Les filles au lion
de Jessie Burton

critiqué par Peche07, le 16 avril 2017
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Un très beau récit autour d' un tableau
Le tableau des "filles au lion", point d'achoppement du récit laisse entrevoir la complexité d'une histoire dans laquelle le lecteur rentre progressivement . Jessie Burton a l'art de dérouler l'écheveau offrant des personnages à facettes, des histoires à tiroir: On hésite entre l'amour côté pile lumineux et sa face sombre qu'on devine. Trois jeunes gens en sont les protagonistes : des figures universelles qui laissent entrevoir la complexité des sentiments dans un contexte politique dramatique. De la galerie Londonienne en 1967 aux collines d'Andalousie, la plongée trente ans plus tôt en pleine guerre d'Espagne est vertigineuse. L'exil, l'identité constituent les autres fils majeurs de ce roman: jusqu'à la fin le lecteur s'interrogera sur le choix de Marjorie Quick qui jette son dévolu sur Odelle , l'étrangère venue des Caraïbes, pour écrire l'indicible... Peintre , écrivains ne seraient-ils pas d'abord des passeurs? Ce second roman n'a peut être pas la construction épurée de Miniaturiste, mais de la même manière il vous tiendra en haleine... et vous le quitterez à regret, dense et plein d'émotions.
Un seul regret: l'image de couverture, complètement décalée....!
Une histoire complexe autour d’un tableau 9 étoiles

1967, Londres : Odelle, originaire des Caraïbes, rêve de devenir écrivain et est embauchée à un poste de dactylo au Skelton Institute, une galerie d’art.
Odelle rencontre Lawrie Scott lors du mariage de son amie Cynthia. Lawrie, pour l’éblouir, lui montre un tableau dont il vient d’hériter de sa mère récemment décédée.
Et c’est là que tout commence, le roman étant finalement l’histoire de ce tableau, « Les filles au lion ». Qui a peint ce tableau ?

1936, Espagne, près de Malaga. La famille Schloss (le père Harold, viennois, marchand de tableaux, la mère Sarah, anglaise, la fille Olive) a loué une finca pour fuir le nazisme.

Une histoire complexe dont les personnages ne sont pas tous ce qu’ils prétendent être.
En toile de fond, la guerre d’Espagne, les classes sociales, la place des femmes, le racisme…

J’ai trouvé « Les filles au lion » meilleur que son premier roman, « Miniaturiste » dont la fin m’avait « laissée sur ma faim », ce qui n’est pas le cas de ce roman-ci.

« Son père disait toujours que les femmes pouvaient prendre un pinceau et peindre, bien sûr, mais la vérité, c’était qu’elles faisaient rarement de bons artistes. »

Ludmilla - Chaville - 69 ans - 15 janvier 2020


Romanesque artistique 9 étoiles

Son premier roman « Le miniaturiste » avait fait des vagues dans le monde des blogueurs, avec des retours de lectures élogieux. La sortie de son second roman en poche a été l’occasion pour moi de vérifier tout le bien que l’on disait de Jessie Burton.

Pour ce roman, elle utilise une narration alternée entre deux époques qui sont liées et vont se rapprocher au fil du livre. Une partie se déroule en 1936 dans la campagne Andalouse aux prémices de la guerre d’Espagne, l’autre dans les années 60 à Londres. Elle imprègne son récit des lieux où se passe l’action et des évènements inhérents à l’Histoire. Le lecteur est donc immergé dans les différentes ambiances parfaitement retranscrites. On assiste alors aux usages et aux mentalités qui avaient cours en ces temps pas si lointains.

Dans chaque chapitre, différents thèmes sont abordés en arrière-plan. Certains thèmes sont représentatifs de la période historique dans laquelle les personnages évoluent et d’autres ont traversé les années. Les notions de classes sociales, de place de la femme et de racisme ordinaire sont même encore d’actualité. L’autrice parle aussi du rapport à l’art et à la notoriété (autobiographique ?), en analysant le rapport parfois complexe entre un artiste et sa création.

Mais attention, ce roman n’est en aucun cas un réquisitoire ou un documentaire. Ces sujets sociétaux sont effleurés et l’énergie est concentrée principalement sur l’histoire. En suivant le quotidien de deux femmes, artistes malgré elles, on découvre des personnages captivants, qui nous impressionnent par leur force de caractère, face au monde qui les entoure. Grâce à une belle écriture fluide, Jessie Burton insuffle un vent romanesque à leurs destins et construit une énigme, centrée sur une œuvre d’art, qui m’a tenu en haleine de bout en bout. C’était donc à mon tour d’être conquis par cette écrivaine dont je lirai dès que possible les autres ouvrages.

Killing79 - Chamalieres - 45 ans - 3 août 2018


La rencontre de l'art et de l'histoire 9 étoiles

La création artistique peut être modelée plus ou moins fortement par l'histoire et l'actualité, la guerre d'Espagne et l'appétit en peintures de Peggy Guggenheim, grande collectionneuse, notamment, venant apporter leur part à l'intrigue générale, empreinte du rapport entre une apprentie-écrivaine et une peintre.
La narration reste certes complexe, par des rebondissements en série et une histoire à tiroir, mais l'intrigue en ressort enrichie et dense, au point de presque ériger ce roman en épopée, où l'amitié et l'honneur résident en belle place. Cette oeuvre tient chaud au coeur.

Veneziano - Paris - 47 ans - 5 juillet 2017