Traité de la réforme de l'entendement
de Baruch Spinoza

critiqué par Millepages, le 4 avril 2025
(Bruxelles - 65 ans)


La note:  étoiles
Ordonner les valeurs, les pensées.
La densité du texte, où chaque mot a son importance, exige du lecteur une concentration appliquée. On identifie cependant assez vite le précepte de base, dès la première (longue) phrase en fait, que l’on peut résumer ainsi : Spinoza y fait le constat que tout ce qui arrive souvent dans la vie commune est vain et futile et il se fait fort de rechercher ce qui serait susceptible de lui procurer une joie continue et suprême.
Ce texte est généralement considéré comme une préparation à son œuvre majeure « Ethique » qu’il conclut par la phrase : « tout ce qui est beau est difficile et rare ».

S’il n’avait pas vécu au XVIIème siècle, on pourrait se demander si avec sa notion de bonheurs fréquents et éphémères Spinoza n’aurait pas visé les petits e-plaisirs actuels dont les psychologues d’aujourd’hui expliquent qu’ils retombent tellement vite que l’on est tenté d’en rechercher d’autres tout aussitôt, tout aussi momentanés, créant ainsi une sorte d’addiction, par exemple aux réseaux sociaux. Et donc on n'a plus le temps de se consacrer à ce qui peut donner une satisfaction plus durable : un travail sérieux et bien fait, une étude appliquée qui débouchera sur des examens réussis, ou plus simplement des lectures intéressantes qui nous construisent.
Voilà pour la parenthèse.

Deux autres notions m’ont semblé intéressantes dans cette œuvre. Le fait que le philosophe associe Dieu à la Nature, il ne croit donc pas ou plus à un Créateur. Et aussi sa proximité avec Descartes dont le rationalisme et la méthode l’aide manifestement à ordonner ses pensées, mais avec lequel il prend cependant ses distances dans certains passages.

Une lecture recommandable et qui donne à réfléchir. Et puis toujours cette fascination pour des philosophes d’un autre âge mais dont la pensée s’applique encore parfaitement à notre époque.