tient ici la première place, en compagnie de son fils et de sa mère. Des liens se tissent, des secrets se dévoilent, sous l’égide de cette plante étrange aux fruits rouges encagés qui donne son titre au roman. Un délice (le roman)…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 25 janvier 2023


Comme un amour en cage 10 étoiles

J'aime la douceur, la sérénité, la pudeur, la lenteur qui se dégagent souvent de la littérature japonaise. J'aime à m'y plonger car je sais y trouver un dépaysement et une forme de repos de l'esprit, salvateur souvent...
Là, je découvre l'auteure Aki Shimazaki, par ce petit bijou. On y pousse la porte d'une librairie de livres anciens, philosophie, psychologie, beaux-arts, tenue par la jolie Mitsuko, jeune érudite qui fait référence en la matière... Nous entrons dans la boutique avec Mme Sato, une femme de diplomate venue commander des livres pour son mari en compagnie de sa fille Hanako. Avec elles, nous pénétrons dans cet univers tranquille où chacun est à sa place: la mère de Mitsuko qui l'aide et garde Târo, son fils âgé de 7 ans lorsqu'elle doit s'absenter, le chat Socrate, la boutique...
Immédiatement, le courant passe entre les deux enfants... comme un fil qui vient de se nouer.
Le lecteur est bien vite embarqué dans une histoire de vie, émouvante et tragique, empreinte de douleurs et d'amour, que nous livre Mitsuko la narratrice, par bribes successives, soulevant le voile d'un passé mystérieux et secret...
Une magnifique découverte...

Papyrus - Montperreux - 64 ans - 27 octobre 2018