Vernon Subutex 3
de Virginie Despentes

critiqué par Veneziano, le 19 août 2017
(Paris - 47 ans)


La note:  étoiles
Suite et fin d'une saga épique
Les personnages innombrables s'agitant autant autour de l'atavique et séducteur Vernon Subutex s'assagissent quelque peu avec l'âge, mais peu de choses suffisent pour faire renaître les pulsons, envies et autres désirs, avec leur lot de difficultés pour y arriver, ou non, et de la médiocrité subséquente. Les plaisirs ne manquent pas. En somme, la routine continue et évolue, autour d'un Vernon Subutex qui persiste à végéter avec grâce entre les diverses personnes qui l'entretiennent plus ou moins, sans jamais vraiment retomber dans l'état de clochardisation qu'il a pu connaître.
Ce troisième et dernier opus du triptyque pousse l'intrigue jusqu'à sa disparition, et même au-delà, car il laisse un héritage culturel insoupçonné, sa légende devenant presque spirituelle, dans un environnement de plus en plus hostile.
Cette saga persévère dans sa lancée baroque et barrée, mais toujours aussi sentie et lucide. Elle vaut la peine.
La comédie humaine du XXIe siècle 8 étoiles

Toutes les bonnes choses ont une fin et c’est avec regret que j’ai terminé cette trilogie, totalement addictive. Vernon Subutex, c’est un ancien disquaire brillant qui a perdu son boulot et se retrouve à la rue, à Paris. Nombreux sont ceux qui recherchent le testament d’Alex Bleach, star du rock, qu’il détient.
C’est aussi un culte à la musique omniprésente, une galerie de portraits haut-en-couleurs, un autre regard sur la précarité, les SDF, l’actualité, la société contemporaine. Un regard cynique et violent – souvent juste – qui prend aux tripes et fait réfléchir.
Virginie Despentes a le don pour capter l’air du temps et le raconter de manière crue tout en captivant le lecteur.
A ceux qui ont trouvé le premier volume sombre, je dirais que le deuxième est plus optimiste et le troisième assez différent. C’est dans tous les cas une vraie claque que l’auteur nous donne avec une fin plus qu’inattendue ! La comédie humaine du XXIe siècle ? Peut-être … A lire sans modération ! En gardant tout de même à l’esprit que la vie vaut la peine d’être vécue.
« Quand on se retrouve du côté des pestiférés, une fracture nette sépare votre monde de celui des épargnés. On ne veut ni charité ni empathie. Au fond, on préférerait n’avoir plus aucun contact. De chaque côté des frontières, les mots n’ont plus le même sens. »

Psychééé - - 36 ans - 12 février 2021


ah euh hé! 6 étoiles

Avec les 2 premiers tomes les personnages et situations sont bien installés. Cela continue dans la veine sans trop se répéter et on a envie de savoir la conclusion. toujours et encore plus portraitiste au vitriol de l'époque les situations et événements arrivent à leur point culminant. Sauf qu'après ce climax la conclusion... comment dire (sans rien dévoiler) prend une tournure inattendue, dans un genre plutôt éloigné de cet auteure. Trop éloigné peut-être. Je comprends l'intention d'installer son histoire en chronique c'est assez réussi pour ce point mais donne un petit côté prétentieux à son histoire du coup. Chose dont les autres romans de V.D. étaient restés on ne peut plus éloignés, y préférant l'esprit punk, cru et la violence des sentiments dans les situations les plus dures. L'ensemble des 3 tomes ne sont clairement pas le meilleur de ses romans ceci dit reste correct pour l'histoire et la photo de la société excluant tout parti pris. Si le but de Virginie Despentes est de changer certains esprits peut-être y arrivera-t-elle avec ces livres , mais pas non plus la grande saga littéraire qui témoignera de notre début de millénaire mais elle a le mérite de dire des choses qui sont bien loin de la pensée unique et de savoir les faire comprendre.

Magicite - Sud-Est - 46 ans - 18 septembre 2018


Des hauts et des bas 7 étoiles

Emballé par le premier tome et plutôt déçu par le deuxième, c'est avec un sentiment mitigé que j'ai abordé ce dernier volet. Mais il faut bien avouer que Virginie Despentes est vraiment douée pour donner vie à ses personnages, pour les habiller d'une personnalité qui leur est propre tant dans leur langage que leurs jugements. Et c'est diablement efficace quoique parfois inégal.

J'ai donc dévoré le roman jusqu'au dénouement qui m'a franchement laissé sceptique. Jusqu'à ce moment l'action s'inscrivait dans une actualité intacte. Et puis très vite, sous l'impulsion peu cohérentes de certains personnages, l'histoire prend radicalement une autre direction. Pour moi absolument pas crédible.
Et je ne parle pas de l'épilogue qui m'a achevé. Quel intérêt? Parfois ce type de développement mène à penser, donne le tournis, bouscule notre vision de l'Histoire. Là je ne comprends pas. Mais quelle mouche a piqué Virginie Despentes?

Elko - Niort - 48 ans - 9 septembre 2018


Fresque mordante 9 étoiles

Quoi vous dire sur Vernon Subutex 3 que je n’ai pas déjà développé dans les deux précédents opus ? Je vais donc un peu me répéter. En effet, ce dernier volet reprend tous les éléments positifs qui font de cette série une œuvre à part entière.

On y retrouve l’ensemble des personnages dans l’état où on les avait laissés. Et ils sont toujours aussi nombreux. D’ailleurs, à cet effet, l’autrice a placé une didascalie initiale pour pouvoir s’y retrouver. Cela s’avère très utile afin de remettre les acteurs dans le contexte. Comme précédemment, le lecteur passe d’un protagoniste à l’autre. On entre dans l’esprit de chacun sans modération et les pensées sont livrées telles quelles. Libéré de la censure, le texte n’est pas avare de déclarations chocs, parfois crues, parfois drôles qui une nouvelle fois rejettent le politiquement correct. Tout au long des chapitres, on se régale de cette liberté de ton qui explose les codes.

En ce qui concerne le scénario, quand le deuxième épisode tombait un peu dans la routine et tournait en rond, ce dernier volet reprend la dynamique du départ. Les péripéties sont au rendez-vous, le rythme est plus soutenu et le message politique toujours aussi tranché. On ne s’ennuie donc jamais. Les personnages se suivent, se croisent pour créer une aventure sociétale captivante.

Ce dernier livre a la particularité d’être encore plus ancré dans la réalité. L’action s’adapte aux évènements récents. Des retombées des attentats terroristes au phénomène « Nuits debout », l’autrice intègre son histoire au monde d’aujourd’hui. La plume de Virginie Despentes est toujours aussi acérée. Son style mordant et sans concession fait une nouvelle fois mouche. Elle clôture sa trilogie en beauté.
« Vernon Subutex » restera comme une fresque sociale implacable, véritable miroir de notre temps et la confirmation d’une grande écrivaine.

Killing79 - Chamalieres - 45 ans - 29 mai 2018


Un troisième opus décevant 6 étoiles

Quelle déception ! Les deux premiers tomes étaient magnifiques, originaux, plein de tendresse... On retrouve ces qualités dans le troisième dans les 350 premières pages. Mais les 40 dernières prennent un virage à 180°, totalement imprévisible et détruisant tout ce qui avait été si joliment écrit précédemment. Cela ternit l'ensemble mais Vernon Subutex reste une trilogie qu'il faut lire. La plume de Virginie Despentes est acérée, son style toujours aussi unique et l'œuvre reste très accessible. Contrairement à ses premiers romans, que j'aime énormément mais à réserver à un public averti.

Marsup - - 48 ans - 8 septembre 2017