Le musée des scandales L'art qui fâche
de Éléa Baucheron, Diane Routex

critiqué par Septularisen, le 16 décembre 2016
( - - ans)


La note:  étoiles
JE CHOQUE, DONC JE SUIS!
Ce livre se présente comme une sorte de dictionnaire – ou devrais-je dire un catalogue -, de tous les peintres (bien que l’on compte aussi quelques sculpteurs) et surtout de leurs œuvres dites «scandaleuses» (ou bien qui les sont devenues au fil des siècles…), et qui ont «dérangé» le monde de l’histoire de l’art !.. Mme. Élea BAUCHERON et Mme. Diane ROUTEX, nous présentent ainsi 70 œuvres, décalées, ou alors vraiment trop en avance sur leur temps, au destin houleux, - d’artistes maudits ou censurés -, mais qui font partie aujourd’hui partie du patrimoine mondial.
«L’archétype» parfait de ces œuvres est visible de tous, puisque cette toile est aujourd’hui au Musée d’Orsay à Paris, et qu’il ne s’agit ni plus, ni moins que de… “L’origine du monde” (1866) de Gustave COURBET (1819-1877).

Si notre époque actuelle se distingue chez les artistes par une recherche presque systématique du scandale – voir p. ex. les œuvres de l’artiste italien Maurizio CATTELAN (*1960) « Him » (2001), ou bien encore «La Nona Ora» (1999), l’illustration de la couverture de ce livre- , aborder les créations artistiques sous l’angle de la controverse, point de vue très original je dois le reconnaître, nous permet de saisir le « fond » d’une époque donnée : ses tabous, ses mœurs, ses peurs, ses aspirations, sa politique, ses sujets sensibles, son rapport à l’art…
Ainsi p. ex. « Adam et Ève chassés du paradis » (1427), la fresque de l’artiste italien MASACCIO (1401-1428), dans la chapelle Brancacci (église Santa Maria des Carmine, à Florence), a été censurée deux siècles plus tard, vers 1674, avec des feuillages pour couvrir les parties intimes de leurs corps, sous les ordres de Cosme III de Médicis, la nudité des personnages étant devenue inacceptable à cette époque…

Le livre présente chaque œuvre sur deux pages, sur l’une la photo couleur de l’œuvre et sur l’autre l’explication de celle-ci, l’artiste, son origine, sa conception, pourquoi elle est considérée ou est devenue une «œuvre scandaleuse».

Le tout est divisé en quatre grandes parties :

«Sacrilège», avec p. ex. «Le jugement dernier » (1536/41) la fresque de Michel-Ange (1475-1564) sur le mur de l’autel de la Chapelle Sixtine au Vatican, ou bien encore le «Portrait d’Innocent X » (1650) par Diego VÉLASQUEZ (1599-1660).

«Politiquement incorrect», avec p. ex. les deux artistes allemands considéré par les nazis comme faisant partie d’«art dégénéré», Ernst Ludwig KIRCHNER (1880-1938), avec «Autoportrait en soldat » (1915) et Otto DIX (1891-1969), avec «La tranchée » (1920/23).

«Scandales sexuels», avec p. ex. «Femmes allongée aux jambes écartées» (1914), de l’artiste autrichien Egon SCHIELE (1890-1918), ou encore «Nu allongé» (1917) de l’artiste italien Amedeo MODIGLIANI (1844-1920).

«Transgression artistique», avec p. ex. : «les Deux Plateaux» (1985/86), - plus communément appelés «les colonnes de BUREN»-, de Daniel BUREN (*1938) dans la cour d’honneur du Palais-Royal à Paris ou bien encore «Michael» (2005) de l’artiste belge Wim DELVOYE (*1965), qui n’est autre qu’un… Cochon tatoué décédé de mort naturelle et empaillé par l'artiste!...

Il m’est ici bien sûr impossible de parler de toutes les œuvres présentées dans ce livre, mais disons surtout que son intérêt principal réside dans le fait qu’il montre l’art sous une forme inhabituelle, différente de celle que l’on a l’habitude de voir dans ce gendre de livres, le tout dans un langage simple et accessible à tous, avec de très belles photos et pour un prix très raisonnable. Je ne peux donc que le recommander à tous les amateurs d’art…