La fille maudite du Capitaine Pirate - Volume deuxième
de Jeremy A. Bastian

critiqué par Fanou03, le 10 août 2017
(* - 49 ans)


La note:  étoiles
Un vertige graphique
La Fille Maudite du capitaine pirate apprend sur le navire La Hure au Miel, sur laquelle elle s'est introduite clandestinement, que son père a été tué en combat singulier par le redoutable Danois Noir. Mais tout n’est pas perdu : le Danois a confié l’âme de son père à un diable appelé Jonah. La Fille Maudite, malgré les conseils de ses compagnons, compte bien libérer l’âme de son père grâce à une mystérieuse carte au trésor, quitte à traverser les coins les plus dangereux des mers d'Omerta. Mais la Fille Maudite ne recule jamais !

Jeremy Bastians est assurément en train de réaliser un grand œuvre. La virtuosité technique de ses planches est non seulement éblouissante, mais son style graphique, un mélange de Jérôme Bosch et de Gustave Doré, est doté d’une personnalité affirmée, habités par d’inquiétants personnages grotesques, de crânes, de squelettes, d’animaux marins chimériques. Imitant de façon bluffante le rendu de la gravure, il donne naissance à une bande dessinée à la ligne narrative finalement assez simple mais dont l’étrangeté de l’univers, la déconstruction graphique, le foisonnement, en font un objet remarquable.

Le premier épisode était déjà déconcertant, mais on retrouvait, pour une bonne moitié de l'ouvrage, un découpage en cases tout à fait classique avec des arrières-plans très sobres, et donc des pages qui restaient - globalement - relativement lisibles. Dans cette suite, Jeremy Bastians par contre s’est lâché, explosant au passage les organisations classiques, ne laissant jamais de répit au lecteur pour reprendre son souffle ! Il faut donc quand même bien avouer que la lecture de ce deuxième volume de La fille maudite du capitaine pirate, malgré son épaisseur moindre, n’est pas de tout repos tant les détails et l’imbrication des formes donnent à première vue le vertige.

Mais pour qui s’arme de courage, de patience (et même pourquoi pas d’une loupe pour vraiment admirer la densité des détails parfois foutraques jaillissants aux quatre coins des pages), la récompense est magnifique : à travers la démesure du projet (Jeremy Bastians en viendra-t-il d'ailleurs à bout, il annonce deux autres tomes !) l’ouvrage livre alors la cohérence et l’incroyable magie de ce monde onirique et complètement sens dessus dessous.