Passage
de Connie Willis

critiqué par SOFIBI, le 7 mai 2004
( - 53 ans)


La note:  étoiles
EMI et Histoire
Joanna est psychologue et passionnée par les EMI (expériences de mort imminente). Elle interroge tous les patients qu’elle peut dans l’hôpital où elle travaille, tentant de passer avant son collègue, Mandrake, auteur d’un livre sur le sujet qui influence les patients pour leur faire dire ce qu’il veut entendre : lumière blanche, êtres chers retrouvés…
Richard Wright est neurologue et passionné lui aussi par ce phénomène. Il propose à Joanna de s’associer avec lui pour réaliser une étude sérieuse mais les éléments s’avèrent étranges et Joanna voudra comprendre, comprendre à tout prix…
Un peu long car l’auteur ne révèle ses indices qu’avec parcimonie, en tournant longtemps autour avant.. Le message final est cependant intéressant et original.
La grande dilution 4 étoiles

Enfin ! Enfin, je suis parvenu au bout de ce livre. C'est avec ce type d'oeuvre que ce genre de critique peut être utile à son prochain. En effet : jamais plus jamais je n'ouvrirai un livre de Connie Willis ! Qu'est-ce que je me suis fait ch... ! Je voulais utiliser un vocable beaucoup plus élégant mais il ne traduirait pas avec exactitude la sensation que m'a procurée 'Passage'. J'ai abandonné plusieurs fois ce livre et j'en ai lu 8 autres entre le début et la fin de ces 1000 pages d'ennui. Enfin, soyons honnête : 700 pages d'ennui. C'est bien là que réside le problème : cette brique aurait pu fait faire un bon roman de 300 pages mais il a fallu que l'auteur rallonge la sauce jusqu'au dégoût, comme si on ajoutait 50 litres d'eau à un verre de grenadine, comme un bavard qui se noierait dans ses postillons et sombrerait dans des abîmes sans fond à l'instar du Titanic illustré en couverture.

Pourquoi ce post peut-il être salutaire envers mon prochain ? Parce que je n'aurais qu'un conseil à vous donner : si vous voulez continuer à aimer la lecture sans une interruption trop longue, ne lisez pas cette chose. Vous économiserez 10 euros avec lesquels vous pourrez déguster une crêpe et un chocolat chaud à ma santé.

"Mais avez-vous des preuves, Sieur Marco ?" Certes.

Imaginez un hôpital avec des escaliers partout, des impasses, des paliers en réfection, des travaux de peinture et, par conséquent, des infirmières et médecins qui se perdent, doivent rebrousser chemin, ne savent plus quel couloir emprunter... En parler une fois, c'est amusant, deux fois, cela tire un peu sur le zygomatique mais si le 'gag' revient toutes les 15-20 pages sur un pavé qui en compte 1000, cela donne furieusement envie de jeter le livre par la fenêtre. Chaque fois que Joanna - l'héroïne - devait se rendre dans un endroit de l'hôpital où elle travaille, j'entendais presque la musique de Benny Hill démarrer et c'est tout juste si je ne l'imaginais pas se déplacer en accéléré avec des rires en bruit de fond. A la longue, ça lasse...

Idem pour le docteur Wright. Au début, Joanna a faim... Il plonge les mains dans ses poches et hop ! Une barre de céréales, une pomme et un paquet de cacahuettes. 5 pages plus loin, un autre moment... la cafétéria est constamment fermée et elle a faim. Hop, le docteur plonge les mains dans ses poches et en retire un Mars, un jus de fruit, un petit gâteau... mieux que Garcimore... "hich hich... tu m'ènerfff...". Pas de raison pour que ça s'arrête. une fringale ? Et vas-y que je te sors un couscous, un tonneau de bière et une pièce montée... un chapelet d'éclairs au chocolat, des paquets de frites, un demi cochon de lait... des sangliers... chic ! chic ! des Romains.... du fromage belge : un peu de tout... dégoûté que j'étais !

Mais le supplice ne s'arrête pas là. Tout est décrit dans les moindres détails. Si quelqu'un boit du thé, on aura droit à l'ouverture du papier, à l'extraction du sachet, à l'eau dans la tasse, à la plongée du sachet dans ladite eau, au lait, au sucre, au bouton du micro-onde, au défilement des secondes, au ping, à l'ouverture de la porte, à la sortie de la tasse, au touillage de la cuiller, à la prise de l'anse de la tasse, au soulèvement de cette tasse jusqu'à la bouche, à l'écartement des lèvres... stop, je deviens scabreux :)

Rhaaaa... je devenais fou ! Le suis-je resté ?

Tu es piégé dans ce livre ? Tu ne dors plus, tu ne manges plus, tu n'as plus goût à rien ? Tu veux savoir s'il va se passer quelque chose ? Je serai bon prince : il y a un peu d'action aux pages 626, 641 et 652 puis le roman clapote comme un jacuzzi alimenté au méthane humain.

J'allais oublier : l'auteur nous sert copieusement toutes sortes de mots en -ine. Me souviens plus bien : q-asparcine, vazykejentartine, samenkikine... Ah ! j'oubliais presque ce cobaye d'expériences de mort imminente, qui raconte ses histoires du Yorktown (le rafiot où il était soldat dans sa jeunesse) chaque fois qu'il croise Joanna...

Le verbiage à ce point, ce n'est plus du style littéraire ou une forme d'écriture, c'est du vice ! On a un peu l'impression de vivre une EMI. J'ai failli abandonner la lecture et retourner à la vidéo...

Dommage car d'après moi, si l'auteur n'avait pas fait un tel remplissage, elle aurait pu écrire un livre intéressant car elle a néanmoins quelques bonnes idées sur ce qui pourrait se passer après la mort. Quoi qu'il en soit, mon cardiogramme pour ce livre était totalement plat...

En conclusion, Passage de Connie Willis aurait pu faire un bon roman de 300 pages mais sa dilution à 1000 pages par des 'passages' totalement inintéressants me l'a rendu particulièrement désagréable.

Marc Florian - - 55 ans - 7 septembre 2007