Gibiers d'élevage
de Kenzaburō Ōe

critiqué par ASpirit, le 2 mai 2004
(Nice - 42 ans)

La note: étoiles

Comprendre l'Homme et l'Animal

Les États-Unis sont en guerre avec le Japon. Dans un petit village japonais, pour qui la guerre est bien lointaine, un jour dans le ciel une traînée de fumée... un avion qui s'écrase.
De cette avion sortira un homme vivant... il a la peau noire.

Ces gens n'avaient encore jamais vu de personne de couleur noire. Il y a donc la barrière du physique. Ils ne parlent pas anglais, barrière de la langue. Ils ont des rites et des coutumes fondamentalement différents, barrière de culture.

Tout ceci leur suffira pour considérer le militaire, comme un animal...

J'ai peut-être une vision très personnelle de ce livre, mais pour moi, il m'a montré ce que les Hommes considèrent comme animal. Pour eux, un animal est un être qui est différent de nous physiquement, avec lequel on ne peut communiquer et qui a une conception du monde différente. Ça lui suffit.

Un livre à lire, sans conteste, surtout qu'il est vraiment tout petit et à un prix (2€) tout aussi minime. En un après-midi on avance beaucoup dans notre conception des choses et des autres "races animales".

L’ennemi
Un court texte d’une grande sagesse. En quelques pages Oé aborde tous les aspects de la xénophobie. Il déshumanise l’otage noir puis le ramène parmi les humains. L’ennemi qui inspire tant de dégoût devient source de fascination lorsque le jeune protagoniste découvre qu’il n’est finalement pas si bête que ça. C’est un microcosme de la guerre, mais aussi en quelque sorte, de la société. Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 15 mars 2010

Récit initiatique
Court récit de Kenzaburo Oe, mais pas sans intérêt. Je l'avais acheté pour m'initier à son travail et je ne le regrette pas. Gibier d'Élevage est un récit initiatique sur le passage de l'enfance à l'âge adulte. Oe démontre qu'il s'agit de concepts totalement subjectifs, qu'enfance et âge adulte sont des concepts créés socialement et qui sont complètement remis en question quand un facteur comme la guerre vient brouiller les cartes. Très intéressant. FightingIntellectual - Montréal - 42 ans - 19 février 2007

Clivage
Ce qui m'a étonné surtout, c'est le clivage qui existe, au Japon, entre les hommes, les femmes, les enfants. Chacun a sa place. Le mâle adulte a la meilleure. Les femmes et les enfants ne sont rien. ( je schématise un peu quand même, il me semble... ). Je crois que la jeunesse japonaise actuelle est à cent lieues de ce genre de littérature et qu'elle doit lui sembler appartenir à une époque moyenâgeuse... Ce livre dénonce effectivement un racisme préhistorique mais tellement actuel aussi ... Catinus - Liège - 73 ans - 28 juin 2005

Court mais dense !
Je suis entièrement d'accord avec les critiques déjà écrites. J'en suis ressorti marqué. Bien que cela ne m'étonne plus. C'est tout l'homme... Manu55 - João Pessoa - 52 ans - 3 mai 2004

Difficile
Cette nouvelle est vraiment bouleversante... Et très "crue" (on y sue, on sent les corps sales, on voit la crasse), dérangeante, difficile à appréhender... Je dirais même difficile à "lire"... En tout cas, on est à cent kilomètres de la littérature "distrayante" et légère. Difficile de se sortir cette histoire de la tête... Un must. Duncan - Liège - 43 ans - 3 mai 2004