Les Romains, Tome 2 : Néron : Le Règne de l'Antéchrist
de Max Gallo

critiqué par Incertitudes, le 13 décembre 2016
( - 40 ans)


La note:  étoiles
Ils sont fous ces romains
Je ne sais pas si on peut vraiment considérer Max Gallo comme un historien. D'ailleurs, c'est bien marqué sur la couverture de ce livre : roman. En tout cas, même si son style est un peu répétitif pour quiconque ayant déjà lu une de ses biographies consacrées par exemple à Napoléon ou Louis XIV, il a l'art de nous immerger pleinement dans l'époque du personnage en l’occurrence Néron. Alors, je lui pardonnerai bien volontiers ses approximations ou ses incohérences avec l'Histoire. Il instruit et divertit. Moi, ça me va très bien.

Néron, dont les sources proviennent essentiellement de Suétone via La Vie des douze César avec toutes précautions à prendre d'usage donc, appartient à la dynastie des Julio-Claudiens. Si cette dynastie démarre bien avec César, Auguste et Tibère, le palmarès se gâte avec Caligula dont le cas est traité rapidement par Max Gallo. Suite à son assassinat, c'est Claude qui lui succède puis Néron guidé par sa mère Agrippine qui monte sur le trône après avoir assassiné à son tour Claude.

D’où peut provenir une telle folie de la part de ces empereurs ? Sans doute parce qu'ils sont le fruit de relations incestueuses. Car la Rome que nous dépeint Gallo n'est pas vraiment celle de Romulus et Rémus bien que Romulus aurait assassiné Rémus. Ce que je veux dire par là, c'est qu'il suffit de regarder le film Caligula du réalisateur italien Tinto Brass pour que ça se passe de commentaire. Rome est gangrenée par les complots, la paranoïa, les meurtres et si encore ce n'était que ça. Les pires turpitudes y sont commises. Le sang coule autant à flot que le vin. Inceste, zoophilie, pédophilie, pour un empereur osant se revendiquer d'Apollon et d'Auguste, il fallait le faire.

Et pourtant, autant il était capable de faire tuer sa mère quand il n'eut plus besoin d'elle, autant Néron est capable à côté de se montrer comme le plus talentueux des artistes. Excellant comme tragédien. Enfin, là encore on ne sait pas très bien puisque les récompenses qu'il obtient des juges étaient arrangées d'avance. A l'apogée de son règne, les spectateurs dans les gradins n'applaudissant pas ses exploits étaient dénoncés par sa garde rapprochée et mis à mort.

Je ne comprends pas pourquoi il n'y a pas eu de révolte de la part des citoyens moyens. Je présume que comme il faisait distribuer à côté du blé, des sesterces à la volée contre des informations sur un éventuel complot dont il aurait été la cible et qu'il organisait souvent des jeux, cela devait suffire pour acheter leur satisfaction.

Malheureusement, on ne sait pas ce que deviendra Néron. Du moins, dans le livre. Gallo arrête son récit au moment où ses généraux tentent de reconquérir Jérusalem autrefois prise par Pompée.

Le peu de sources restantes et qu'il ne faille se fier qu'à Suétone et Tacite font que la personnalité de Néron est à prendre avec des pincettes. Etait-il aussi monstrueux ? Est-il vraiment à l'origine de l'incendie ayant ravagé Rome en 64 ? De la persécution des chrétiens torturés et tués ? Entre l'histoire et la légende, plus vraisemblablement, il y a un juste milieu où il doit se situer.