Belgique requiem de René Swennen

Belgique requiem de René Swennen

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Essais

Critiqué par Catinus, le 25 février 2017 (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans)
La note : 9 étoiles
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Instructif à différents points de vue

René Swennen, écrivain et avocat liégeois est né à Liège en 1942. Il vient de décéder à l’âge de 75 ans. Il était un fervent rattachiste en cas de scission de la Belgique ( rattachement de la Wallonie à la France). Ce livre se présente sous forme d’abécédaire où sont évoqués, entre autres, les aspects suivants : belgicisme, belgitude, charbonnage, colonie, démographie, la guerre, Liège et la Principauté, révolution, religion, etc.

Agréable et instructif à lire, certes, mais l’homme pèche parfois par des a priori, des préjugés qui font … sursauter comme, par exemple, « passé soixante ans, un homme croit tout savoir sur la vie et sur lui-même ».


Extraits :

- Prostitution. Liège, en 1950, n’était pas seulement célèbre par ses cinémas, ses théâtres, ses écoles. Elle l’était aussi par ses églises et ses bordels. A la sortie de l’école primaire, mon parrain, qui était plein d’ambition pour moi, choisit, en l’absence de mes parents qui se trouvaient au Congo, de m’inscrire au collège épiscopal Saint-Barthélemy à Liège plutôt qu’à celui de Seraing. Chaque jour ouvrable, y compris le samedi, je prenais un omnibus à la petite gare de Jemeppe et je descendais à la gare du Palais à Liège d’où je gagnais le collège à pied.
On tombait d’abord sur l’église Saint-Antoine, qui était pour peu de temps encore une paroisse. Le vicaire, disait-on, était un ivrogne. On le voyait tôt le matin sortir des cafés en soutane et col romain. Il devait avoir du mérite à s’en tenir là, car face à Saint-Antoine, à l’angle du Palais et de la rue des Mineurs, on rencontrait les premiers bordels, qui étaient désignés à Liège sous le nom de « salons ». Il nous était strictement interdit de fréquenter les « petites rues », venelles d’emprise médiévale entièrement vouées à la prostitution. La rue des Airs qui formait un coude entre la rue Hors-Château et la rue des Mineurs était de celles-là. Des prostituées y offraient leurs charmes rancis pour une croûte de pain derrière des vitrines séparées de la rue par un rideau ouvert ou fermé selon le cas.
Entre le collège Saint-Barthélemy et la collégiale du même nom, face à l’entrée de l’institut des Filles de la Croix, la rue de la Poule était, elle aussi entièrement vouée à la prostitution. Des grands-mères s’y exhibaient en vitrine. On voyait fumer des bouilloires sur des poêles à charbon en vue des soins intimes.
Plutôt que de prendre le train, il m’arrivait parfois de venir à Liège par le tramway et de descendre à la grand-poste. Coupant au plus court par les quais de la Meuse, je tombais alors sur le vaste secteur de l’amour vénal. Toutes les rues latérales aux quais offraient des « salons » à l’avidité d’une population mâle clairsemée le matin, mais serrée comme à la sortie d’un stade de football l’après-midi. Les rues Cheravoie, du Champion, de l’Agneau, du Rèwe et Nagelmackers abritaient les plus belles filles, les plus recherchées. La prostitution enjambait la rue Cathédrale et débordait sur les rues Souverain-Pont et Sainte-Aldegonde.
Plus loin, on retrouvait la prostitution de bas étage dans un îlot aujourd’hui en grande partie détruit composé des rues Saint-Georges, Pécluse, Barbe-d’or, Sur-les-Foulons. L’immense tapis se prolongeait jusqu’à la rue du Mont-de-Piété et de la rue des Aveugles. Il y avait également des « bars » rue Varin près de la gare des Guillemins et rue de Bruxelles près de la gare du Palais, et quelques-uns aussi quai Saint-Léonard à l’usage des bateliers. Deux ou trois vitrines subsistaient au centre de Liège, rue du Pot-d’Or et Saint-Jean-en-Isle, rescapées des fastes décrits par Simenon. Enfin la rue Sur-la –Fontaine, près du boulevard de la Sauvenière, était peuplée de filles d’un niveau plus relevé. Minces et provocantes, elles défiaient la clientèle des cinémas tout proches

- Il n’est pas présomptueux de supposer que la stratégie allemande aurait triomphé si la Belgique n’avait pas fait respecter sa neutralité les armes à la main et si l’Allemagne avait pu tout de suite déployer son armée entre Metz et Lille.

- Les Wallons en revanche sont demeurés des Romains, surtout à Liège où le mythe du Saint Empire romain germanique a survécu ; notre culture demeure romaine sous trois aspects majeurs : en premier lieu nous croyons en la supériorité de la langue romane, ensuite nous pratiquons l’indifférence vis-à-vis des idées nationales et enfin nous avons foi dans l’Europe. (…) De telle sorte que les Flamands, quand ils parlent de leur sol, de leur ethnie, de leur langue, de leur nation, tiennent aux Wallons un vocabulaire qui est aussi désagréable à ceux-ci qu’une épaisse soupe paysanne lorsqu’on a fait son ordinaire d’un léger potage de légumes

Le charbonnage manquait de main d’œuvre, d’où une importante immigration italienne. Je me souviens d’un frère et d’une sœur venus des Abruzzes avec leurs parents. Par la force des choses, ils ne connaissaient pas un mot de français, ce qui nous semblait louche. Peut-être étaient-ils muets ou simple d’esprit ? Mais quand nous vîmes l’usage que le garçonnet faisait du ballon de football sous les marronniers dans le square le plus proche, nous comprîmes que nous allions recevoir une leçon. La sœur, qui était jolie, rêvait de devenir actrice, comme Gina Lollobrigida. Pour s’entraîner, elle nous embrassait sur la bouche et nous montait ses mamelons naissants.


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Un article du Soir :
https://rtbf.be/info/regions/…

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