Objectif Soleil: Deux hommes et un avion
de André Borschberg, Bertrand Piccard

critiqué par Colen8, le 5 septembre 2017
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Contribuer à l’invention d’un autre monde
Sobriété, sincérité, sensibilité d’un récit palpitant de bout en bout donnent encore plus de valeur au projet grandiose dont il évoque la genèse et la mise en œuvre : comment deux petits Suisses Bertrand et André sans moyens techniques, ni financiers, ni politiques, armés de leur seule confiance ont impliqué des centaines d’acteurs, et fini en ayant émerveillé le monde entier. C’est un récit à rebondissements dans lequel rien n’était acquis d’avance. On connait la fin heureuse de l’histoire, ouf ! qui pourtant jusqu’à la dernière seconde pouvait encore capoter.
Une idée simple quelque peu farfelue ayant germé dans l’esprit aventureux et créatif de Bertrand dès 1984, un avion sans ravitaillement propulsé à l’énergie solaire, a séduit plus tard André qui se trouvait en disponibilité. Le projet a démarré en 2002 avec une probabilité de succès à peu près nulle. Il aura fallu tout inventer pour chacune des étapes menant à une solution viable : conception, construction, tests, certification, logistique. En parallèle séduire les investisseurs sans garantie, négocier avec les administrations, convaincre les dirigeants politiques n’a pas été une mince affaire. Quelle juste récompense pour ces multiples talents qui se sont dévoués corps et âmes pendant des années à démontrer la validité du concept, qui ensemble ont permis d’accomplir un rêve ! La réussite de Solar Impulse en 2015-2016 a été largement relayée par l’ensemble des médias de la planète.
L’accumulation des records, les innovations technologiques certes prodigieuses auront été peu de choses au regard de l’esprit qui dépassait de beaucoup l’objectif matériel. La raison d’être d’une aventure si exaltante vécue par les participants, les partenaires, les sponsors, transmise au public par la communication, les médias, les réseaux sociaux était sinon spirituelle du moins philosophique et humaniste. Un message a été adressé au monde pendant la COP21, puis repris lors de la Journée de la Terre aux Nations Unies quand les chefs de gouvernement ont entériné l’accord de Paris. Il a voulu apporter une preuve qu’on pourrait vivre mieux collectivement sans abîmer la Terre, arrêter d’épuiser les ressources naturelles et en quelque sorte corriger les dommages issus de la révolution industrielle, sans renoncer ni au confort ni à la rentabilité