Avec ses NUAGES DE SAISON, Jean-Louis MASSOT nous balade dans le ciel. Il suffit pour cela d’un endroit fixe et d’un regard. Les yeux tournés vers le haut, il passe en revue un défilé de nuages des plus divers et laisse vaguer son imagination pour nous donner des saynètes subtiles.
Des Cirrostratus
Comme de légères traces
Laissées par le pinceau
D’un peintre distrait
Et cet avion qui traverse
Sans s’attarder au tableau
Des questions fusent sur la marche des nuages qui modèlent notre humeur, des interrogations physiques et psychologiques…
Le propre du nuage, c’est son caractère fugace et variable. Il est l’objet de toutes les métamorphoses et de toutes les métaphores, c’est-à-dire du changement de forme et de lieu. Et les nuages qu’observent Massot figurent tour à tour, et suivant leur espèce (cirrus, cumulus, stratus et variantes), étoffe, drap, oreiller, rideau, mouton, accent, cachalot, faucilleur, feuille de papier, peau… Ils glissent, froissent, flottent, s’effilochent… En groupe, ils forment cavalerie ou bien foule.
S’est froissé le ciel
Ce matin,
Comme les draps d’un lit
Dans lequel
L’amour aurait été fait
Sauvagement
Ils voilent et tracent, dans les deux sens du terme, déposant des signes, une signature, dans l’horizon vertical, que l’observateur peut interpréter à sa guise comme présage ou écho à ses états d’âme.
On ne sait pas plus d’où ils viennent, ni où ils vont.
Nuages
Qui passez
Si lentement
Savez-vous
Votre destination ?
Lieux du mystère, de l’indécidable, ils sont complices du poète, du jardinier, de ceux qui sèment mots et graines dans les têtes et dans les terres.
À la fin du recueil, le poète inquiet du ciel, des mouvements des nuages qui conditionnent son mode de vie se met à la place d’un d’entre eux pour voir ce qu’il se passe ici-bas et lui-même comme dans un reflet. Ciel-miroir de nos peurs, de nos espérances…
En lisant ce recueil de Jean-Louis Massot, on réalise pourquoi l’étranger de Baudelaire préfère à tout ce qu’il n’a pas (ou dont il est éloigné : amis, famille, patrie, beauté, argent) les nuages qui passent… les merveilleux nuages…
Les textes du présent recueil sont accompagnés de photos-montages d’Olivia HB où des nuages sont mis en scène & en ciel, prolongeant, comme reconfigurant les images verbales du poète.
De la neige au nord,
Du brouillard au centre,
De l’infini
Au sud,
Trois fois rien
Pour tout dire.
Kinbote - Jumet - 66 ans - 24 juillet 2022 |