Atlas des migrations : Un équilibre mondial à inventer
de Catherine Wihtol de Wenden

critiqué par Colen8, le 21 décembre 2016
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Qui es-tu ? Où vas-tu ? D’où viens-tu ? Que fais-tu ?
Déplacés volontaires ou forcés, repérés sous les noms variés de migrants, étrangers, réfugiés, expatriés, apatrides, ils sillonnent le monde d’Est en Ouest, du Sud au Nord, et vice versa. Le phénomène s’inscrit dans la durée en raison des conflits violents, des Etats en décomposition, des dictatures politiques, des crises économiques, des catastrophes naturelles, des dérèglements climatiques, des déséquilibres démographiques, des discriminations, du trafic mafieux, des persécutions, de tous ces malheurs combinés qui les ont mis au cœur de l’actualité.
Enjeu majeur du siècle la mobilité internationale concerne près de 250 millions de personnes, 1 milliard si l’on compte les déplacements internes. Un discours international soutenu par des conventions mondiales sur les droits universels promeut migration et mobilité comme un bien public. C’est un besoin pour les pays d’accueil devant faire face au vieillissement des populations et au manque de main d’œuvre. C’est un bien pour les pays de départ grâce aux transferts de fonds 3 à 4 fois supérieurs aux aides publiques au développement, car loin de s’opposer migration et développement s’autoentretiennent. C’en est un autre quand la migration appuie leur diplomatie avec le concours des diasporas et quand celles-ci mettent à la disposition des migrants, rarement les plus pauvres, des ressources, des réseaux et des connaissances.
Après avoir été terre de départ depuis les grandes découvertes suivies des colonisations de peuplement, l’Europe devenue première puissance économique mondiale connait une situation inédite de destination qui s’accélère depuis les années 90’s. L’Union Européenne à 27 compte près de 450 millions d’habitants, dont 30 millions d’étrangers. Oublieuse de ses valeurs et du droit d’asile elle est devenue frileuse pour un accueil plus massif des migrants. La France a 66 millions d’habitants, 4 millions d’étrangers, 2,5 millions d’expatriés et régularise environ 120 000 non européens par an.
Le grand intérêt de cet atlas est de présenter une information utile, nécessaire, accessible, synthétique, supposée fiable en raison des sources indiquées. Apprendre, comprendre, développer les conventions internationales, agir en les respectant, c’est ce qu’on attendrait d’une gouvernance mondiale sur la gestion des migrations qui tarde à se mettre en place. Pour l’instant les Etats se retranchent derrière leur souveraineté pour durcir le passage aux frontières sans réaliser que la mobilité a aussi un effet stabilisateur sur les fractures existant à l’échelle de la planète.