La tête coupable
de Romain Gary

critiqué par Killeur.extreme, le 2 juin 2017
(Genève - 43 ans)


La note:  étoiles
Gengis Cohn poursuit sa danse
Quatrième de couverture

Qui est l'homme qui se cache à Tahiti sous l'apparence d'un Picaro, une réincarnation moderne de ces aventuriers sans loi ni scrupules du Siècle d'Or espagnol ? Cohn joue à s'encanailler pour jeter bas le poids écrasant du monde et faire taire son «bêle-âme» idéaliste. Dansant d'une identité à l'autre, il échappe aux périls mortels qui le guettent. Il continue jusqu'au bout sa danse comique libératrice, même lorsque la véritable identité de ce «dissident» est découverte et qu'il est invité à reprendre la place élevée qui fut la sienne parmi les illustres responsables de ce temps.

Critique

Troisième volet de "Frère Océan" comprenant "Pour Sganarelle", un essai de Romain Gary sur la création d'un personnage et d'une histoire, et "la danse de Gengis Cohn", déjà critiqué sur le site, ces trois livres bien que faisant partie d'une trilogie (à laquelle on pourrait ajouter "Charge d'âme") peuvent être lus indépendamment; disons que Le fait que l'océan soit traité comme un personnage et un "frère" par le héros et que celui-ci explique qu'il a pris son "pseudonyme" en hommage à un déporté tué lors d'une évasion renvoient au titre général et à celui du roman précédant, donc celui qui ne sait rien de de ce que j'ai raconté ci-dessus peut lire ce roman uniquement pour l'histoire qu'il raconte, mais celui qui a lu les précédents verra "la filiation" entre eux.

À la fois roman d'aventures, histoire d'amour, policier et espionnage, ce roman est aussi une critique d'une certaine forme de tourisme, de la course à l'armement entre les principales puissance du monde et une réflexion sur la peinture et sur la religion. Le rythme est assez inégal, je crois que j'ai ce problème avec beaucoup romans de Gary, mais c'est vraiment le seul défaut que je pourrais trouver.
Le roman présente une galerie de personnages assez hauts en couleur, c'est aussi une habitude chez Gary d'utiliser des scènes comiques ou des personnages décalés pour parler de choses sérieuses, on a pêle-mêle un directeur de l'office du tourisme de Tahiti qui veut faire un "Disneyworld tahitien" en reconstituant la vie de Gauguin sur l'île mais aussi des reconstitutions plus douteuses, le chemin de croix du Christ et le jardin d'éden, Gensis Cohn étant un bon sosie du peintre et toujours prêt à tout pour avoir de l'argent, un chef de la police qui refuse d'interpeller Cohn car la dernière fois qu'il a arrêté un criminel en Afrique, celui-ci est devenu plus tard le président du pays et il ne veut pas que ça se reproduise, ajouter à cela des religieux qui voient d'un mauvais œil Cohn, un restaurateur chinois gaulliste, une tahitienne très amoureuse de Cohn, au point de s'exhiber avec lui dans les reconstitutions historiques que la police voit plutôt comme des attentats à la pudeur, un baron qui est devenu une divinité locale.

Si on passe outre les quelques longueurs le livre est très bon et sous ses airs de divertissement débridé, il parle de sujets encore actuels aujourd'hui.