Combien de temps encore ?
de Gilles Archambault

critiqué par Libris québécis, le 30 janvier 2017
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Le Temps qui passe
Qu'est-ce que vivre ? L’auteur, né en 1933, a atteint un âge assez vénérable pour s’être donné une petite idée sur le sujet. Ses protagonistes lui ressemblent. Ils ne font pas partie des forcenés furieux qui s’agitent pour se sentir vivants. Ils sont plutôt habités par une force tranquille facilitant une navigation en toute sécurité dans des eaux plus ou moins tumultueuses. Les déchirements empruntent la voie de la lucidité. On porte un regard assez sage sur l’existence pour être encore émerveillé en ce monde acculé à un mur d’incompréhension.

Le couple, la famille, les amitiés composent les thèmes du recueil. Les héros, tous des gens âgés, subissent la dissémination de ceux qu’ils ont connus ou aimés. Au bout du voyage, ils se sentent esseulés. La complainte de Rutebeuf résume assez bien le propos de l’auteur qui a tracé, pour chaque personnage, le même profil psychologique. Chacun se contente de ce qu’il a. On fuit l’esbroufe en se rebattant sur la dose d’énergie suffisante qui permet d’apprécier la vie sans essouffler. On laisse aux autres le panache difficile à porter. On se creuse un nid de taille raisonnable pour mieux s’accrocher à son intimité. C’est la rose, l’important, chantait Bécaud. Mais elle n’est pas éternelle, lui a répondu Ronsard. C’est bien ce qui désole les personnages de Gilles Archambault. Heureusement les enfants perpétuent ceux qui partent. Et quand la solitude fait trop mal, on berce l’urne qui contient, en l’occurrence, les cendres de sa femme.

C’est beau ce voyage de vie quand la gloriole tombe au profit de la simplicité. C’est loin du quart d’heure de gloire qu’il faut absolument vivre pour être heureux. La leçon de l’auteur se situe à contre-courant de l’énergie que l’on gaspille pour se nourrir de calories vides. L’écriture suit la même veine. Les écrivains en herbe auraient avantage à suivre la manière de ceux qui ont une plume visant moins à éblouir le lectorat qu’à l’investir de sagesse. C’est sans compter que ce recueil, qui se lit comme un roman à cause de son homogénéité, est un exemple sur l’art d’écrire une nouvelle : un élément déclencheur, une réaction et un dénouement inattendu. Et même si Gilles Archambault aborde la thématique de la vieillesse, il ne sombre pas dans la déprime. Au contraire, il donne le goût de vivre.
Souvenirs doux-amers 7 étoiles

Belle critique de Libris. Que rajouter sinon que pour ma part, les nouvelles ne m'ont pas particulièrement touchée. Certaines sont intéressantes alors que d'autres sont plutôt ennuyeuses. Il s'agit d'êtres humains rattrapés par la vieillesse et vivant de plus en plus dans le passé. Les rencontres d'anciens amis, collègues et amantes font remonter à la surface de vieux souvenirs de jeunesse. C'est touchant, parfois cruel mais très riche humainement. La plume de Gilles Archambault est agréable et cerne bien le sujet du vieillissement et de la mort inéluctable qui approche à grands pas. Sans être déprimantes, les nouvelles laissent pourtant un arrière-goût nostalgique empreint d'une tristesse certaine.

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 3 février 2017