La haine de la famille
de Catherine Cusset

critiqué par Chat pitre, le 18 février 2001
(Linkebeek - 53 ans)


La note:  étoiles
Richesses des rapports humains.
Catherine Cusset nous présente sa version de la famille. Elle trace le portrait de tous ses membres avec franchise et sur un ton sans concession.
Son père et sa mère d’abord, membres originels. Père complexé, hystérique et maniaque de rangement. Mère carriériste et toujours insatisfaite qui dit haut et fort détester la famille et toutes les obligations et corvées quotidiennes qui en découlent. La mère, ce centre de tout qui refuse de vieillir, qui n’aime pas être grand-mère. Une femme pleine de contradictions, aucunement gêné d’avoir des préférences entre ses enfants. La haine de cette mère pour la famille renforce les liens entre eux et c’est autour de cette haine que la famille se construit. Ses frères et soeur, aussi dans leur travers les plus profonds. Et puis il y a cette grand-mère, cette femme si forte à qui personne n'ose dire non. Cette femme qui tient entre ses mains l'histoire de sa fille. Une maison familiale en Bretagne, où toute la famille se retrouve pour les vacances. Cette maison, théâtre de toutes les tragédies mais aussi havre de paix et refuge pour tous.
La tribu des Tudec avec ses us et coutumes. Une description juste et qui touche en plein cœur tous ceux et celles qui ont connu la vie de famille. Parfois il y tant de dérision et de ridicule dans ces rapports. Une famille ce n’est que cela, des larmes et de la joie.
Catherine Cusset ne cache pas que ce livre est autobiographique et cela a sans aucun doute dû provoquer beaucoup de remous dans cette famille si particulière.
ah si j'avais un marteau… 10 étoiles

Une saga familiale écrite au vitriol, avec le talent que l‘on connaît de cette auteure féconde qui poursuit sa petite comédie humaine à l’aide de personnages que l’on devine en provenance directe de sa propre expérience. Dans ce roman-ci Marie, la narratrice, ne parle que de ses proches. Sa propre vie, qui se partage entre Paris et New York, reste en filigrane mais on peut la deviner à l’aide de ses autres romans, Alex, son mari américain, apparaissant ainsi dans son précédent opus, "Le problème avec Jane". Ici il est question de trois générations, la mère, le père, la grand-mère maternelle (poignante description d’une fin de vie), les deux frères et les deux sœurs. Le projecteur est pointé successivement sur chacun des personnages, dont on découvre petit à petit les aspects les plus intimes, ceux qu’il n’est pas forcément bon d’afficher en public. Catherine Cusset sait habilement brouiller les pistes, faisant apparaître tour à tour la force et les faiblesses des personnages au cours des événements qui ont marqué leur vie, attisant ainsi l’intérêt du lecteur malgré l’absence totale de dialogues. Un récit, donc, mais un récit passionnant, qui touche directement au cœur…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 26 octobre 2019


Ma famille vient donc de Mars... 4 étoiles

Tant mieux pour toi Chat pitre si tu as aimé ce livre! Personnellement, j'ai eu un mal fou à le lire. Je me suis réellement forcée à le lire. Je crois que je ne suis pas faite pour ce genre de lecture. Il n'y a aucune histoire, aucune chronologie dans les événements. Le style est bon... pour ceux qui aiment les descriptions qui n'en finissent pas! Je ne sais pas dans quel genre de famille tu évolues mais pour ma part, ma famille ne s'est jamais, de près ou de loin, comportée de cette manière. Ce livre ne m'a pas "parlé" du tout... Je suis contente de l'avoir terminé et rangé dans une caisse en vue d'une brocante!

Rosenblum Petit - Marcinelle - 50 ans - 26 novembre 2001


analyse des rapports familiaux 7 étoiles

Catherine Cusset nous brosse une remarquable fresque d'une famille de la grande bourgeoisie parisienne sur un ton à la fois féroce et humoristique. Elle passe en revue la lignée des Trudec à travers leurs empoignades et disputes homériques. On passe d'abord au père , énarque raté, qui est un obsédé de l'ordre et un maniaque du rangement et qui rouspète à tout bout de champ à propos de tout objet qui n'est pas à sa place. Ensuite la mère, juge d’instruction est décrite comme une femme autoritaire et exigeante à l'excès vis à vis de ses enfants quant à leur réussite scolaire , au respect de la loi , au goût de la compétition ( elle en veut à son mari de ne pas avoir réussi). Cette mère déteste les réunions de famille , les diners à préparer , les vacances. A travers la narratrice , Marie, qui ne peut être que Catherine Cusset , nous relate aussi les relations difficiles entre générations notamment et surtout avec sa mère qui sera traumatisée toute sa vie par un évènement l'arrestation en 1943 de sa propre mère par la police française. La grand-mère de la narratrice était juive et put miraculeusement échapper à la déportation. Du fait de cet épisode , la mère de Marie " ne pourra jamais s'aimer " car " elle se rend compte dans sa chair que cette Histoire aurait pu être la sienne . après l'auteur nous parle de l'Amérique où partira sa mère qui n'y restera pas, ne pouvant s'y adapter, et de la mort de sa grand-mère. La langue de Catherine Cusset est franche et directe sans forme littéraire bien élaborée.

Francesco - Bruxelles - 79 ans - 15 mai 2001