Photos volées
de Dominique Fabre

critiqué par Jfp, le 28 janvier 2017
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
saint laz'
Saint-Lazare (la gare, le quartier), les photos, les femmes, les souvenirs, la vie qu'on croit ratée mais qui se poursuit vaille que vaille. L'univers de ce roman est rigoureusement délimité. Avec Jean, le chômeur de 58 ans qui se retrouve un beau jour sans travail, sans enfants, sans compagne pour chauffer son lit, nous voilà partis pour un tour de manège dans la tête de ce personnage assez falot, égoïste même si l'on en juge par la façon dont il se comporte avec ceux et celles qui lui veulent du bien. À travers ses souvenirs et le récit de ses longues nuits d'errance dans le quartier Saint-Lazare, les nombreux personnages défilent et brossent un portrait d'une humanité chaleureuse, mille fois plus attachante que le personnage central. Dans ce curieux roman en miroir, où la réalité n'est entraperçue que par le prisme du photographe, Dominique Fabre nous fait partager sa vision d'un quartier parisien, à mi-chemin entre le Paris populaire et celui de beaux quartiers, où les catégories sociales se côtoient sans pour autant se mélanger. On sent beaucoup de tendresse, et une profonde tristesse, celle du narrateur, bien entendu, qui ne cesse de gémir sur sa vie gâchée, mais aussi celle, bien enfouie, de tous ces personnages sympathiques qui gravitent autour de lui. Je ne sais pas pourquoi, mais les magnifiques récits qui évoquent les photographies en noir et blanc, par exemple "Le voile noir" d'Annie Duperey, ou bien encore "Rue des maléfices" de Jacques Yonnet, sont toujours d'une insondable tristesse. Celui-ci n'échappe pas à la règle, mais pourtant le noir et blanc, qu'est-ce que c'est beau…