Génération Galactik
de Vincent Dubost

critiqué par Numanuma, le 20 février 2017
(Tours - 51 ans)


La note:  étoiles
Le temps, c'est juste des secondes qui n'ont pas le temps de vieillir
J’ai trouvé cette citation : « La nostalgie, c’est le passé revisité, purgé des problèmes entre-temps résolus qui nous hantaient ». L’auteur, de moi inconnu, s’appelle Luc Simonet, président fondateur de la Ligue des optimistes du royaume de Belgique…
Par-delà le côté farfelu de cette ligue, j’ai trouvé que cette citation allait bien avec ce bouquin, déniché à petit prix dans une grande surface culturelle. Il faut dire que j’ai bien profité des soldes cette année. Et puis, à ce prix-là, 10 euros, avec Goldorak en couverture, difficile pour moi de ne pas craquer.
L’auteur, Vincent Dubost, y raconte, mais tous les enfants nés dans les années 70 pourraient raconter une histoire similaire et pourtant totalement personnelle, sa rencontre avec le robot géant qui a pris la France sans coup férir, le 3 juillet 1978. C’est étrange pour nos esprits habitués aux campagnes marketing bien huilées pleines de bandes annonces et de teasers, mais oui, une des plus grandes réussites, aussi bien en termes de dessins animés, de recettes commerciales, et de polémiques, a débarqué sur les écrans français en plein pendant les vacances ! Comme à l’époque, on ne parlait pas de « faire le buzz » et qu’internet était encore du domaine de la science-fiction, j’imagine qu’il s’agissait de tester les réactions des spectateurs afin de savoir si le programme devait survivre à l’été. Si quelqu’un en sait plus…
A partir de cette anecdote, c’est toute l’histoire de notre enfance à nous, enfants des seventies, des cols roulés en lycra, des pantalon pattes d’éléphant, des fringues aux couleurs remisant le bon goût dans le placard de mamie, une histoire officieuse qui s’écrit à coup de fulguropoings, de San Ku Kaï, version nippone et fauchées de Star Wars mais vachement bien ou d’Ulysse 31. Rien de l’écrire je me dis que j’ai vécu un truc spécial. Malheureusement, le monde parental viendra bientôt fourrer son nez dans nos rêves de mômes en parlant de « japoniaiseries ». Il faudrait alors ruser pour avoir le droit à notre dose de science-fiction, loin, loin de Disney.
J’imagine la tête de mon grand quand je vais lui montrer les jouets de mon enfance, étalés sur des dizaines de pages. Bien sûr, certains sont mal foutus mais la patine du temps leur donne leur titre de gloire : je les ai vus, tous ou presque, et j’en ai même possédé quelques-uns. Que je n’ai plus, ce qui ne lasse pas de m’attrister. Oui, j’ai eu à Noël le vaisseau d’Albator, l’Atlantis ! Mieux, je l’ai vu moi aussi dans un catalogue de vente par correspondance (ça marchait fort en ce temps-là), tel que présenté page 122, avec son lanceur de disques de plastique jaune en guise de canon, ce que ne rappelait en rien le dessin animé mais va savoir, ses autocollants à coller soi-même dessus et son boucan infernal quand je le faisais rouler ! j’ai bouffé des Raiders et des Treets ! Mais j’avais pas mon Tan’s… Si tu sais de quoi je parle, t’es pas encore vieux, mais assez pour te dire que, quand même, on s’est bien éclatés !
Nous avons été les premiers. Sans notre adhésion, je me demande si les mangas seraient aujourd’hui un marché aussi porteur, si les cinéma d’animation serait aussi développé… Sans notre oui massif et émerveillé, probablement pas de seconde génération, celle des Chevaliers du Zodiaque, de Ken le Survivant, de Dragon Ball et autres, qui représentent déjà des progrès en termes de scénarii et de dessins.
En plus, j’ai retrouvé des trucs dont j’avais oublié l’existence, comme Bomber X et ses marionnettes de l’espace ou la Bataille des Planètes.
Allez, mets ta morphose, private joke, ton pantalon en velours grosse côtes, prends une bouteille de Fruité, c’est plus musclé (en verre, consignée), on goûtera de pâte à tartiner Les Juniors en regardant Récré A2 ! La nostalgie, c’est régressif, c’est fun. San Ku Kaï, c’est la bataille, c’est la bataille…